Les propos tenus à Alger, lundi dernier, par le secrétaire général du ministère irakien des Affaires étrangères, Nazar Kheir Allah, au sujet de l’extradition des algériens détenus en Irak, n’ont pas apporté un bémol dans les cœurs des familles des concernés, torturées depuis des années par une forte inquiétude et des interrogations autour du sort réservé à leurs proches dans les prisons d’un pays embourbé dans une guerre atroce.
«Le climat politique en Irak ne permet pas actuellement d’étudier ces questions », a répondu Nazar Kheir Allah à sa sortie d’une séance de travail avec son homologue algérien, non sans ajouter que « des procédures juridiques spéciales sont mises en œuvre, de même que des barrières psychologiques sont difficiles à surmonter à l’heure actuelle. Mais nous tenons à nos relations avec l’Algérie et nous arriverons, avec nos amis algériens des Affaires étrangères, à trouver des issues juridiques adéquates». Des réponses considérées comme « évasives », sinon « destinées à la consommation médiatique », soutient-on. Les déclarations du secrétaire général du ministère des Affaires étrangères irakien « ne sont pas prises au sérieux » par les familles des détenus en Irak, nous dira sans ambages, hier, la coordinatrice des familles de détenus en Irak. Contactée au téléphone, cette dernière avoue avec lassitude que « les propos du responsable irakien sont répétés depuis des années sans que cela débouche sur des actions concrètes ». L’espoir existe mais il est mince, reconnaît-on. L’extradition des détenus algériens dans les prisons irakiennes est un dossier épineux pour les diplomates des deux pays. « Il s’agit là d’une question très sensible», a avoué pour sa part Nazar Kheir Allah, en précisant qu’il serait toutefois « possible de permettre à une délégation algérienne de rendre visite à ces prisonniers et vérifier les conditions de leur détention ». Laissant une porte ouverte sur la possibilité de leur extradition dans un avenir non défini, en soulignant dans ce contexte, «nous continuerons à discuter avec nos collègues algériens afin de trouver les voies et moyens juridiques pour régler ce dossier ». Une note d’espoir à laquelle s’accroche la coordination de soutien aux détenus algériens en Irak qui souligne dans un communiqué son soulagement à la suite de cette déclaration, tout en espérant de passer sans plus tarder au stade de sa concrétisation. Dans son communiqué, la coordination fait part de son optimisme face à de telles déclarations mais rappelle que, par le passé, ce dossier a connu plusieurs embûches malgré tant de déclarations de bonnes intentions, lancées par-ci et par-là depuis 2008. Et, en guise de bonne intention, la coordination annonce qu’elle a suspendu le sit-in qu’elle devait organiser le 10 septembre prochain devant le siège du ministère des Affaires étrangères et l’ambassade d’Irak à Alger. Les détenus algériens en Irak ont le droit de prendre contact par téléphone, une fois par mois, avec leurs proches, a-t-on appris auprès de la coordination. D’après les nouvelles qui leur arrivent des prisons irakiennes, les détenus vivent dans une situation très périlleuse, surtout relativement aux assauts menés par les groupes terroristes de l’Etat Islamique (EI) ou Daech ». « On (ndlr, Daech) fait éclater les prisons avec des bombes pour libérer les prisonniers, au risque d’enterrer quelques-uns sous les décombres ! », se plaint-on avec grande inquiétude au sein des familles des prisonniers algériens. Dans son communiqué, la coordination de soutien aux détenus algériens en Irak rappelle que parmi la dizaine de nos compatriotes qui purgent des peines de 10 à 15 ans, l’un a été exécuté en 2012, deux autres ont été déclarés coupable d’appartenance aux groupes terroristes et de participation à des attentats, et le reste sont condamnés pour séjours irréguliers en Irak, d’où la demande insistante de leur extradition, surtout si l’on ne retient rien contre eux qui se rapporte au terrorisme.