Fabre : «Je reconnais mon erreur et si sanction il y a, je l’assumerai»

Fabre : «Je reconnais mon erreur et si sanction il y a, je l’assumerai»

Depuis sa défection pour le stage de Sidi Moussa qui avait précédé la rencontre amicale face à la Tunisie, au mois de novembre dernier, le gardien de but international algérien du RC Lens, Michaël Belkacem Fabre, s’est abstenu de toute déclaration. Fabre, qui a mal vécu les interprétations données à son absence, a choisi Le Buteur pour revenir sur cet épisode qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive.  L’ex-portier de la Fiorentina (Serie A italienne), clame à celui qui veut l’entendre son attachement à la sélection et s’exprime pour la première fois sur les raisons de son indisponibilité au stage de Sidi Moussa. Il revient aussi sur la discussion qu’il a eue récemment avec Halilhodzic à propos de cette affaire. Entretien.

Lens va très mal, votre club a perdu beaucoup de points à domicile et se trouve bien loin du peloton de tête, un commentaire ?

C’est vrai, surtout qu’on vient de perdre un autre match important contre Châteauroux qu’on devait absolument gagner pour terminer l’année en beauté.  On avait hâte de se relancer avant les vacances, mais ce non-match gâche tout.

En France, on dit que l’accession devient impossible pour Lens…

Non, mathématiquement, rien n’est joué. Il va falloir attendre le mois de janvier ou de février pour voir un petit peu plus clair. Après, c’est vrai, si on avait gagné mardi, on aurait maintenu les autres postulants à distance respectable. Vous savez, lorsque vous évoluez devant plus de 30 000 supporteurs qui croient en vous, ça vous donne l’envie d’y croire.

Sur le plan personnel, ça marche plutôt bien, plusieurs sites lensois parlent en bien de vous ?

C’est vrai, je sauve des situations de buts, mais bon, vous savez lorsqu’on ne gagne pas, les prestations personnelles ne valent pas grand-chose. Sincèrement, après un parcours pareil, je suis naturellement dégoûté.

Clermont-Foot, votre ancien club, caracole en tête du classement de Ligue 2, peut-on dire que vous avez fait le mauvais choix en optant pour Lens, actuellement 15e du classement ?

Je suis très content pour mon ancienne équipe qui réalise de belles choses, c’est le fruit d’un travail de longue haleine. Après, comme je l’ai dit, jouer au RC Lens est un rêve. C’est un club avec beaucoup de valeur et une culture bien spéciale.

Même si une accession se profile pour Clermont ?

Je ne regretterai jamais mon choix pour Lens où je me sens très bien.

Passons au sujet qui intéresse les Algériens, vous imaginez un peu de quoi il s’agit…

Oui, oui, bien sûr, allez-y, je vais vous répondre sincèrement. Je vous ai bien dit que j’allais vous appeler au moment propice. Donc, j’assume, posez vos questions.

Lors de notre dernière rencontre à Alger, vous nous avez signifié que vous étiez heureux d’être parmi le groupe des Verts, mais au moment où tout le monde vous attendait face à la Tunisie en amical, vous avez brillé par votre absence, c’est quoi le problème ?

Le problème est que la veille de ce regroupement, j’avais disputé un match de championnat contre Sedan et j’ai contracté une blessure au dos, c’était un lundi soir, donc j’étais dans l’incapacité de rejoindre le groupe le lendemain matin, pour la raison que je viens de vous citer. J’avais tout prévu pour descendre sur Paris avant de rallier Alger. Mon billet d’avion était prêt et j’avais tout préparé pour répondre à la convocation de l’Equipe nationale, mais cet ennui au dos m’a empêché d’effectuer le déplacement.

Vous auriez dû vous déplacer comme tous les autres joueurs blessés…

Attendez, mon cas est un peu à part, c’est une ancienne blessure très délicate qui m’avait rendu indisponible pendant deux mois l’année dernière. Ça m’a coûté ma place lorsque j’étais à Clermont. Ensuite, ce n’était pas simple pour moi de faire le trajet aller-retour juste pour faire constater ma blessure. Je devais rester sur place pour me faire soigner.

Oui, mais le règlement est clair là-dessus…

Je sais, ce n’était pas évident pour moi de voyager avec de telles douleurs au dos, au risque  d’aggraver mon cas. Vous savez, une blessure au dos, ce n’est pas comme une blessure à la cheville. Je me connais assez, c’est une vieille blessure, j’avais peur, et je ne pouvais pas me permettre de rechuter, j’avais besoin de beaucoup de repos.

Alors dans ce cas, il fallait envoyer à la FAF les documents justifiant votre absence…

Justement, je crois qu’il y a eu un quiproquo là-dessus parce qu’à ma connaissance, la direction de mon club a tout envoyé à la FAF pour justifier mon absence. Mais apparemment, la Fédération n’a pas reçu les documents nécessaires.  Franchement, je ne veux pas trop rentrer dans les détails, ce n’est pas de mon ressort.

Il reste que votre absence a surpris plus d’un, d’abord l’entraîneur Vahid Halilhodzic qui s’est déclaré étonné arguant que vous étiez super heureux lors de votre premier stage à Alger…

J’ai eu le coach au téléphone un mardi, soit le jour de ma défection à ce stage. C’est vrai, je reconnais mon erreur, j’aurais dû l’appeler le matin pour le prévenir. Mais au risque de me répéter, au niveau de la direction de Lens, on m’a signifié qu’ils avaient fait le nécessaire en envoyant un fax à la FAF. Pour tout vous dire, c’était lorsque j’avais reçu des messages provenant de la part des membres du staff technique de l’EN que je me suis rendu compte qu’il y a eu un malentendu dans cette affaire. J’ai alors appelé l’entraîneur pour lui expliquer mon cas. Maintenant, je sais que la prochaine fois, s’il y a un problème, je dois appeler directement le sélectionneur.

Votre absence n’est-elle pas relative à un quelconque incident survenu lors du stage que vous avez effectué à Alger ?

Absolument pas, il n’y a eu aucun problème. J’ai passé une très bonne semaine avant ce match contre la RCA et j’ai découvert un groupe formidable avec qui j’ai eu le plaisir et l’honneur de travailler et de partager un moment magnifique.

Et dans votre club, n’avez-vous pas reçu une pression pour faire l’impasse sur ce stage ?

Non, franchement, avec tous les joueurs africains qui évoluent à Lens, et qui ont rejoint leurs sélections le plus normalement du monde, on ne peut pas penser qu’on m’ait exigé de faire l’impasse sur ce stage.  Le RC Lens est un club réputé, il est très correct là-dessus.

Depuis, avez-vous appelé Halilhodzic pour discuter d’une éventuelle convocation pour les prochaines rencontres ?

Bien sûr, je l’ai appelé il n’y a pas longtemps. Je lui ai de nouveau présenté mes excuses tout en lui expliquant que tout ce qui a été écrit sur cette affaire n’est pas forcément vrai. Comme vous le savez, chacun est allé avec sa version des faits pour analyser mon absence qui n’est due en réalité qu’à une réelle blessure.

C’est pour ça que vous n’avez pas voulu vous exprimer sur ce dossier, jusqu’à maintenant ?

Voilà, c’est bien ça, comme je vous l’ai dit, au lendemain de ma défection, je voulais laisser passer l’orage et ne pas trop faire de commentaires. Certains sont allés dire que je ne voulais plus revenir, d’autres ont très mal interprété ma défection au point de dire des choses insensées, mais bon, par respect à mes camarades en sélection qui avaient des matchs importants à préparer, je n’ai rien voulu dire. Après, j’ai appelé le coach pour bien m’expliquer parce que j’ai tenu à être très honnête avec lui.

N’avez-vous pas senti une volonté ou une décision de sa part de ne plus compter sur vous ?

Pas du tout, au contraire, il a été très réceptif. Je vous le dis franchement, je dois beaucoup à Halilhodzic, c’est lui qui m’a appelé pour la première fois en sélection alors que j’attendais cela depuis des années. Avec un peu de recul, je regrette de ne pas l’avoir avisé le matin même du début de regroupement. Je lui ai bien signifié cela. Mais bon, ça me servira de leçon pour l’avenir surtout que je ne suis qu’à ma première sélection

Le dossier est clos mais cela ne vous évitera pas une sanction…

Je sais, d’ailleurs comme il me l’a bien expliqué, il y a une disciplinée qui a été instaurée et un règlement intérieur qui est valable pour tout le monde, donc, voilà, si sanction il y aura, je l’assumerai pleinement. Quelle que soit la décision du coach, je l’accepterai, il n’y a pas de problème.

Doit-on comprendre que vous êtes toujours à la disposition de la sélection ?

Bien sûr, lorsque j’ai été appelé, j’étais très content d’aller en sélection. Maintenant, il faudra attendre pour voir l’évolution des choses. Moi renoncer à l’Algérie, c’est insensé.

Halilhodzic compte sur vous pour concurrencer M’bolhi, ou voit peut-être en vous un potentiel titulaire, seriez-vous prêt à assumer ce rôle ?

C’est normal, mais il y a des coachs en place qui décident.  Seulement, la dernière fois, pour mon premier stage avec l’équipe  nationale contre la RCA, je me suis retrouvé dans la tribune, donc pour l’instant, je suis le numéro trois, donc voilà…

Justement, le fait de n’avoir pas été retenu sur le banc contre la RCA, ne vous a-t-il pas démoralisé au point où vous vous êtes dit : «Ben voilà, je suis finalement le troisième choix, autant assurer ma place de titulaire avec Lens» ?

(Il nous coupe) Ecoutez, je vois où vous voulez en venir, je vais être franc avec vous. Moi, je suis quelqu’un d’ambitieux, mais je n’oublie pas que je viens juste de débarquer dans cette sélection, donc je n’ai pas à revendiquer quoi que ce soit. Pour l’instant, je dois bien travailler à Lens pour garder ma place  Puis, bien sûr, comme tout joueur qui arrive en équipe nationale, je préfère bien commencer sur le banc à défaut de jouer comme titulaire. Vous savez, le poste de gardien n’est pas comme celui d’un joueur de champ, parfois lorsque vous évoluez dans un poste bien précis, vous pouvez vous contenter de 10 voire 15 minutes par match, mais pour un gardien soit tu joues, soit tu ne joues pas.

Surtout qu’à Lens vous êtes bien le numéro un…

Oui, Dieu merci, j’ai gagné ma place, je vais essayer de faire de bons matchs pour confirmer, comme lorsqu’on fera appel à moi en sélection, c’est pour que je serve à quelque chose.

Avec Hamdi Kasraoui, ça se passe comment ?

On est des amis. Après, c’est normal, lui il veut récupérer sa place et moi je veux garder la mienne.  En dehors du terrain, c’est un mec bien et je m’entends très bien avec lui.

Avez-vous parlé du dernier match amical Algérie – Tunisie ?

On en a parlé un peu mais comme il n’a pas été retenu,  il est dégoûté, quoi ! Par contre mon ami international espoir marocain, Berdich, m’a chambré après l’élimination et la défaite de l’Algérie face au Maroc un but à zéro dans ce match comptant pour le tournoi olympique.

Merci Michael, on vous laisse le soin de conclure…

Je voudrais dire, jouer pour l’Algérie était un rêve et maintenant qu’il s’est réalisé, je ferai tout pour durer en sélection. Je souhaite une bonne fin d’année à tous les Algériens et à bientôt.