Face à la chute des prix du pétrole et la pression de la rue : Le gouvernement dos au mur

Face à la chute des prix du pétrole et la pression de la rue : Le gouvernement dos au mur

La satisfaction des revendications des policiers en un temps record ouvre l’appétit aux frondeurs.

«Quand on n’a pas les moyens de sa politique, on applique la politique de ses moyens» dit l’ adage. Cette situation s’applique parfaitement à l’Algérie qui risque de faire face à de sérieuses difficultés financières avec la chute vertigineuse des prix du baril.

Que fera le gouvernement? Comment répondrait-il à une demande sociale de plus en plus pressante, surtout depuis qu’il a lâché du lest à la suite de la protesta des policiers? Faut-il pour cela sabrer les projet budgétivores du prochain quinquennal? Faut-il réduire les importations? C’est un véritable dilemme pour le gouvernement qui a déjà reçu l’alerte des économistes les plus avertis et même des institutions financières internationales. En visite en Algérie, le 17 septembre dernier, la délégation du FMI a adressé une sévère mise en garde aux autorités.

Les experts du FMI insistent sur la nécessité absolue de mieux maîtriser les dépenses publiques et de freiner le recours aux placements à l’étranger, faute de quoi l’Algérie ne sera, bientôt, plus en mesure de régler ses factures d’importations, (65,4 milliards de dollars, en 2015, contre 55 milliards, cette année). Cependant, la rue algérienne grogne et le feuilleton des revendications se poursuit.

La satisfaction des revendications des policiers, en un temps record, ouvre l’appétit aux frondeurs. Elle ravive même des foyers de tensions calmés le temps d’une rentrée. La recette Sellal paraît, certes, efficace mais elle est loin de garantir la fin des ennuis. Bien au contraire, ce n’est qu’un début d’une escalade qui ne dit pas son nom. La démonstration de force des policiers est l’exemple à suivre pour les autres catégories. Pour preuve, la Protection civile a failli prendre le relais en lui emboîtant le pas. Le pire a été évité de justesse. Fort heureusement que le gouvernement a anticipé les choses en incluant cette catégorie dans la plate-forme des revendications.

L’Union nationale des agents de la Protection civile (Unap), sous la casquette du Syndicat national autonome des personnels de l’administration publique (Snapap) a appelé dimanche dernier toutes les unités à un rassemblement au niveau de la capitale pour exprimer son ras-le bol. «Les éléments de la Protection civile sont priés d’organiser leurs rangs et de quitter leurs unités en groupe pour se rassembler devant les directions de wilaya de la Protection civile avant de rejoindre directement la direction générale dans la capitale», lit-on dans le communiqué parvenu à la rédaction du journal.

Ce rassemblement devait avoir lieu durant la première semaine du mois de novembre prochain devant le siège de la direction générale de la Protection civile, située à Hydra. L’intégration des pompiers et des douaniers dans la plate-forme des revendications des agents bleus pourrait sérieusement faire tâche d’huile.

D’autres corps de la sécurité risquent de monter au créneau pour réclamer les mêmes avantages. Pour les contestataires, c’est le moment ou jamais de forcer la main au gouvernement pour arracher le maximum d’acquis. Les patriotes temporisent leur mouvement de protestation le temps d’une réponse à leurs doléances. Des mouvements de grève se profilent déjà dans d’autres secteurs.

L’éducation renoue avec le débrayage. Une grève sera entamée à partir d’aujourd’hui par les enseignants affiliés à l’Union nationale du personnel de l’éducation et de la formation (Unpef). Ce mouvement touchera tous les travailleurs de l’Éducation nationale affiliés à l’Unpef. Malgré le dialogue et les engagements avancés par la ministre de la tutelle, les syndicats ne décolèrent pas.

Le Syndicat national des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Snapest) n’exclut pas lui-même de revenir à la charge. Ce mouvement conduit par Meziane Meriane attend juste la tenue de son conseil national en début du mois de novembre prochain pour arrêter une décision. Le Cnapest n’écarte pas également de recourir à la grève. Le secteur de la santé n’est pas épargné.

Les médecins résidents promettent de paralyser les hôpitaux prochainement pour remettre sur le tapis leurs revendications socio-professionnelles. Le retour de la protesta dans cette conjoncture sensible ne facilite guère la tâche à l’équipe de Sellal. L’option d’acheter la paix à tout prix a démontré ses limites. Le gouvernement ne peut plus jouer avec son chéquier. Devant la dégringolade des prix du baril du pétrole, principale source de devise, le gouvernement doit compter ses sous au centime près.

Avec un déficit budgétaire dépassant les 4000 milliards de dinars et avec le budget de financement du nouveau programme quinquennal s’ajoute à cela le poids des augmentations salariales, le gouvernement doit serrer la ceinture.