Extradition de Khelifa vers l’Algérie

Extradition de Khelifa vers l’Algérie
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Un dernier témoin sera auditionné aujourd’hui. Il s’agit d’un haut fonctionnaire du Foreign Office en faveur du transfert de l’ex-milliardaire.

Une vingtaine de jours après son audition par l’avocat de la partie civile – dont il est l’un des deux témoins -, le professeur Kamel Fillali a été entendu hier par la défense, au tribunal de Westminster de Londres, dans le cadre de l’examen de la demande d’extradition de Abdelmoumene Rafik Khelifa vers l’Algérie. La contre-audition, qui a été menée par Me Ben Branden, a duré toute la journée. Répondant à l’intention de discréditer le rapport réalisé par l’enseignant de l’université de Constantine, au profit du transfert de l’ex-milliardaire vers son pays, l’avocat ne s’est pas montré tendre.

Il a commencé par reprocher à l’universitaire – professeur en droit international et avocat – de ne pas être un spécialiste de la politique. Ce à quoi le concerné a répondu en affirmant que l’analyse politique n’est pas du ressort exclusif des professionnels du domaine. Sur un autre registre, il a défendu sa qualité d’expert indépendant en réaction aux allégations de M. Branden sur sa proximité avec Me Farouk Ksentini – une personnalité que l’avocat décrit comme controversée – et son implication dans la Commission nationale consultative de défense et de promotion des droits de l’Homme (CNCDPDH) où il est chargé des relations extérieures. « Ce n’est pas l’Algérie qui m’a envoyé ici », a martelé M. Fillali.

Exprimée sur un ton qui trahit l’exaspération, sa mise au point n’a pas convaincu l’avocat de la défense qui a continué à semer le doute sur l’objectivité et la fiabilité des informations contenues dans son expertise. Abordant un chapitre concernant la biographie du président Bouteflika que l’avocat a indexé à son rapport,

LG Algérie

Me Branden lui a fait remarquer qu’il a omis de signaler que le chef de l’État avait eu des démêlés avec la justice, en sa qualité d’ex-ministre des Affaires étrangères.

À propos du système politique en place en Algérie – il constitue selon la défense un facteur déterminant dans l’affaire Khalifa -, l’avocat a pressé le témoin de s’exprimer sur le rôle de l’armée dans le choix des hommes au pouvoir. Cet élément avait été largement mis en avant par MM. Georges Joffe – enseignant à l’université de Cambridge – et Hughes Roberts – expert sur l’Afrique du Nord -, qui se sont succédé à la barre des témoins, il y a quelques semaines. Commentant leurs analyses sur la question, M. Fillali estime qu’elles sont stéréotypées et ne prennent pas en compte « les progrès réalisés par l’Algérie depuis 1989 » dans le cadre de la mise en place d’un système plus démocratique.

Poursuivant dans la même logique, l’avocat a contesté les réserves émises par ses homologues britanniques sur les déficiences en matière de respect des droits de l’Homme et de justice équitable. À cet égard, il a réfuté les allégations de torture émises par les ONG internationales. Selon lui, des organisations comme Amnesty International ne sont pas toujours objectives.

Dans l’après-midi, le professeur Fillali a eu à s’exprimer directement sur l’affaire Khalifa. Me Branden a voulu évaluer (dévaluer ?) le contenu de son analyse en lui demandant sur quelles bases il l’a édifiée. L’expert a répondu avoir collecté les informations relatives à cette affaire dans les médias et le dossier qui a été mis entre ses mains par les avocats de la partie civile. Il est à noter que M. Fillali est l’avant-dernier expert auditionné par la justice britannique dans le cadre du dossier Khalifa.

Aujourd’hui, un second témoin de la partie civile se présentera à la barre. Il s’agit d’un haut fonctionnaire du Foreign Office. Sa mission consistera à plaider en faveur de l’extradition de l’ex-golden boy. Le 18 mai prochain débuteront les plaidoiries des avocats. Ce seront les ultimes audiences avant le verdict.