Extrait : Les rites kabyles, de la grossesse à l’accouchement

Extrait : Les rites kabyles, de la grossesse à l’accouchement

La jeune épouse kabyle, comme toutes les jeunes mariées, est bienheureuse lorsqu’elle ressent les premiers symptômes de la grossesse : arrêt des règles, étourdissements, nausées et autres malaises caractéristiques de cet état.

Seulement, elle doit taire ses doutes en cas d’erreur par crainte du mauvais œil et parce qu’elle veut s’assurer de son état au risque d’être déçue et humiliée par l’entourage !

Pour s’assurer de l’état de la bru, la belle-mère fait venir la vieille dame du village qui doit l’ausculter à jeun, avant d’uriner, afin que le germe ne se réfugie pas dans la vessie. Après l’auscultation, elle confirme en donnant la date approximative de la conception, mais on ne dit rien au dehors jusqu’à ce que les trois premiers mois soient écoulés.

Une fois confirmée, on prend toutes les précautions à l’égard de la bru. Son mari ou son beau-père fait écrire pour elle une amulette chez le marabout qu’elle doit accrocher à sa ceinture. Une amulette que l’on fait nouer par le marabout lui-même. Cette amulette éviterait, selon les croyances, toute mauvaise conséquence, un éventuel avortement, par exemple. Pour cela, et en plus des effets de l’amulette, on demande à la future maman d’éviter les gros efforts. On ne lui fait pas porter de grosses charges de bois, d’herbes et de branches de frêne.

A table, on brise cette loi qui impose le même régime alimentaire à tout le monde, en cédant aux envies de cette bru en la servant non seulement la première mais on lui demande également ce qu’elle désire et on lui réserve sa part de gourmandises rapportées du marché ou préparées à la maison. Selon les croyances, on ne doit rien manger devant elle sans lui en donner… La suite sur votre Bimestriel d’histoire, Babzman 

Mounira Amine-Seka

  1. Illustration : huile sur toile, Tahar Abdelkrim