Extradition de Rafik Khalifa vers l’Algérie : Des reports et des interrogations

Extradition de Rafik Khalifa vers l’Algérie : Des reports et des interrogations

Le ministère de l’Intérieur britannique est à sa cinquième demande de report. C’est hier qu’il devait rendre sa décision. Mais il a obtenu un nouveau délai jusqu’au 30 avril prochain.

À chaque nouveau report, les protagonistes dans l’affaire assurent ou, du moins, espèrent que c’est le dernier. C’est hier que le ministère de l’Intérieur britannique devait rendre sa décision concernant l’extradition d’Abdelmoumène Rafik Khalifa vers l’Algérie.

Mais il a demandé et obtenu un délai jusqu’au 30 avril prochain. À la fois les avocats de l’ancien milliardaire, actuellement en prison à Londres, et le gouvernement algérien étaient pourtant convaincus que le Home Office allait finalement se prononcer après avoir ajourné sa sentence plusieurs fois de suite.

En tout et pour tout, le département d’Alan Johnson a bénéficié de 5 reports de la part de la justice. C’est en août dernier, soit deux mois après le verdict du tribunal de Westminster, favorable au transfert de Khalifa en Algérie, que le Home Office devait se prononcer dans cette affaire, en appuyant ou pas la sentence du juge Timothy Workman.

Au train où vont les choses, certains craignent que l’exécutif prenne plus de temps que la justice pour faire connaître sa position.

Il a fallu tout juste 15 mois au juge Workman pour forger sa décision, alors que le patron du Home Office tergiverse. Officiellement, ce département justifie ses demandes de report par la réception de nouveaux documents qu’il doit examiner.

Selon une source algérienne à Londres, proche du dossier, le département de Tayeb Belaïz a transmis, à la mi-mars, au ministère de l’Intérieur britannique, des notes comportant certains éclaircissements qu’il aurait demandé. “Le Home Office veut s’assurer que Khalifa bénéficiera d’un procès équitable en Algérie”, précise notre source.

D’après lui, les réserves de la défense sur tel ou tel point conduisent systématiquement le ministère de l’Intérieur à demander des explications supplémentaires au gouvernement algérien. Or, les avocats de Khalifa jurent qu’ils ne sont en rien derrière les reports. Selon maître Ben Brandon, les motifs exprimés par le Home Office pour repousser sa prise de décision ne sont pas convaincants.

En somme, si rien ne s’oppose à l’extradition de Khalifa, pourquoi le gouvernement britannique tarde-t-il à faire connaître son avis ? Dans d’autres affaires d’extradition, les lenteurs caractérisent surtout l’appareil judiciaire alors que l’exécutif est souvent prompt à se prononcer.

En février 2009, le Home Office s’est empressé de valider une décision de la Haute Cour relative à l’envoi de présumés terroristes en Algérie. Il y a quatre ans, d’aucuns avaient interprété la signature d’une convention d’extradition entre notre pays et le Royaume-Uni comme un moyen de rendre possible le transfert de Khalifa.

Mais, avec le temps, il est apparu que cet accord permet surtout aux Britanniques de se débarrasser des islamistes algériens se trouvant sur leur territoire. Informé, il y a une semaine, du nouvel ajournement de la décision du Home Office dans l’affaire Khalifa, Tayeb Belaïz s’est montré confiant, persuadé que ce report est le dernier.

Le garde des Sceaux pense que la justice n’accordera plus aucun autre délai supplémentaire au Home Office et que celui-ci doit trancher. Alors, wait and see.

Samia Lokmane-Khelil