L’instance de Concertation et de suivi de l’Opposition (ICSO) de la CNLTD (Coordination nationale pour la transition démocratique) en appelle au peuple algérien » seul acteur de son histoire » pour imposer le changement.
Dans une déclaration rendue publique, à l’occasion du 60ème anniversaire de la révolution du 1er Novembre, la CNLTD parait tentée d’en appeler à des manifestations de rues.
Les partis membres de la CNLTD qui ont vivement attaqué le Front des Forces Socialistes (FFS) pour sa démarche visant à aller vers une conférence du « consensus national » avec la participation du pouvoir cherchent en tout cas une issue à une situation d’impasse de leur propre démarche.
La CNLTD qui a déjà dressé un constat de « vacance » du pouvoir en Algérie veut des élections présidentielles anticipées impliquant la mise en œuvre de l’empêchement prévu à l’article 88 en raison, selon elle, de l’incapacité du président Abdelaziz Bouteflika d’exercer le pouvoir.
Une exigence, restée sans écho au sein du pouvoir, dont la mise en œuvre dépend d’un changement significatif du rapport de forces politiques. Au reproche qui lui est fait de développer un « discours radical » sans recours à des « moyens radicaux », les membres de la CNLTD semblent tentés de recourir à la rue.
La « faillite » totale du pouvoir
Mohcène Belabess, président du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD) le laisse entendre dans un entretien à nos confrères de TSA. « C’est une question de temps. Le peuple algérien va sortir dans la rue ! Il sortira soit sous l’organisation de la classe politique, soit il sortira de lui-même et là ça va être plus difficile à gérer ».
La déclaration rendue publique ne contient pas un appel explicite à des manifestations de rue mais elle dresse un constat noir de la situation pour appeler les algériens à « prendre conscience de la gravité de la situation que vit l’Algérie » et à adhérer à sa démarche pour « l’instauration d’un système démocratique et social ».
Elle dresse également un constat de faillite du pouvoir dans le domaine économique en soulignant que le pays a engrangé ces quinze dernières années des « recettes colossales jamais égalées depuis le recouvrement de l’indépendance nationale » et que cette manne qui échappe « à toute forme de contrôle populaire ou institutionnel, n’a servi ni le développement du pays, ni garanti une paix sociale ».
Les choix économiques du pouvoir ont « hypothéqué l’avenir des générations futures » car misant uniquement sur » la surexploitation des ressources naturelles non renouvelables ». Ils ont accentué la dépendance notamment alimentaire de l’Algérie « compromettant ainsi l’autonomie de sa décision économique, politique et diplomatique ».
Au plan politique, l’Instance de concertation de la CNLTD constate la persistance du verrouillage du champ politique avec « l’interdiction des rencontres avec la population », les entraves à l’action des partis politiques et l’accentuation des pressions sur la presse indépendante.
Le choix crucial aujourd’hui est « entre la persistance de l’impasse politique actuelle ou la mobilisation pour un sursaut national salvateur pour la préservation de la cohésion et de l’unité nationales ».
La CNLTD cite les » derniers événements à Ghardaïa, à Alger et dans d’autres régions du pays… qui confirment que la « crise du régime politique se transforme en crise de l‘Etat algérien ». Les institutions républicaines, affirme le texte « sont aujourd’hui marginalisées, paralysées et le pouvoir présidentiel fragilisé par l’absence prolongée du chef de l’Etat. ».
La CNLTD accuse le régime d’interpréter de manière absurde « l’accélération de l’histoire » dans la région qui aurait dû « au moins, alerter les tenants du pouvoir politique sur la nécessité d’engager de véritables réformes politiques et économiques pour mettre l’Algérie à l’abri d’une autre rupture violente dans son histoire ».
Dans les faits, le pouvoir a fait exactement le contraire en prenant prétexte de ces changements pour « limiter le champ des libertés et les espaces d’action politique » et développer un discours « articulé autour du chantage sécuritaire pour justifier le refus de la transition vers un système démocratique et pour couvrir les scandales de grosse corruption qui ont miné le développement national, entaché l’honorabilité des algériens et terni l’image de l’Algérie sur la scène internationale ».
L’Instance de concertation conclut par un appel au peuple algérien « source de tout pouvoir et dépositaire exclusif de la souveraineté nationale, aucune solution n’est possible ni viable ».
La Conférence nationale pour la transition démocratique (Mazafran –Zéralda, le 10 juin 2014) a permis un dépassement des clivages idéologiques entre islamistes et laïcs. Mais la démarche reste limitée aux états-majors et son impact est surtout médiatique, les Algériens restant en général très distants du jeu politique.
La déclaration du 1er novembre de la CNLTD annonce-t-elle une radicalisation des méthodes de l’action politique ?