Après avoir livré, deux décennies durant, une guerre implacable contre la subversion terroriste, voilà que l’armée nationale populaire (ANP) est appelée de nouveau à relever le défi sécuritaire aux frontières, notamment Est et sud du pays.
Face au chaos dans lequel est plongé la Libye, en proie à une guerre interminable entre diverses factions armées depuis la chute de Kadhafi, la nuisance terroriste au mont chaâmbi, près de la frontière algéro-tunisienne, les dangers permanents dans la région du sahel, sans compter les menaces de contrebande à la frontière ouest, l’ANP se retrouve désormais confrontée à de «réels et importants » défis militaires et sécuritaires nécessitant une «mobilisation de tous les instants» afin d’ «enrayer toute tentative d’infiltration éventuelle à travers nos frontières et de parer aux différentes menaces, particulièrement la menace terroriste et autres dangers potentiels », comme elle reconnaît dans la revue El Djeich.
La situation est d’autant préoccupante que, conjuguée à la détérioration de la situation régionale, de nouvelles menaces viennent à s’ajouter comme les connexions dont les médias ont fait état entre les djihadistes de Daech irakiens et les islamistes radicaux maghrébins tentés de déstabiliser tout le Maghreb. C’est pourquoi l’ANP redoute des infiltrations par le biais des exodes massifs des populations notamment libyennes et maliennes qui cherchent à fuir vers l’Algérie.
Cette situation met en demeure l’ANP de mobiliser toutes ses troupes le long des frontières et de redoubler de vigilance. «Ces développements, qui sont de nature à « favoriser l’infiltration et le déploiement de groupes terroristes à l’intérieur de notre territoire à travers nos frontières constituent, selon l’éditorial d’El-Djeich, une menace réelle à la sécurité et la stabilité de toute la région ».

«Afin de faire face à ces menaces, l’ANP se tient prête et vigilante à travers son déploiement le long de nos frontières communes avec les pays voisins, s’acquittant de ses missions constitutionnelles dans le respect des lois et règlements, défendant les frontières nationales, l’intégrité territoriale et la souveraineté nationale, ainsi que la sécurité et la stabilité du peuple algérien qui aspire à édifier un Etat sûr, stable, développé et fort reposant sur la démocratie, la citoyenneté et les droits de l’Homme », soutient l’ANP.
Mais cet effort de guerre, puisque c’en est un, nécessite aussi la sensibilisation et la mobilisation des algériens comme ils l’ont fait durant la décennie noire. Car, la lutte risque d’être longue et exige la mobilisation des moyens humains et financiers immenses. En parallèle, des efforts diplomatiques sont nécessaires pour traiter la question de la sécurité dans la région du Maghreb en amont. En aidant la Tunisie voisine, mais surtout la Libye pour l’aider à engager un dialogue entre les divers groupes armés et à mettre en place des institutions stables, mais aussi mener à bon port les négociations entre groupes armés maliens. Ce à quoi s’attelle l’Algérie, ayant saisi toute la problématique et tous les enjeux, depuis un moment.
Dans son dernier message à l’occasion du double anniversaire de l’offensive du nord constantinois et du congrès de la Soummam, le président de la République a réitéré l’engagement de l’Algérie pour stabiliser ses voisins, étant convaincu que notre sécurité interne y dépend. «L’Algérie continuera ses démarches pour arrêter l’hégémonie, l’effusion de sang et le démantèlement des régimes, car la stabilité et la sécurité de notre pays sont tributaires de la stabilité du voisinage, du développement et de la prospérité », a affirmé le chef de l’Etat.
« Nous avons aussi opté pour le dialogue et la politique de bon voisinage avec tout le monde sans l’immixtion dans les affaires internes des Etats », a indiqué le président, comme pour démentir ceux qui prêtent l’intention à l’Algérie d’intervenir militairement en dehors de ses frontières. Il rappelle, à juste titre, l’importance de « la stabilité dont jouit l’Algérie aujourd’hui sur fond d’agitation régionale et géostratégique qui a malheureusement affaibli de nombreux pays par un manque, selon lui, d’attachement aux valeurs d’unité, de souveraineté et de sécurité et une mauvaise appréciation des embûches posées par les semeurs de discorde pour diviser les sociétés en vue de les dominer ».
Une mobilisation des services de sécurité que doit accompagner la constitution d’un front interne et un travail diplomatique sont désormais les axes majeurs de la politique sécuritaire. C’est dire que le défi est immense.
Sofiane Tiksilt