Expulsion de réfugiés syriens: l’Algérie convoque l’ambassadeur du Maroc et dénonce des “allégations mensongères”

Expulsion de réfugiés syriens: l’Algérie convoque l’ambassadeur du Maroc et dénonce des “allégations mensongères”

L’Algérie rejette catégoriquement les graves accusations formulées par les autorités marocaines lui faisant porter la responsabilité d’une expulsion de ressortissants syriens vers le territoire marocain. Dans un communiqué de presse, le ministère des Affaires étrangères a révélé avoir convoqué ce dimanche 23 avril 2017 l’Ambassadeur du Maroc, afin de lui signifier le rejet catégorique des « allégations mensongères » et lui démontrer le caractère « totalement infondé » de telles accusations.

Les autorités marocaines ont accusé samedi 22 avril l’Algérie d’avoir expulsé vers sa frontière un groupe de 55 Syriens, « dont des femmes et des enfants dans une situation très vulnérable », pour « semer le trouble » sur la frontière et « générer un flux migratoire incontrôlable ».

Le ministère de l’Intérieur marocain a affirmé que ces Syriens ont été « expulsés » par l’Algérie dans la zone frontalière maroco-algérienne, près de la ville de Figuig (nord-est), « contrairement aux règles de bon voisinage prônées par le Maroc », rapportaient hier plusieurs médias.

Infondé … et regrettable

Dans une première réaction officielle, le Ministère des affaires étrangères a rejeté ces accusations. La diplomatie algérienne a dit regretter que le Royaume veuille, par de telles accusations, « nuire à l’Algérie » et lui imputer « des pratiques étrangères à son éthique et ses traditions d’hospitalité bien établies ».

Le même département a également pointé du doigt « cette propension des autorités marocaines à surabondamment exploiter des drames humains à des fins de propagande hostile ».

Dans le même communiqué, le MAE a également donné sa version des faits. « Des autorités algériennes compétentes ont constaté à Béni-Ounif (Béchar), mercredi 19 avril 2017, à 3H55 minutes, une tentative d’expulsion vers le territoire algérien, en provenance du territoire marocain, de 13 personnes, dont des femmes et des enfants », peut-on lire.

La même source poursuit qu’au cours de la même journée, « à 17H30, il a été constaté, à ce même poste frontalier, l’acheminement par un convoi officiel d’autorités marocaines de 39 autres personnes, dont des femmes et des enfants, en vue de les introduire illégalement en territoire algérien ».

Une version confirmée par l’Association marocaine des Droits humains. Dans un communiqué publié le même jour, cette ONG, après avoir exprimé son inquiétude, a dénoncé le « traitement que ces réfugiés syriens subissaient depuis plusieurs jours de la part des forces de l’ordre marocaines, avant d’être poussés ce mercredi dernier à entrer illégalement en Algérie ».

Bis repetita …

Le ministère des Affaires étrangères a également dénoncé des « faits illégaux similaires venant s’ajouter de manière récurrente » à l’expulsion de citoyens syriens » vers le territoire algérien, affectant notamment les ressortissants de pays subsahariens.

La diplomatie a affirmé que « l’Algérie n’a jamais failli à son devoir de solidarité fraternelle vis-à-vis de ressortissants syriens, dont pas moins de 40.000 bénéficient d’un dispositif leur assurant des facilités en matière de séjour, de scolarisation, d’accès aux soins médicaux et au logement ainsi que l’exercice d’activités commerciales » dans le territoire algérien.

« Une qualité de l’accueil et des conditions de séjour identique à celle réservée aux ressortissants originaires de pays frères de son voisinage géographique et d’autres pays du continent africain », souligne-t-on encore.

« Ces exercices de dénonciation outrancière et outrageante » auxquels se sont livrés « deux départements ministériels marocains » à l’égard de l’Algérie  » (…) relèvent d’une stratégie de la tension qui se situe aux antipodes des exigences du bon voisinage entre les deux pays », conclue le ministère dans son communiqué.

Cet épisode en rappelle un autre, survenu en janvier 2014. Les autorités du pays voisin avaient expulsé des réfugiés syriens, les obligeant à entrer illégalement dans le territoire algérien tout en accusant l’Algérie « d’avoir manqué à son devoir de solidarité envers des réfugiés syriens, refoulés vers le Maroc ».