Les magasins sont inondés de sachets de lait, les prix du sucre et de l’huile revus à la baisse et l’électricité n’augmentera pas. La paix sociale revient chère au Trésor public.
Face à la pression sociale, le gouvernement prend des mesures d’urgence pour calmer les esprits. Une baisse des prix à tout-va et des importations massives, pourvu que «ça se calme».
C’est donc, en véritable pompier que le gouvernement agit. Mais attention aux braises d’un feu qui couve et qu’on croyait totalement éteint. Après la crise du lait qui a duré près de six mois, le marché a été subitement inondé de sachets de lait. Du lait partout et à toute heure! Pour la qualité, c’est une autre histoire car l’important est d’abord la disponibilité. Pour parer à une pénurie de pain qui pointait récemment encore, le gouvernement a procédé à l’importation massive de la farine et de plus d’un million de tonnes de blé dur.
Après la hausse vertigineuse des prix de l’huile et du sucre du début de l’année qui a provoqué des émeutes au niveau national, l’Exécutif a réagi – en retard – et c’est le ministre du Commerce qui est monté au front avec son chapelet de maladresses dans la gestion de ces émeutes. Finalement, il a plafonné les prix de ces deux produits par lesquels les émeutes ont été provoquées. Face à la grogne des lycéens qui contestent la surcharge des programmes scolaires, notamment celui du Bac, le ministre de l’Education nationale a promis que «les sujets du Bac seront puisés dans le programme scolaire enseigné aux élèves durant l’année». Le ministre de l’Energie, Youcef Yousfi, n’a pas été en reste puisqu’il a rappelé que les prix de l’électricité ne vont pas augmenter. Mais pour les observateurs, ce ne sont que des solutions d’urgence. «Il va falloir maintenant réfléchir à des solutions durables et pérennes», estiment ces observateurs qui relèvent «l’absence de stratégie dans le traitement des problèmes sociaux des citoyens et socioprofessionnels des corporations». «Et c’est pour cette raison que les conflits ne sont jamais, sinon rarement dépassés, une bonne fois pour toutes», ajoutent les mêmes observateurs. Quand un segment de la société monte au créneau, le gouvernement réagit pour parer à l’urgence. Or, les revendications des enseignants, médecins, universitaires, communaux et celles que les citoyens expriment dans la rue reviennent cycliquement, comme la fièvre saisonnière, alimenter l’actualité. Cela étant, le front social risque de bouillonner encore une fois. Plusieurs syndicats reviennent à la charge après une accalmie qui a duré des mois dans certains secteurs, et brandissent la menace de grève. Encore plus, ils accusent le gouvernement de ne pas tenir ses engagements, de faire dans la surenchère et qu’il pousse au pourrissement. Lassés par ces promesses non tenues, le Syndicat algérien des paramédicaux (SAP) a appelé, lors de la dernière session du conseil national, à une grève nationale de deux jours par semaine (mardi et mercredi) et ce, à partir du 1er février prochain.
Plus menaçant, le SAP affirme qu’il ne lésinera pas sur les moyens pour «durcir son mouvement si aucune solution concrète ne vient répondre à cette préoccupation majeure, à savoir l’adoption du statut particulier de la corporation dans un délai raisonnable tel que conclu par la commission mixte ministère-syndicat». Affirmant qu’ils ont trop attendu, ces syndicalistes constatent non sans amertume, «la lenteur, voire le blocage délibéré de notre statut par des cercles hostiles à une formation de qualité, qui entoure sa finalisation et qui demeure encore à l’état embryonnaire au niveau du ministère de la Santé». Pour sa part, le Syndicat national des praticiens de la santé publique (Snpsp), qui ne voit rien de concret venir après les promesses et les concertations marathoniennes avec le ministère de la Santé, compte renouer avec la protestation.
Ce syndicat tiendra son conseil national ce 27 janvier pour débattre de l’état de prise en charge de la plate-forme des revendications. Les communaux menacent, eux aussi, de recourir à la grève pour exposer leurs doléances et demander l’amélioration de leurs conditions socioprofessionnelles. Le secteur de l’éducation n’est pas en reste. Plusieurs lycées ont déjà débrayé dans plusieurs wilayas du pays. Les lycéens, comme cité plus haut, demandent l’allègement des programmes scolaires et la nécessité de dispenser les cours sans précipitation pour une meilleure assimilation.
Karim AIMEUR