L’ancien dictateur panaméen Manuel Noriega a été extradé des Etats-Unis et est arrivé hier en France où il doit être jugé pour blanchiment d’argent de la drogue onze ans après y avoir été condamné par défaut.
L’avion transportant M. Noriega, âgé de 74 ans, s’est posé à l’aéroport parisien de Roissy Charles-de-Gaulle, en provenance de Miami, en Floride.
Une source aéroportuaire a précisé à l’AFP que l’ancien homme fort du Panama était en voie de transfèrement vers le palais de justice de Paris.
Là, l’ex-dictateur devait se voir notifier son mandat d’arrêt, puis comparaître devant un juge des libertés et de la détention, qui devait statuer sur son incarcération dans l’attente d’un nouveau procès.
La justice française l’a condamné par défaut en 1999 à dix ans de prison, mais souhaite organiser un nouveau procès pour blanchiment présumé d’argent de la drogue.
Cependant, l’avocat français de Manuel Noriega, Me Yves Leberquier, a estimé lundi soir que son client ne pouvait pas être jugé par la justice française, notamment en raison de la prescription des faits reprochés qui remontent aux années 1980, et de son immunité d’ancien chef d’Etat. »Nous allons demander que la justice française se déclare incompétente », a déclaré Me Leberquier.
Lors de son procès par défaut, la justice avait reconnu Manuel Noriega coupable d’avoir blanchi en France plusieurs millions d’euros, présumés provenir du cartel de la drogue de Medellin (Colombie), via notamment la Bank of Credit and Commerce International (BCCI), fermée en juillet 1991 à la suite de sa faillite.
Une vingtaine de comptes avaient été ouverts également à Paris et à Marseille par M. Noriega ou certains de ses proches dans les banques BNP, CIC, le Crédit lyonnais et la Banco do Brazil.
Longtemps allié des Etats-Unis pendant la Guerre froide, ancien informateur de la CIA, Manuel Noriega était tombé en disgrâce à Washington pour son implication dans un trafic de stupéfiants.
Il avait été renversé puis capturé en 1989 lors de l’intervention américaine au Panama ordonnée par le président américain George Bush. L’ancien dictateur de ce pays d’Amérique centrale avait ensuite été condamné à 40 ans de prison aux Etats-Unis pour trafic de drogue.
Placé en détention en Floride, sa peine avait été réduite à 17 ans pour bonne conduite. Mais quelques jours avant la date prévue pour sa libération, en septembre 2007, un juge fédéral américain avait approuvé son extradition vers Paris.
Et la Cour suprême des Etats-Unis a refusé le 22 mars la demande de l’ex-homme fort du Panama d’être réentendu, éliminant ainsi son ultime recours contre une extradition. L’extradition de M. Noriega a été notifiée à la France il y a quinze jours, selon le porte-parole du ministère français de la Justice, Guillaume Didier.
L’ordre d’extradition a été signé par la secrétaire d’Etat, Hillary Clinton, selon le Département d’Etat américain.
De son côté, le gouvernement panaméen a fait savoir qu’il respectait la décision « souveraine » des Etats-Unis d’extrader l’ancien dictateur vers la France, tout en demandant qu’il soit rapatrié pour être aussi jugé dans son pays.
Le général Noriega a été condamné au Panama à 54 ans de prison pour son implication dans la disparition et le meurtre d’opposants entre 1968 et 1989.
AFP