Exposition: Linda et les sept saintes

Exposition: Linda et les sept saintes
Linda et les sept saintes

En marge du forum «L’Arbre à Palabres», Linda Bougherara a animé dernièrement une originale exposition à l’Institut français d’Essaouira au Maroc. Intitulée «Mémoire et Matière», cette exposition est un hommage à la nature et à la femme, et à la culture africaine en particulier. Les sept femmes sont des saintes  qu’on invoque lors des cérémonies : Lala Aïcha (noir), Lala Fatima-Zohra (blanc), Lala Mimouna (vert), Lala Rquia (rouge), Lala Meriem (bleu), Lala Malika (violet), Lala Mira (jaune).

«Mon travail tourne autour de la mémoire de la terre, la mémoire de la mer parce que je travaille avec des éléments naturels, les algues… que je transforme en papier. Ces éléments viennent de l’Atlantique, de la Méditerranée, des végétaux comme le palmier que je fais cuire. C’est un peu la même recette qu’on utilise pour le papyrus (…)  Tout ce travail basé sur les éléments de la nature est notre mémoire à nous. C’est mettre l’Afrique à l’honneur avec ses végétaux, ses algues avec lesquels j’avais fait toute une série de bustes de femmes que j’ai intitulée ‘‘Africaine de terre, Africaine de mer, Afrique de sang’’ ; en clair, tout ce que nous sommes», a déclaré l’artiste plasticienne algérienne dans une interview publiée par le journal marocain Panorapost.

Linda Bougherara avait commencé son  travail au Maroc, à Azzemour, avant de venir en Algérie où elle avait  ramassé des végétaux et des algues qu’elle avait amenés ensuite au Maroc afin de les transformer en papier.

Le résultat de son travail, elle veut le montrer en priorité à un public africain : «Je trouve que la terre du continent africain a une très grande richesse, et en tant qu’artiste qui vit en Europe, j’ai envie que mon art parte de cette terre, parce que tous ces éléments que j’utilise viennent de cette terre. L’histoire de ces femmes et de ces hommes que je raconte, ils sont Africains. Ce n’est pas que je ne montre pas mon travail en Europe, mais je pense que ça n’a pas de sens parce que le public doit être ce public africain.»

Son support de prédilection est le papier, bien qu’elle ait déjà travaillé sur la toile.

«J’ai toujours travaillé sur du papier de Chine, du Japon, du papier artisanal… J’ai toujours été attirée par cette matière qui est un peu difficile, parce que je l’aime, mouillée, trempée… Je le malmène, je la fais vivre. Le papier a toujours été un support pour moi, avec lequel je m’exprime très bien (…)  La toile ne me fait pas peur, j’ai déjà travaillé dessus, mais j’ai trouvé que le papier avait une autre richesse, parce qu’on écrit dessus et ça nous fait penser aux mots, aux verbes… Il y a toute une philosophie autour du papier», explique l’artiste native de la région des Aurès, en Algérie.

Concernant le thème de l’expo, à savoir  les «Sept femmes gnaouas aux sept couleurs», elle fait remarquer que chez les Gnaouas, les soufis, les bouddhistes, les tribus africaines et même chez des communautés sur le continent américain, il y a cette notion des sept couleurs (originaire d’Afrique),  une philosophie qui représente tous les éléments de la nature. Chez les Gnouas et les soufis, il y a aussi des chants où on prie pour les sept saintes en commençant par Lalla Aïcha, l’esclave, la Soudanaise, la première qui inspire la couleur noire. Ensuite il y a la blanche, la rouge, la bleue qui est le ciel et la mer ainsi que la verte, qui représente la forêt et les esprits de la forêt.

L’exposition «Mémoire et Matière» à l’Institut français d’Essaouira restera ouverte jusqu’au 21 juillet 2018.

Kader B