Face à une insécurité croissante Jours de traque à Boghni

Face à une insécurité croissante  Jours de traque à Boghni

Depuis l’enlèvement de Ammi Ali, le 22 mars dernier, chez lui, au village d’Ath-Koufi, dans la daïra de Boghni, à 35 km au sud-ouest de Tizi- Ouzou, le sentiment d’insécurité a augmenté d’un cran au sein de la population de la région, exacerbé par l’explosion, jeudi dernier, vers 12h30, d’une bombe artisanale à Aïn-Zaouïa, localité distante d’à peine 6 km de la ville de Boghni, provoquant la mort de deux citoyens.

Ce n’est pas tout puisque dans la nuit de ce même jeudi sanglant, deux agences d’Algérie Poste, l’une au village Aït-Abdelmoumène, dans la daïra des Ouadhias, et l’autre dans la commune d’Assi-Youcef ont été cambriolées.

Les deux agences postales sont distantes de moins de 15 km l’une de l’autre. Elles ont été dévalisées à quelques heures d’intervalle. «C’est sans aucun doute l’œuvre d’un même groupe armé», nous a déclaré un habitant d’Assi-Youcef.

Lors de notre passage, hier, sur les lieux, les deux agences étaient toujours fermées. «C’est l’œuvre de spécialistes bien équipés. Ils ont pu percer deux coffres-forts blindés à Assi-Youcef et un autre à Aït-Abdelmoumène», ajoute notre interlocuteur.

Bilan des deux cambriolages : une centaine de millions de centimes dérobée. Les habitants interrogés déplorent l’insécurité qui règne dans les villages : «Nous avons une garde communale, mais ses éléments refusent de sortir, même quand nous les sollicitons en cas de coup dur.

Pour intervenir, il faut que l’ordre leur soit donné par leur hiérarchie militaire», déplore un élu d’Assi-Youcef, précisant que l’APC est en quête d’une assiette de terrain pour l’implantation d’une brigade de gendarmerie dans la commune. «L’insécurité que subissent nos citoyens est une de nos principales préoccupations.

Il y a un peu plus d’un mois, un père de famille a été enlevé, en fin d’après-midi, en plein village. Ses ravisseurs, qui exigeaient 250 millions de centimes, l’ont finalement relâché après le paiement d’une rançon, négociée, de 100 millions», ajoute notre interlocuteur qui rappelle, au passage, l’assassinat en 2008 d’un citoyen de la commune, gardien de prison de son état, à Alger. «Repéré dans un débit de boissons, il a été égorgé et son véhicule calciné !»

A Boghni, la mobilisation est totale

A Boghni, la population, regroupée autour de la Coordination des comités des villages des communes de Boghni, Mechtras, Assi-Youcef et Bou-Nouh, est plus que jamais mobilisée pour obtenir la libération «sans condition» de l’octogénaire. «Nous ne baisserons pas les bras. Nous comptons poursuivre nos actions avec des rassemblements, des marches et des caravanes de sensibilisation jusqu’à la libération de l’otage.

Comme vous le savez, lors de notre sortie de vendredi dernier dans les maquis, à la recherche d’Ammi Ali, nous avons découvert cinq casemates, entre Maâla et Ighzer- Nechvel, pas loin de Tala- Guilef. Nous y avons trouvé tout un matériel destiné à la fabrication de bombes, ainsi que de la nourriture et autres ustensiles de cuisine.

Par cette action, nous avons voulu lancer un message aux terroristes pour leur signifier qu’ils ont intérêt à relâcher sain et sauf le vieil homme qu’ils retiennent depuis 17 jours maintenant, et que nous ne céderons plus à leur chantage pour payer des rançons.

La Coordination devait se réunir hier pour décider de l’action à entreprendre demain», révèle un citoyen, un ami de la victime qui a pris part aux recherches de vendredi dernier. Celui-ci ne cache pas ses craintes, s’agissant de la santé de Ammi Ali.

Dans un communiqué daté du 6 avril, les ravisseurs refusent la libération de l’otage sans rançon

«Ces derniers temps, le poids des ans se faisait réellement sentir. Il est, en effet, difficile de supporter, à 80 ans, le stress de la captivité, ce qu’endure cet otage depuis presque 3 semaines. Nous espérons qu’il tiendra le coup», nous confie ce même citoyen.

Lors de notre entretien avec les habitants, hier en début d’après-midi, à Boghni, nous avons appris d’une source proche de la Coordination que le groupe terroriste armé qui a perpétré le rapt refuse la libération de Ammi Ali . «Ils nous menacent et nous demandent, dans un communiqué, de cesser les activités de la Coordination.

Ils maintiennent leur demande de rançon en affirmant que l’otage a l’argent nécessaire pour payer», précise notre source. Avec ce nouveau développement, la situation devient encore plus tendue, d’autant plus que des rumeurs ont circulé ces derniers jours à Boghni sur une probable libération de l’otage.

Les membres de la Coordination devaient se réunir hier en fin d’après-midi pour arrêter les mesures à prendre suite au communiqué des ravisseurs. Pour rappel, de source sûre, l’otage Hassani Ali a été enlevé dans la cour de son habitation, où il vit seul, par un groupe de huit terroristes armés de kalachnikovs. «Tout le monde les connaît.

C’est le même groupe qui a perpétré tous les enlèvements, plus d’une dizaine, enregistrés dans la daïra ces deux dernières années», affirment les citoyens interrogés, tout en déplorant l’absence, à leurs côtés, des pouvoirs publics et des forces de sécurité.

A. Houari