L’extradition inopinée de l’ancien golden-boy vers l’Algérie pose plus de questions qu’elle ne peut apporter de réponses. Décryptage.
Spectaculaire développement, oui. L’extradition surprise d’Abdelmoumène Khalifa vers l’Algérie, après dix années de « détention » en Grande-Bretagne et de procédures infinies, l’est, surement. Importante, ça prête à l’être. Décisive, difficile d’y croire, même si le contexte s’y prête fortement.
L’Algérie étant à la veille d’un rendez-vous électoral important marqué par un contexte, national et régional, très chargé de tensions et de convoitises. Il est évident que ce retour inopiné de l’ancien golden-boy est loin de constituer un simple aboutissement d’une procédure intervenant dans le cadre de la coopération judiciaire entre les deux Etats, algérien et anglais, mais, s’inscrit ouvertement dans la logique d’un autre agenda dont les contours et les objectifs ne sauront tarder être décryptés.
« Pourquoi maintenant ? »
Qu’est-ce qui leur a, donc, bien pris de le livrer en ce moment ces anglais ? Loin de s’en inquiéter de se réjouir de l’idée d’une justice qui sera, enfin, rendue, l’opinion nationale, comme blasée par les innombrables scénarios qui lui ont été déjà servi par le passé, a accueillie cette décision par une sorte de scepticisme. « Pourquoi maintenant ? ». Telle est, en effet, la question qui revenait sur toutes les langues depuis l’annonce par les autorités anglaises, la semaine dernière, de l’expiration des recours permis au fugitif de luxe devant les juridictions de leur pays et de la possibilité de son extradition en Algérie. Opinion lambda ou initiée, tout le monde semble sceptique quant aux raisons profondes de cette décision.
Pourquoi cette extradition à ce moment précis, alors qu’auparavant, toutes les démarches de l’Algérie pour le récupérer ont essuyé des refus, parfois, farfelus de la part des autorités britanniques ? Des refus allant du souci de l’absence d’une justice équitable qui lui sera réservée aux plus petits détails des conditions de sa détention dans nos prisons.
Par ailleurs, après le scénario bien ficelé du premier procès qui a eu lieu à Blida, toujours présent à l’esprit, durant lequel une armée de lampistes a été sacrifiés et conduits au purgatoire en offrandes aux gros bonnets qui n’avaient pas manqués, d’ailleurs, lors de ce procès de reconnaitre leurs responsabilités, l’opinion n’attend presque plus rien du procès d’un homme qui a du être bien lessivé et essoré durant une décennie de captivité. Ni révélations fracassantes qui impliqueraient des responsables ni une justice exemplaire qui leur sera appliquée. D’autres scandales ont secoué la vie nationale depuis qui ont fait oublié l’aventure Khalifa et leurs acteurs sont toujours en liberté et aucune mesure, ne serait-ce, que préventive n’est prise à leur encontre.
Epée de Damoclès et ou coup d’épée dans l’eau
Cette extradition exécutée, par ailleurs, avec une certaine célérité et en un temps record au moment où personne ne s’y attendait, appelle, toutefois, prise dans ce contexte particulier, plusieurs questions et pèsera, à ne pas en douter, sur le débat à venir. Elle pose, en effet, plus de questions qu’elle ne peut apporter de réponses.
Est-elle en relation avec les récents scandales ayant secoués le microcosme politique ? Serait-ce une secousse, une réaction ? Et plus une esquisse de réponse qu’une question, serait-elle en rapport avec le scrutin présidentiel qui se tiendra dans quatre mois ? N’est-ce pas, en effet, un clin d’œil à un certain personnel, politique et haut placé au sein de l’appareil d’Etat, ayant été bien servi et ayant profité des largesses de « l’ancienne fierté nationale » et qui pourrait être tentées de se laisser aller à jouer les troubles fêtes dans les quelques mois à venir ? Ces derniers, sur lesquels cette affaire est restée suspendue sur les têtes comme une épée de Damoclès depuis son éclatement et l’apparition de leurs noms au grand jour, sont seuls à connaître le degré de leur implication et à comprendre ce qui leur est demandé.
Toutefois, ce cadeau empoisonné des anglais n’est pas tout à fait assuré de donner des sueurs froides et peut se révéler qu’un coup d’épée dans l’eau. Et pour cause ; Que pourra-t-il encore dire ? Si l’ancien patron de l’empire Khalifa, habitué à un rythme de vie luxueux et aux honneurs rendus, avait réellement quelque chose à dire, pourquoi ne l’a-t-il pas fait durant ces dix années de « captivité » anglaise ? Il aurait bien pu, ainsi, ne serait-ce, qu’en lâchant des bribes, négocier une sortie bien meilleure, au lieu d’attendre religieusement sa conduite au purgatoire.
Samira H