Face à l’autre mur marocain : Le monde au pied d’Aminatou Haider

Face à l’autre mur marocain : Le monde au pied d’Aminatou Haider

Aux turbulences politico-diplomatiques nées du bras de fer maroco-espagnol, se développe la longue chaîne de solidarité criant à l’injustice.

«Morte ou vivante », la militante sans concession des droits de l’homme veut rentrer chez elle pour retrouver son foyer et ses deux enfants. Au 26e jour de la grève de la faim, ce droit élémentaire, garanti par la convention internationale des droits civiques et politiques (article 12), est allégrement foulé au sol dans le réduit de Lanzarote qui lui sert désormais de gîte pour un exil forcé.

Le « combat non violent » que la « Ghandi sahraouie » mène depuis 23 ans ne manque pas de symbolique qui place la femme courage au cœur même du système de gouvernance mondiale est ses valeurs fondamentales.

Que vaut le droit inaliénable à la vie si le négationnisme colonial, coupable de déni et de crimes imprescriptibles, impose la loi du silence des apôtres des droits de l’homme et du « devoir d’ingérence » monnayés en parts de marché ? Au moment où la communauté internationale commémore le 61e anniversaire de la déclaration des droits de l’homme, la lutte pour la dignité d’Aminatou Haider précise la vanité des professions de foi concrètement ignorées par les manquements outranciers du Maroc solidement amarré à la locomotive européenne qui le dispense d’un « statut avancé » immérité.

Mais, elle le doit davantage pour toute la distance qui sépare le drame de Lanzarote des festivités royales d’Oslo brevetant le Nobel de la paix au « guerrier de la paix » et indifférente au sort de la « Ghandi sahraouie ».

Bien loin des apparats, la chaleur humaine qui entoure la militante sahraouie des droits de l’homme supplée aux carences des pouvoirs politiques sérieusement ébranlés par l’inefficience des uns et la fin de non recevoir maintenue contre vents et marées par l’allié marocain. Aux turbulences politico-diplomatiques nées du bras de fer maroco-espagnol, se développe la longue chaîne de solidarité criant à l’injustice.

En Grande Bretagne, 37 personnalités du monde politique et culturel ont adressé une lettre au Premier Ministre, Gordon Brown, dans la quelle ils l’ont appelé à « agir »rapidement pour mettre fin au calvaire d’Aminatou Haider. En Espagne, une grandiose manifestation a rassemblé 700 personnes campant devant le siège du Ministère des Affaires étrangères. Dans une plateforme universitaire, lue par le professeur José Vicente Barca, il est ainsi affirmé que « le peuple sahraoui vient de donner une fois de plus un exemple de dignité ». Dans ce combat des valeurs au service de la paix et de la liberté, le sort en est scellé.