Face à la Grèce, l’UE-FMI ou l’arrogance de l’oligarchie mondialisée

Face à la Grèce, l’UE-FMI ou l’arrogance de l’oligarchie mondialisée
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Saisissant ce contraste qui nous montre les traditionnels va-t-en-guerre, de par le monde, au nom de la démocratie, désarçonnés par le choix souverain du gouvernement et du parlement grecs de mettre en œuvre le mécanisme le plus pertinent de la démocratie.

Désarroi devant ces gouvernants qui décident de s’en remettre à l’expression directe du peuple. Les oligarques de l’Union européenne, de la BCE et du FMI, en un mot, de l’actuelle gouvernance mondiale ruent dans les brancards. Ils ruminent contre « une rupture des négociations » ; plus, contre une rupture des règles du jeu.

Dans ce système de gouvernance post-Etat-Nation les règles sont camouflées et dissimulées. Si tout est fait, y compris les guerres, au nom de la souveraineté des peuples, plutôt des nations, ces abstractions qui sont censées, en théorie, en faire des souverains, dans les faits tout est décidé par des oligarchies qui agglomèrent banquiers, seigneurs de guerre et technocrates avides de prébendes pécuniaires, sociales et politiques ; de pouvoir. L’UE, dont l’architecture est faite pour servir les oligarchies au détriment des peuples, se retrouve le nez dans le ruisseau !

Les négociations qui perdurent depuis des mois tournent autour des coupes sombres à opérer dans les comptes sociaux, de l’augmentation des impôts directs sur la consommation, de l’écrasement des retraites. Etonnamment, étonnamment ?, elles évacuent le scandaleuse niveau des dépenses militaires dont les marchands d’armes de l’UE attendent de conséquents bénéfices. Elles évacuent aussi la qualité de complaisance du pavillon grecque. L’opinion mondiale est assaillie de clichés chargeant des Grecs dispendieux pour leurs finances publiques, tricheurs et dissipateurs ; mais, qui entends encore parler de la connivence criminelle de Goldman Sachs avec l’establishment grec.

Lorsque « les chiens de garde », médias libres de l’oligarchie mondialisée se mettent de la partie, il en devient quasiment impossible d’accéder à une perception proche du réel. Le gouvernement grec est dépeint sous les traits du mauvais joueur qui se soustrait, par infantilisme ou irresponsabilité, aux règles du jeu, et dans cet élan son ministre des Finances est sorti de la salle de conférences au moment de certaines discussions. Les gouvernants grecs, ces amateurs de référendums, cinquième colonne populaire dans les clubs des oligarchies, ne sont plus dans le coup.

Et pourtant les choses sont d’une simplicité déconcertante. L’actuel gouvernement Grec n’ayant pas la prédisposition à se faire le receleur des décisions de l’oligarchie Bruxelloise, bloqué dans ses négociations avec l’UE-FMI, décide d’en appeler au peuple.

Position commode garantie par un référendum joué d’avance ? Que non, on en est même loin. Le vote au parlement s’est fait ainsi : 178 voix pour le référendum (Syriza, droite souverainiste) et voix du parti d’extrême droite (Aube Dorée). Contre, 120 voix qui vont des socialistes aux communistes. Reste deux abstentions. Au sein de l’opinion, si l’on croit les sondages, la situation lui est encore plus défavorable. Un premier sondage de l’institut Kapa research, donne 47,2% des personnes interrogées favorables à un accord et seulement 33% contre avec 19,8% qui ne se prononcent pas. Un autre sondage donne 57% de oui à un accord avec l’Europe pour 29% qui y sont opposés. L’option du référendum est donc courageuse et audacieuse.

Si le moyen de pression de l’oligarchie est celui du financement et de ses conditionnalités, Alexis Tsipras se révèle un terrible loup politique, il a fait de la consigne de vote de Syriza une arme majeure. Pour le moment, cette consigne est négative, mais elle pourrait devenir un oui, pour peu que les positions des banquiers et leurs propositions progressent et intègrent les intérêts grecs. Le coup politique est admirable et le coût pour les ennemis de la démocratie est d’ores et déjà exorbitant.

Ahmed Ilmathen