Face à la chute du cours des hydrocarbures en Algérie : Les 27 mesures de la relance de l’économie algérienne

Face à la chute du cours des hydrocarbures en Algérie : Les 27 mesures de la relance de l’économie algérienne

Tant sur le plan mondial que sur le plan interne, l’on se comporte comme un malade qui sortirait de l’hôpital juste après avoir réchappé d’un infarctus, sans avoir changé ni son régime alimentaire ni son mode de vie, sans même avoir fait les examens nécessaires pour vérifier qu’il ne court plus de risque à court terme. Pour l’Algérie, s’impose des objectifs stratégiques aux nouvelles mutations, une gouvernance renouvelée. Sans cela, les replâtrages organisationnels tant institutionnels que des entreprises, auront peu d’impacts. Surtout avec la chute du cours des hydrocarbures qui nécessiteront des ajustements économiques et sociaux douloureux. Je propose les 27 mesures suivantes concernant le cadre global macro-économique, et macro-social et un des axes de la politique sectorielle qui sont les PMI/PME.

– Les dix neuf axes globaux de redressement de l’économie nationale

Ce sont en période de crise que les sociétés réalisent les réformes et l’Algérie ne fera pas exception. Dans bon nombre de discussions avec les responsables du pays, j’ai noté une prise de conscience générale de ne pas renouveler les impacts de la chute des cours du pétrole en 1986. Les ajustements économiques et sociaux seront douloureux entre 2015/2020 et encore plus douloureux si l’on ne réalise pas une transition maîtrisée hors rente au-delà de 2020. Un discours de vérité loin de la démagogie des différents responsables s’impose : la méthode étant : persuasion et simplification. Le dialogue économique et social incluant les acteurs représentatifs de la société est fondamental afin de réaliser un minimum de consensus qui en saurait signifier unanimisme pour le redressement national et lutter contre les effets pervers de la crise, les responsables, devant éviter le scenario catastrophe des impacts de la crise de 1986 qui s’est propagée que cinq années après vers les années 1990 : crise financière, crise économique, crise sociale (révolte de 1988) et crise politique, l’Etat ne pouvant plus distribuer des revenus sans contreparties productives pour calmer le front social avec un point culminant, cessation de paiement fin 1993 et rééchelonnement en 1994. Quelles solutions donc pour stimuler la croissance algérienne? Je rappelle que suite à un débat que j’ai eu le 24 octobre 2014 à Radio France internationale avec l’ancien économiste en chef au secrétariat d’Etat à l’Energie US et actuellement un grand responsable à l’AIE , j’ai proposé le 04 novembre 2014 algérien en présence du premier ministre lors d’une rencontre sur la relance économique dix neuf (19) mesures, l’axe stratégique, comme facteur d’adaptation à la mondialisation, étant de favoriser le grand Maghreb qui devra être le pont entre l’Europe et l’Afrique, continent à enjeux multiples et d’avenir qui tirera la croissance de l’économie mondiale horizon 2030/2040( voir deux ouvrages coordonnées par moi même et le Dr Camille Sari regroupant 36 experts internationaux aux éditions Harmathan Paris 2015 « le Maghreb face aux enjeux géostratégiques »

1.1-.-de créer une cellule de crise regroupant un représentant de chaque département ministériel avec des experts indépendants sous la coupe du premier ministre afin de prendre des décisions au temps réel

1.2.-Pour une cohérence globale, un grand ministère de l’économie nationale et un grand ministère de l’éducation nationale intégrant la formation socioprofessionnelle avec plusieurs secrétariats d’Etat techniques, pour plus de cohérence et éviter ces ministères qui se télescopent dans les décisions, pilier pour réaliser la transition hors hydrocarbures dans le cadre des valeurs internationales.

1.3- De revoir le fonctionnement de notre diplomatie en mettant l’accent sur la dynamisation de la diplomatie économique au point mort sans laquelle la diplomatie politique a un impact limité et utiliser avec précaution les réserves de change qui sont le support de la valeur du dinar et l’attrait de l’investissement et d’ailleurs de toute la politique étrangère. Pour le Fonds de régulation des recettes il serait souhaitable à terme pour plus de transparence dans la gestion qu’il soit supprimé, les lois de finances devant être calculées au prix moyen du marché, quitte à verser l’excédent dans un compte pour les générations futures

1.4.-Geler les projets non prioritaires qui n’ont pas d’impacts économiques et sociaux à l’instar des tramways dans les régions à faibles populations, l’autoroute des hauts plateaux devant éviter les surcoûts de l’autoroute Est/Ouest prévu à sept milliards de dollars et qui coûtera plus de 13 milliards de dollars non encore terminée.

1.5- Eviter le chauvinisme, voyant l’ennemi extérieur partout alors que les réformes structurelles supposent une nette volonté politique interne de changement , et analyser objectivement l’ impact l’Accord d’Association avec l’Europe et l’éventuel adhésion de l’Algérie à l’organisation mondiale du commerce représentant 85%e la population mondiale et 97% des échanges mondiaux.

1.6-La majorité des importations proviennent de la dépense publique via directement les administrations et entreprises publiques ou via des commandes aux opérateurs privées, il y a urgence de revoir ce mode de gestion où selon un rapport de la banque mondiale consacré aux infrastructures les surcoûts varient entre 25/30% par rapport aux normes internationales. Ayant été haut magistrat à la Cour des comptes entre 1980/81983(premier conseiller et directeur général du département des études économiques, il y a lieu impérativement de la réhabiliter cette institution, étant conscient que le contrôle le plus efficace passe par la démocratisation de la société avec des contrepoids politiques et sociaux.

1.7- Éviter que SONATRACH concentre ses investissements en s’autofinançant au détriment des autres secteurs de l’économie nationale accentuant la dépendance vis-à-vis des hydrocarbures. Toute décision stratégique concernant l’énergie ne peut relever de Sonatrach ou seulement du Ministère de l’Energie mais selon la loi en vigueur du Conseil National de l’Energie présidé par le président de la République. Comme proposé dans l’audit réalisé sous ma direction pour le compte du gouvernement assisté des cadres de Sonatrach et du bureau d’Etudes américain Ernest Young, dossier que j’avais défendu personnellement en 2008 à l’Assemblée nationale –APN-, généraliser le GNV et le GPLc afin de réduire la facture d’importation des carburants.

1.8- Ne pouvant continuer à subventionner sans ciblage ( subventions et transferts sociaux représentant 60 milliards de dollars soit 27/28% du PIB) source d’injustice sociale, en attendant que le gouvernement mette en place un système d’information fiable, qui devient une urgence de l’heure, les subventions et transferts sociaux doivent être transitoires devront être budgétarisées au niveau du parlement.

1.9-. Favoriser l’économie d’énergie (efficacité énergétique) qui constitue le plus gros gisements permettant d’économiser 20% notamment pour le BTPH et le transport.

1.10-Redynamiser la privatisation comme facteur de développement, démystifier le secteur privé national et international créateur de richesses assimilable pour les rentiers à prédateurs, le but étant de densifier le tissu productif y compris les services marchands qui sont créateur de valeur et tisser avec tous les partenaires étrangers des co-partenariats gagnants/ gagnants misant essentiellement sur une balance positive pour l’Algérie tant en devises que réalisant surtout le transfert technologique et managérial .

Par le Dr Abderrahmane Mebtoul