L’expulsion de familles, vivant dans des caves à la cité des 1 500-Logements de l’Usto, un quartier périphérique d’Oran, a provoqué le soulèvement de près d’une centaine de ces habitants qui, durant toute la journée d’hier, ont occupé la rue et encerclé le siège du commissariat du quartier. Rues bloquées par des barricades dressées à l’aide de barrières, de parpaing, de poubelles renversées, les familles ont résisté toute la journée à l’expulsion de trois d’entre elles vivant dans des caves depuis les années 1990 faute d’avoir un logement.
Et dans ce quartier, ce sont 160 familles recensées dans des caves qui seront également expulsées même pour celles ayant obtenu par voie de justice un délai. Justement, hier matin, l’huissier de justice accompagné d’un dispositif sécuritaire important a voulu appliquer les premières décisions d’expulsion, avec la force publique, ce qui est à l’origine de la colère des habitants. Trois pères de famille occupant lesdites caves des immeubles relevant de l’OPGI, ont été arrêtés alors qu’ils menaçaient de s’immoler par le feu et un autre de faire exploser une bouteille de gaz. Tous affirment n’avoir pas où aller et au pire demandent des recasements pour ceux et celles qui sont expulsés.
Parmi les familles en colère regroupées dans la cité, une veuve de policier devant être expulsée de “sa cave”, brandit presque sous le nez des forces de l’ordre le portrait de son défunt mari : “Regardez voilà ce qui va vous arriver quand vous serez mort, votre famille sera jetée à la rue.”
D’autres femmes et des jeunes s’époumonent et lèvent les bras en direction des forces de l’ordre en faction devant le commissariat : “Le voleur de milliards, Chakib Khelil est libre et vous vous en prenez aux pauvres.” En fin d’après-midi l’arrivée des brigades antiémeutes a ravivé la tension et la colère des habitants qui ont bloqué le principal boulevard longeant la cité et menant à l’université de l’Usto.
D. L.