Cette exposition est d’un intérêt pédagogique, d’où l’utilité de convier les enfants à une excursion vers les origines de l’édification de la ville et aux péripéties qui s’étaient écrites durant l’ère phénicienne, romaine, l’époque byzantine ainsi que les siècles ottomans et jusqu’à la nuit coloniale.
C’est au “foqani” (étage supérieur) de la Douera 23 de Qas’r Eryas que se feuillette l’album de photos d’El-Djazaïr el-mahmia Bilah (la protégée de Dieu). C’est au seuil d’une ghorfa (chambre) que se narre aussi Icosium, depuis l’épopée légendaire des Vingt compagnons d’Hercule jusqu’aux galions battant pavillons romains et vandales. D’ailleurs, l’endroit se prête à la rêverie ! Pour cela, il suffit de s’accouder sur ce comptoir fondé en pays berbère par les Phéniciens ou d’ouvrir les volets à vitraux pour qu’aussitôt fusent au large de l’horizon bleu-azur de la plage de R’mila, les clameurs des galériens byzantins et arabes. Seulement, et au tumulte de l’envahisseur, la tribu berbère des Béni Mezghenna lâcha la blanche colombe de paix, qui attisa la colère du ciel et du ressac qui envoyèrent les frégates de Charles de Habsbourg dit Charles Quint (1500-1558) par le fond.
L’exposition qu’on doit depuis le 5 juillet dernier à la wilaya d’Alger et à l’association El-Adlanya est d’un intérêt pédagogique. D’où l’utilité de convier les enfants à une excursion vers les origines de l’édification de la ville et aux péripéties qui s’étaient écrites durant l’ère phénicienne, romaine, l’époque byzantine ainsi que les siècles ottomans et jusqu’à la nuit coloniale.
Autant de stations de lecture autour desquelles nous invite le Centre des arts du Bastion 23, où sont burinés les écrits et la cartographie grecs et romains. Soit autant de repères pour repérer l’origine de la lignée des Béni Mezghenna, qui s’était opposée à moult expéditions militaires qu’elle avait subi dans sa chair et dans ses murs durant l’an 1516 puis 1830. Mieux, pas besoin de guide pour flâner dans le schéma cadastral de l’Alger turc. Il suffit de s’orienter au moyen d’un choix d’illustration et de toile de peintures qui nous invitent à une “diaffa” (visite) dans de somptueuses douerat (maisons traditionnelles) d’époque. À l’aspect esthétique urbain, s’ajoutent aussi des scènes de la vie de tous les jours, à l’exemple de l’instant rêvé autour d’un thé à la menthe à Qahwat Lâarich et Qahwat Bouzourene à Bab Edjedid dans la Haute-Casbah. Rassasié de qasidate de fêtes sur les terrasses d’antan, le visiteur humera la beauté qui exhalait de l’antre de l’hygiène et de la beauté, qu’était autrefois hammam Sidna sis aux mythiques Zoudj Aïoune à la Basse-Casbah. Alors, et pour vaincre la chaleur, il y a la fontaine de Sidi M’hamed Chérif qui ruisselle dans la Haute-Casbah et l’abreuvoir de Bir Khadem ou le puits de la servante des gens du Fah’s, où il est aisé de faire ses ablutions pour une ziara (visite) au mausolée du saint Sidi Abderrahmane Ethaâlibi (1383-1470), où reposent d’autres saints, à l’exemple d’Ouali Dada et du souverain Hadj Ahmed Bey Ben Mohammed Chérif (1786-1851), dit Ahmed Bey de Constantine. Les temples cultuels ne sont pas en reste du fait qu’il est prévu des étapes, même virtuelles, à Djamaâ El-Kebir (la Grande mosquée) d’Alger qui fut bâti au XIe siècle par le berbère Youssef Ibn Tachfin Senadji (1009-1106) en 1097. Autre lieu de ferveur : Djamâa J’did, œuvre du dey Mustapha Pacha, 1660, que l’Algérois baptisa également Djamâa El-Houatine ou la Mosquée de la Pêcherie parce qu’elle avait les pieds dans l’eau à Bab B’har (la Porte de la marine). En ce sens, ça a tout l’air d’un pèlerinage, voire d’un resourcement, à Djamaâ Ali Betchin, bâti en 1622 par le corsaire Piccini, ou Piccinino, sur l’ancienne rue de Bab El-Oued. Nouveauté ou levée d’un tabou, les églises et les temples de culte israélite figurent bel et bien sur l’itinéraire de la visite, à l’instar de Djamâa Lihoud ou la synagogue du Grand rabbin Bloch d’Alger, bâtie en 1865 et rendue à son culte originel sous l’appellation de Djamâa Fares, sise place Ali Amar, dit Ali la Pointe, (ex-Maréchal-Randon). Pour les férus de cartes postales et d’anciennes photographies, ils trouveront plaisir à admirer le savoir-faire d’artisans barbier, plâtrier et autres dinandier du XVIIIe et du début du siècle dernier. Autre révélation, le métier d’écrivain public et de notaire figuraient bel et bien dans la nomenclature des emplois de l’époque. Donc, le mieux est d’y aller, car c’est jusqu’au 3 août.