Exposition de calligraphie japonaise au palais de la cuture à Alger

Exposition de calligraphie japonaise au palais de la cuture à Alger

Le Sakura ou la fleur du cerisier est un symbole national au Japon. Elle est, depuis dimanche 2 mai, célébrée à Alger à travers une exposition originale des peintures en rouleau Genji Monogatari, version Heisei.

Exposition ouverte au Palais de la culture Moufdi Zakaria à Alger lors d’une sympathique réception durant laquelle les présents ont été invités à assister à une cérémonie du thé vert, le fameux Chanoyu, et à déguster des biscuits sucrés-salés japonais. Une démonstration du port de kimono, vêtement traditionnel nippon, a également était faite. On a appris que le kimono ne tient que par une seule ficelle ! Habit féminin et masculin, le kimono, qui n’est pas celui des arts martiaux, se porte aujourd’hui durant les grandes fêtes. Les jeunes filles mettent le kimono pour célébrer leurs vingt ans. Selon Iwao Kobori, conseiller supérieur de l’université des Nations unies à Tokyo et président du Comité d’organisation de l’exposition itinérante des arts traditionnels japonais, le Genji Monogatari ou Le Dit du Genji est un chef- d’œuvre de la littérature mondiale sur la noblesse de l’époque Heian écrit en l’an mille. L’ère Heian avait commencé en 794 et s’était achevée en 1185 avec le début de l’époque de Kamakura avec l’effondrement de l’aristocratie. L’ère Heian était marquée par l’apogée des arts et des lettres. L’Empire vivait alors son âge d’or.

Le Dit du Genji marquait la naissance du roman japonais. Il fut écrit au XIe siècle par Murasaki Shikibu, une dame de la Cour impériale dont le vrai nom demeure inconnu à ce jour ! Elle était proche de l’impératrice Akiko. Genji était un beau prince, poète à ses heures perdues, fils de l’empereur. Ne pouvant pas succéder à son père, il avait œuvré pour créer une autre cour sans oublier de charmer les belles de palais. « Le Dit du Genji est reconnu depuis longtemps comme un des dix meilleurs romans du monde », a précisé Kyoko Horie, critique d’art, conceptrice de l’exposition d’Alger. Selon elle, ce roman, qui a été traduit à l’arabe et à l’anglais, a inspiré les peintres et les calligraphes japonais. Des peintres qui utilisent la technique du rouleau.

L’art majeur levantin

A l’ère Heian, les textes religieux ou poétiques étaient narrés et illustrés sur un rouleau horizontal. Importée de Chine et de Corée, cette technique appelée émaki est la marque de fabrique par excellence de l’art traditionnel du pays du Soleil Levant. Avec les manuscrits précolombiens de l’Amérique et les hiéroglyphes d’Egypte, l’émaki est considéré comme l’ancêtre de la bande dessinée. L’illustration du roman de Murasaki Shikibu est l’émaki le plus connu. D’où l’exposition d’Alger qui met en avant l’actuelle période Heisei.

L’ère Heisei a commencé il y a vingt ans avec l’arrivée au trône de l’empereur Akihito. Les calligraphies exposées portent toutes des titres poétiques : « Un coucher de soleil à Koshu », « Le murmure d’un ruisseau », « L’envol des fleurs de cerisiers », « Au clair de la lune avec des fleurs de cerisiers »…Elles sont signées Tachiro Shôko, Kishimoto Yokkô, Kitaoka Zuitô, Fujioka Gekka, Minagawa Gashû et autres. Selon Kyoko Horie, la calligraphie japonaise est divisée entre deux genres, le kanji, d’origine chinoise, et le kana, né sur les îles japonaises. Le kindai shibun mélange les deux genres. La calligraphie chinoise a beaucoup influencé celle du Japon surtout celle de la dynastie des Jin à l’est de l’Empire du Milieu. Le travail artistique élégant du calligraphe chinois Wang Xizhi a fait des adeptes au Japon.

Certains pensent même que le Japon garde « l’âme cachée » de la Chine. « Quand vous voyez des lettres cursives avec des lignes douces, c’est le style japonais. Il est plus récent par rapport aux caractères chinois traditionnels. Aujourd’hui, on utilise les deux caractères », explique Kyoko Horie. « Quand on est heureux ou triste, dans les deux cas on imagine la fleur du cerisier », a ajouté cette responsable de l’Institut de la culture traditionnelle japonaise. « Les fleurs de cerisier sont les fleurs les plus japonaises depuis mille ans », appuie Takeshi Kamitani, ambassadeur du Japon à Alger. « Ces fleurs symbolisent la beauté et la vie éphémère », enchaîne Mitsuhide Fesegi, troisième secrétaire de l’ambassade du Japon à Alger. Les militaires japonais préfèrent à ce jour utiliser les fleurs de cerisier comme emblèmes et insignes à la place des étoiles ! Des fleurs sont présentes dans les mangas, le théâtre et les chorégraphies dans ce pays. La représentation diplomatique nippone, appuyée sur sept entreprises japonaises travaillant en Algérie, a aidé au financement de cette manifestation artistique.

L’exposition est déjà passée par plusieurs pays : Argentine, Maroc, Iran, Emirats arabes unis, Bahrein, Tchéquie, Tunisie et France. Iwao Kobori, surnommé le Japonais d’In Belbel en raison de ses travaux de recherche sur les foggara du Gourara, connaît l’Algérie depuis les années 1960. Il a appelé à renforcer la relation entre l’Algérie et le Japon dans les domaines des sciences et de la culture.

Patrimoine : L’exemple nippon

« Cette exposition de l’art traditionnel est manière pour nous d’aider à approfondir la compréhension du Japon », a soutenu Takeshi Kamitani. Présente, Khalida Toumi, ministre de la Culture, a annoncé l’organisation prochaine de journées culturelles algériennes à Tokyo. Le Japon, selon Khalida Toumi, a donné une belle leçon en décidant de protéger son patrimoine immatériel après les bombardements ravageurs de Hiroshima et de Nagazaki. « Plus d’un demi siècle après, l’Unesco a adopté une convention pour protéger le patrimoine matériel et immatériel. Le Japon a été actif dans l’élaboration de ce document. Il ne saurait y avoir de défense de diversité culturelle sans la défense du patrimoine », a-t-elle souligné.

Exposition « Les fleurs de cerisier et la version Heisei des peintures en rouleau Genji Monogatari » jusqu’au 6 mai 2009 au Palais de la culture Moufdi Zakaria, Alger

Tel : 021.29.10.10