Face à la hausse de la consommation interne, Un nouveau modèle énergétique s’impose à l’Algérie

Face à la hausse de la consommation interne, Un nouveau modèle énergétique s’impose à l’Algérie

La transition vers un nouveau modèle énergétique est plus que jamais nécessaire pour faire face au besoin futur du pays, affirment à l’unanimité les participants à la conférence tenue cette après-midi, à l’Université des sciences et de technologie Houari Boumediène de Bab Ezzouar (USTHB) sur le thème des énergies renouvelables.

L’ex-ministre des ressources en eaux ex-PDG de Sonatrach, Abdelmadjid Attar ouvre le bal des scénarios catastrophiques auxquels devra faire face notre pays, en affirmant que l’Algérie est en retard pour lancer une nouvelle politique énergétique. «Nous accusons un énorme retard pour remplacer le modèle énergétique de notre économie», dira Attar qui explique le constat par le déséquilibre entre une production en stagnation et une consommation interne en constante évolution. « Nous avons consommé déjà la moitié de nos réserves en énergies hydrocarbures. A ce rythme, l’Algérie ne pourra plus exporter d’hydrocarbures en 2030», a-t-il averti.

Chiffres à l’appui, Abdel Badache Ali, président de la commission de régulation de l’électricité et de gaz, une agence de régulation indépendante, a réitéré les mises en garde formulées par Abdelmadjid Attar. Il dira que « la consommation de gaz en 2014 a été de 25 milliards de mettre cubes, et devrait atteindre 33 milliards de mettre cube d’ici à la fin 2015. Ce niveau de consommation devra doubler en 2030, d’où la nécessité d’exploiter toutes les ressources existantes y compris le nucléaire » pour répondre à la demande locale et éventuellement pour continuer d’exporter.

Pour l’économiste Mustapha Mekideche, il faut tout d’abord cesser de présenter l’Algérie comme un pays riche et énergétique, estimant qu’il n’est plus possible de continuer avec un model de croissance basé sur l’unique manne tirée des hydrocarbures. Pour lui, il faut aller vers un nouveau paradigme de croissance et il n’est plus question de continuer à pratiquer les mêmes tarifs énergétiques, notamment compte tenu de la situation économique actuelle. « Tant que nous n’avons pas ouvert la politique tarifaire des carburants et d’électricité, nous serons toujours dans un même paradigme basé exclusivement sur les hydrocarbures », a-t-il insisté avant de souligner que la problématique des énergies renouvelables, thème principal de la conférence, réside dans le coût élevé des investissements et dans l’inaccessibilité aux technologies nécessaires à leur production.

C’est un peu le même son de cloche qui résonne du côté de Mme Fatiha Youcef Etoumi, professeur à l’USTHB, qui a appelé, elle aussi, à la libération des initiatives et à la décentralisation des décisions afin de permettre l’émergence de nouvelles potentialités. Car selon le professeur, l’Algérie possède « le potentiel humain et naturel nécessaires afin de développer un nouveau model de consommation». « Il ne faut pas copier les modèles énergétiques, mais créer ceux qui s’adaptent à nos besoins et moyens», a tenu à préciser pour sa part Mohamed Boudour, professeur également à l’USTHB.

Intervenant lors du débat, Kamel Ait Cherif, économiste et spécialiste en économie d’énergie, soutient que le problème ne se pose pas dans le model énergétique qu’il faut adopter, mais dans la manière d’économiser l’énergie. Pour lui, la conjoncture économique mondiale actuelle se distingue de celle des années 80 et le contexte énergétique national est totalement en contradiction avec le contexte international. Ce dernier, précise-t-il, est caractérisé par une baisse de la demande sur l’énergie, alors qu’en Algérie la consommation s’est multipliée par trois en laps de temps très court, d’autant la demande interne est en évolution continue. Cela requiert, insiste-t-il, une transition énergétique qui devra passer inéluctablement par la rationalisation de la consommation et l’économie d’énergie. Nous devons, affirme-t-il, multiplier les campagnes de sensibilisation et inviter la population à adopter des comportements éco-responsables pour que cette transition soit réalisée.

Khelifa Litamine