Face à la baisse des recettes de Sonatrrach et le risque de tensions budgétaires : Quelles alternatives pour le gouvernement à travers la LFC 2015 et pour éviter le retour au FMI

Face à la baisse des recettes de Sonatrrach et le risque de tensions budgétaires : Quelles alternatives pour le gouvernement à travers la LFC 2015 et pour éviter le retour au FMI
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Personne n’a le monopole de la vérité et du nationalisme devant travailler tous ensemble, tenant compte de nos différentes sensibilités, devant être animés par le souci du respect d’autrui et de la tolérance, condition d’une bonne gouvernance.

L’objet de ce dossier est le fruit d’une réflexion individuelle et collective de différents audits que j’ai eu l’honneur de diriger entre 1974/2015 avec des équipes pluridisciplinaires complexes association opérateurs et dont les recommandations de réformes, hélas, n’ont pas toujours été suivies car s’attaquant à de puissants intérêts.

Dans ce contexte, certaines déclarations de certains soi-disant experts algériens, méconnaissant les mutations énergétiques mondiales induisant en erreur l’opinion publique, la baisse des prix du pétrole sera de longue durée selon les prévisions du FMI. La découverture faramineuse de gaz à travers le monde (voir émission France 5 du 10/09/2015), les nouvelles découvertes technologiques ayant permis de réduire le coût du gaz de schiste américain entre 30/40% et on revient à l’économie de la connaissance vont entraîner dans les années à venir une baisse sensible du prix du gaz naturel et l’Italie , la France et l’Espagne pressent l’Algérie de baisser ses prix .

Le congrès américain ayant décidé d’autoriser l’exportation vers l’Europe à compter de 2017/2018 en attendant le retour de l’Iran, pouvant passer d’ un million de barils/jour actuellement à plus de 3 millions de barils/jour à court terme et à plus de 5 millions de barils/jour à moyen terme, de l’Irak dont les capacités sont proches de celles de l’Arabie Saoudite, , de la Libye et l’entrée du Mozambique 3ème réservoir d’Afrique, ces pays ayant besoin de financement risquent accroître l’offre face à une reprise mondiale notamment asiatique, de nouvelles énergies alternatives dont les énergies renouvelable et de bouleverser la carte énergétique mondiale. Il n’existe pas de divergences stratégiques entre les USA et l’Arabie saoudite , plus grand producteur mondial de brut, qui vient de rejeter officieusement le 11 septembre 2015 la proposition algérienne et vénézuélienne, suivi des pays du Golfe,(plus de 60% du quota OPE) pays à faibles populations et disposant de fonds de souverains importants, d’une réunion urgente de l’Opep pour stabiliser les prix du pétrole.

Pour sa part, la Russie à travers le géant Gazprom ne veut pas perdre des parts de marché et malgré la crise ukrainienne, continue à approvisionner l’Europe à plus de 30%. Par ailleurs, le président du Sénat français lors de sa visite en Algérie vient de faire savoir aux autorités algériennes le 11 septembre 2015 suite aux américains et bon ombre de pays européens dont les allemands, le souhait de voir assouplir la règle des 49/51% qui n’intéresseraient pas les PIM-PME étrangères. Cette règle généralisée, dont aucun bilan à ce jour, s’inscrit surtout dans le cadre de la préservation d’intérêts de rente d’une minorité contrairement au discours de « protection de l’économie nationale ».

Un ami de l’Algérie président de l’Association France-Algérie Jean Pierre Chevènement a eu l’occasion de réitérer la même proposition. Dans ce contexte, de baisse vertigineuse des recettes de Sonatrach procurant plus de 97% des recettes en devises au pays, où le cours du Brent a été coté de janvier le 11 septembre 2015 à 47,47 dollars, le WIT à 44,40 dollars se pose un vrai dilemme pour le gouvernement algérien, , comment concilier restriction des dépenses et croissance économique lorsque l’on sait que ce n’est pas dans des conjonctures économiques aussi défavorables qu’une telle entreprise peut avoir le plus de chances de réussir. Je rappelle au préalable qu’une loi de finances n’est qu’un document comptable relatant les recettes et les dépenses de l’Etat, l’Algérie ayant surtout besoin que ces différentes lois s’inscrivent dans le cadre d’une planification stratégique, avec un rôle stratégique de l’Etat régulateur et non propriétaire gestionnaire, tenant compte des nouvelles mutations mondiales et des engagements de l’Algérie d’aller vers une économie ouverte, ne signifiant pas anarchie mais une économie de marché maîtrisée.

La loi de finances complémentaire LFC2015 et le projet de loi de finances 2016 qui sera examinée prochainement en Conseil des Ministres avant de passer au parlement, pourront t –ils être une réponse pour éviter les impacts de la chute des cours du pétrole en 1986 sur la société algérienne : crise financière, crise économique, crise sociale et crise politique, avec un point culminant, cessation de paiement fin 1993 et rééchelonnement en 1994. Je recense huit axes directeurs

1.- Premièrement, la LFC2015 et le projet de loi de finances 2016 mettent en relief l’’évoluton des exportations notamment de Sonatrach. Le cours du pétrole est passé de 108,97 dollars le baril à 100,2 en 2014, de 109,92 au premier semestre 2014 soit une baisse de 47,02% conjugué à une baisse en volume de 4,59%. Ainsi selon les données officielles, les exportations globales ont été de 45,036 milliards de dollars à prix courants en 2005 dont 1,099 hors hydrocarbures, (HH) ; en 2008 de 79,298 dont 1,97 (HH) ; en 2009 de 45,194 dont 1,066 –(HH)- au moment de la crise de 2009 ; en 2010 57,053 , dont 1,526,(HH) ; en 2011 de 73,489 dont 2,06 (HH) ; en 2012 71,866 dont 2,06 (HH) ; en 2013 de 64,974 milliards de dollars dont 2,16 (HH) et en 2014 62,956 dont 2,81 (HH). La banque d’Algérie évalue pour le premier semestre 2015 les exportations à 20,92 milliards de dollars dont 18,10 hydrocarbures, 2,82 milliards de dollars hors hydrocarbures dont plus de 60% proviennent de dérivées d’hydrocarbures et de déchets ferreux et semi –ferreux.

Pour le gouvernement, les exportations d’hydrocarbures baisseront pour se situer à 33,8 milliards de dollars en 2015, contre une prévision initiale de 66 milliards de dollars. Ce sont les recettes de Sonatrach devant déduire les couts de 25% donnant un profit net à Sonatrach de 25,35 milliards de dollars. A 50 dollars et en prenant l’hypothèse qu’une baisse, en moyenne annuelle d’un dollar réduit 600 dollars de recettes, nous aurons 28 milliards de dollars de recettes donnant un profit net de 21 milliards de dollars. Or Sonatrach prévoit de maintenir ses investissements de 100 milliards de dollars ente 2015/2020, sans compter les investissements de Sonelgaz (plus de 20 milliards de dollars donc presque la totalité des recettes de Sonatrach.

Dans ce cas, il faudra soit puiser dans les réserves de change ou aller vers l’emprunt extérieur comme le prévoit le projet de loi de finances 2016, le recours à la bourse d’Alger étant actuellement une utopie, ni Sonatrach, ni Sonelgaz n’étant coté, supposant une totale transparence des comptes et la rentabilité , n’existant donc pas de véritable bourse pour l’instant. D’une manière générale, comment continuer à fonctionner sur la base de 110/120 dollars le baril – budget de fonctionnement et d’équipement et continuer à verser des salaires et traitements sans contreparties productives ? .

1ére partie

Par : Abderrahmane Mebtoul

Professeur des Universités, Expert International en management stratégique

ademmebtoul@gmail.com