Face à l’entêtement des parties en conflit dans le secteur de l’éducation, Seul l’arbitrage du gouvernement sauvera l’école

Face à l’entêtement des parties en conflit dans le secteur de l’éducation, Seul l’arbitrage du gouvernement sauvera l’école

“Retour aux classes d’abord, dialogue après”, exige la tutelle. “Le dialogue avant et la reprise des cours après”, insistent les syndicats. Comment résoudre cette équation, si ce n’est par l’intervention d’une tierce partie ?

Le conflit opposant les syndicats du secteur de l’éducation nationale à leur département de tutelle a atteint un point de non-retour. L’avenir de huit millions d’élèves dépend désormais de la résolution d’une équation assez compliquée. Les trois partenaires sociaux grévistes exigent l’ouverture d’une nouvelle négociation pour mettre fin au mouvement de grève. La tutelle, de son côté, exige l’arrêt du débrayage pour lancer la tant attendue invitation au dialogue.

Évidemment, les deux parties s’entêtent et chacune voudrait que ce soit l’autre camp qui courbe l’échine en se rejetant la balle de la responsabilité dans le pourrissement de la situation du secteur. Pas la peine de ressasser que l’élève qui se trouve toujours au milieu reste la principale victime et surtout la grande inconnue de cette équation. Entre les deux positions qui se disputent “dialogue avant et reprise du service après ou retour en classe avant et dialogue après”, le système éducatif n’a pas fini sa descente aux enfers. L’émission hebdomadaire de la Télévision algérienne “Hiwar Essaâ”, consacrée dimanche soir à la contestation des enseignants, a confirmé, si besoin était, que l’impasse est totale et qu’une médiation ou un arbitrage s’imposent plus que jamais. D’autant que la tension qui montait tout au long de l’émission, la manière d’intervenir, voire de s’attaquer à l’autre, l’excès de zèle, les accusations mutuelles, les insinuations… poussent à croire que la confrontation prend des allures de règlement de comptes entre les différentes parties. Le premier responsable de l’Unpef, dont le procès a été fait tout au long de l’émission, l’a clairement dit : “Une tierce partie devrait intervenir. Le gouvernement est interpellé pour ouvrir le dialogue.” Et c’est à juste titre au vu des deux positions extrêmes. “Arrêtez la grève, et le lendemain on vous reçoit”, tranche le directeur de cabinet du MEN

“Le retour aux classes est subordonné à l’invitation officielle au dialogue. Des négociations directes et non via la télévision. Sinon, comment pourrais-je convaincre la base ?” répond Sadek Dziri de l’Unpef. Le représentant du MEN charge le syndicat : “Est-ce logique d’opter pour une grève illimitée dans le secteur de l’éducation ? C’est un crime car l’enseignement répond à un rythme bien étudié. Les syndicats inventent des problèmes pour aller vers la grève qui est devenue un objectif et non un moyen.” M. Hadouas persiste : “C’est un prétexte et une excuse pour aboutir à des intérêts syndicaux.” Ne s’arrêtant pas là, le directeur du cabinet de Baba Ahmed s’interroge : “Quel est le motif de la grève ? Je ne l’ai toujours pas compris car le ministère a répondu à toutes les revendications soulevées. Les syndicats ont même eu droit à des avantages tels que l’octroi de sièges et les détachements.” La vice-présidente de la Fédération des parents d’élèves et le représentant du syndicat UGTA arrivent en renfort et plaident pour la position du ministère qui n’aurait pas trouvé meilleurs avocats. Djamila Khiar est allée jusqu’à soutenir que “le syndicat a un problème politique et non un problème de statut”. Pis, “je vous connais et j’ai votre dossier”, lance-t-elle en direction de Sadek Dziri.

Ce dernier tente de battre en brèche les dires de la tutelle en exhibant les PV signés qui, selon, lui démontrent que “99% des doléances n’ont pas été réglées”. Alors que pour A. Hadouas, “80% des engagements ont été concrétisés, et ce qui reste, notamment l’intégration des instituteurs, des enseignants du fondamental et des PTLT, ils le seront d’ici les mois d’avril ou mars”. La révision du statut particulier “qui est un pur produit des syndicats” est, quant à elle, tranchée, selon M. Hadouas. “Pour le ministre, il est impossible de faire cette demande alors que le statut n’a pas encore été appliqué dans sa totalité. Application d’abord, évaluation ensuite et révision des lacunes enfin.

” L’Unpef réplique : “Les lacunes sont connues. Le statut ne reflète pas ce qui a été discuté lors des négociations car les syndicats n’ont pas siégé à la commission ad hoc.” En tout état de cause, tutelle, syndicats, parents d’élèves et toute autre partie pouvant mettre un terme à ce bras fer ont tous une part de responsabilité à assumer face à l’élève pour qui le droit à l’enseignement est garanti par la loi et est confisqué au nom de la même loi. Un paradoxe qu’il faudrait peut-être corriger.

M B