Il s’agit d’actualiser les fichiers de mise à jour des manuels de lutte contre la contrefaçon de pièces de monnaie et de coupures de billets de banque qui circulent à grande échelle.
Les services de sécurité ont traité des centaines d’affaires liées à ce business qui infecte le marché monétaire. La justice est également débordée de dossiers.
Que font nos banques pour juguler ce phénomène et que faire pour éviter de se faire piéger ? Éléments de réponse sur un trafic qui profite à des réseaux aux multiples ramifications. Les banques algériennes sont en état d’alerte maximale vu l’ampleur que prend le phénomène de trafic de la fausse monnaie.
L’alerte maximale, certes survenue en retard, touche toutes les institutions financières, les simples guichets et toutes les recettes où des sommes en liquide circulent sans le moindre contrôle. Au marché parallèle de la devise, les cambistes, eux aussi, se sont donné le mot afin de vérifier l’authenticité de chaque pièce de monnaie et de coupure de billets qui font l’objet d’une quelconque transaction ou autre change, même illégal soit-il.
L’Algérie s’étant constituée partie civile en Europe afin de débusquer le plus grand réseau de la fausse monnaie et qui tenterait, par ailleurs, d’empoisonner le marché national de la monnaie, il est clair que cette alerte se veut un développement à une affaire qui n’a pas livré tous ses secrets.
Du simple “artisan” de falsification de billets de banque aux réseaux professionnels de confection et de contrefaçon de la fausse monnaie, et passons, l’Algérie fait face à une sérieuse menace dès que des sommes évaluées à plusieurs milliards de dinars risquent d’être blanchies si des mesures, tant politiques qu’opérationnelles, ne sont pas prises en temps réel afin de stopper ce fléau. Un fléau qui s’apparente à une vaste opération de blanchiment d’argent, sachant que des sommes inestimables circulent sur la voie routière et, parfois, au vu et au su de tout le monde.
Il se trouve que cet argent va dans deux circuits : formel, donc dans des banques à travers les opérations de change en devises (notamment l’euro), et informel, où les contrefacteurs écoulent l’argent contre des biens, comme les voitures, les cheptels, l’immobilier et autres produits qui échappent au contrôle du fisc.
Mais le pire est que cet état de fait touche des institutions financières où de faux billets sont souvent détectés par les guichetiers avant d’alerter les services compétents. Le gouvernement, qui a saisi les instances juridiques nationales et internationales à ce sujet, en fait une affaire d’État.
Et la chose n’est pas aussi facile à cerner tant que beaucoup d’affaires en instruction sont quotidiennement soulevées par les services de sécurité, dont la Gendarmerie et la Sûreté nationales.
Ainsi, le gouvernement qui s’est saisi du dossier a instruit les institutions financières nationales afin de sécuriser toute opération interne ou autres transactions externes afin de tracer la provenance et la destination d’aussi gros capitaux aux origines suspectes.
Du coup, l’ordre est donné pour actualiser les fichiers de mise à jour des manuels de lutte contre la contrefaçon de pièces de monnaie. Mais aussi de lutte contre la falsification de coupures de billets de banque qui circulent à grande échelle et dont nos banques en sont souvent victimes, à l’instar des commerçants et des citoyens qui accusent le coup par effet de surprise.
Les services de sécurité ont traité des centaines d’affaires liées à ce business qui infecte le marché monétaire. La justice est également débordée de dossiers inhérents à ces affaires qui touchent directement la sécurité du système financier déjà fragilisé par une ressource humaine en mal de formation pour faire face à de tels délits.
Mais aussi de technologies antédiluviennes qui ne détectent pas souvent les billets fabuleusement contrefaits.
Pourtant, le système financier est censé être hautement sécurisé pour signaler toute anomalie, et ce, au même titre que le fichier de la Banque centrale qui recense, au jour le jour, les faits saillants pour prémunir les argentiers des banques, tant publiques que privées, soumis aux mêmes conditions de sécurité de la monnaie.
Mais quand on sait que pas moins de 350 000 faux billets de banque de 1 000 DA ont été saisis en Europe, en plus de l’implication de la maffia napolitaine, il est urgent de revoir l’ensemble du système de sécurité financière en Algérie, désormais appelée à faire face à une nébuleuse internationale spécialisée dans le crime financier.
Le payement en espèces étant devenu moins sûr quand il s’agit de grosses sommes, on se demande alors si l’alerte donnée au niveau des banques suffirait à freiner un tel phénomène.
Au plan opérationnel, il ne se passe pas une semaine sans qu’une fabrique de fausses coupures de billets de 200, de 500 et de 1 000 DA soit démantelée. L’alerte donnée, les banques ne misent, pour le moment, que sur le facteur vigilance. En attendant de vrais outils opérationnels qui permettraient aux banquiers de séparer le bon grain de l’ivraie.
Farid Belgacem