Coïncidant avec une situation des plus délicates prévalant dans la bande sahélo-saharienne, le séminaire sur la lutte contre la radicalisation, organisé par l’ Unité de fusion et de liaison (UFL, services de renseignement des pays du Sahel) et le Centre africain d’études et de recherche sur le terrorisme (CAERT), et s’étalant sur trois jours, s’est ouvert hie, avec la participation d’ambassadeurs et autres personnalités.
Le discours d’introduction a été prononcé par le directeur du CAERT, l’ambassadeur Francisco Caetano Jose Madeira, où il a évoqué «le crime transfrontalier, la multiplication des groupes armés» dans la bande sahélo-saharienne, ajoutant que la situation au Mali a «compliqué les choses» et que par conséquent, «la lutte (contre le terrorisme et autres organisations du crime dans la région) est devenue un peu plus difficile». Une note d’espoir est, toutefois, affichée par l’orateur.
«Nous avons entendu que la junte a Bamako a accepté de se retirer. Nous espérons que les engagements seront respectés», a-t-il lancé. Le directeur du CAERT estime que les bouleversements intervenus «au nord du Mali sont inacceptables». Il dénonce les agissements de l’AQMI, des groupes armés et des narcotrafiquants dans la région et exprime son désaccord quant à la déclaration de l’Etat d’Azawad, en lançant qu’il est pour «le Mali indivisible et uni».
«Pendant longtemps, le terrorisme s’est montré par l’extrémisme religieux, la haine et l’intolérance qui étaient déjà une réalité chez certaines populations», selon lui. C’est ainsi qu’il rappelle «le sommet de Dakar (en 1992), au cours duquel les Etats membres ont décidé d’une collaboration urgente, et celui qui a eu lieu à Tunis, en juin 1994, qui ont exprimé le rejet du fanatisme et de l’extrémisme».
Le directeur du CAERT rappellera, également, les mesures prises par les Etats membres dans leurs efforts de lutte contre le terrorisme et l’arrestation de terroristes, dans des frontières et leur présentation devant la justice». Toujours pour illustrer l’efficacité de la coopération entre les pays de la région, en matière de lutte contre le terrorisme et autres organisations de crime transfrontalier,
il dira que «les opérations et la mission du CAERET nous ont permis d’être en contact sur le terrain» et de sortir les populations de la radicalisation dans laquelle elles ont été piégées au bénéfice de l’AQMI et autres nébuleuses. Parmi les missions du CAERT, «les missions d’évaluation» qui permettent une lutte plus efficace contre le terrorisme dans le Sahel, ajoute-t-il.
Toujours pour le thème du séminaire qui est «radicalisation et déradicalisation : expériences et perspectives», le directeur du CAERT explique que les réalités dont ont profité les terroristes dans la région sont les conflits armés, la corruption, le chagrin, l’exclusion et les formes problématiques de gouvernance, entre autres. Et c’est là que des populations entières ou individus tombent dans la radicalisation.
«L’individu est pris par une frustration, ses perceptions évoluent et se cristallisent», pour devenir un élément de l’AQMI ou autre organisation terroriste qui trouve, dans ces réalités, un terreau inespéré. «C’est pour cette raison que le CAERT et l’UFL ont organisé ce séminaire» pour sauver les populations de la radicalisation et couper l’ herbe sous les pieds aux organisations terroristes qui utilisent cette détresse, explique-t-il.
«Quand la population tombe dans la radicalisation, il faut l’aider pour s’en sortir», lance-t-il.
Intervenant à son tour, Soumana Sidikou, représentant du Niger à l’ UFL, informe que «l’Unité de fusion et de liaison (UFL), regroupant l’ Algérie, le Burkina Faso, la Libye, la Mauritanie, le Niger, le Nigeria et le Tchad, contribue de manière efficace à la lutte contre le terrorisme et le crime organisé transfrontalier
à travers l’échange de renseignements entre les services membres et les partenaires régionaux et extrarégionaux, ainsi qu’ à travers la mise en place de mesures d’ accompagnement à la lutte contre ces phénomènes». Il ajoutera que «le thème retenu pour ce séminaire renseigne sur la nécessité de converger davantage sur nos efforts pour lutter efficacement contre la radicalisation, qui demeure la source de tous les maux des sociétés de la sous-région».
M. A