Depuis le début de cette décennie, le travail et l’enlèvement d’enfants deviennent des phénomènes sociaux, voire politiques et le débat les concernant devient un sujet tabou.
L’existence de ces problèmes devenus fléaux de notre siècle, est maintenant reconnue mais marginalisée et écartée. Ils sont maintenant nombreux, les enfants qui sont exposés aux pires formes de travaux illicites, qui prêtent à l’esclavage ou à d’autres formes de servitude. Vente illicite et mendicité sont le credo de ces enfants sans espoir. Phénomène essentiellement urbain, la mendicité infantile est en pleine recrudescence.
Assis à même le sol, portant des vêtements défraîchis, ils réclament l’aumône aux passants, parfois à l’insu de leurs familles. « Ils devraient être à l’école non pas en pleine rue. Ils s’exposent ainsi au danger », s’exclame un citoyen.
Plusieurs commerçants de la capitale, ont alerté à plusieurs reprises les agents de la police pour la traque des mendiants. La presse a également fait appel à l’ouverture d’enquêtes sur la raison et la cause qui poussent ces gens à mendier. Nous apprenons alors que quelques- uns des enfants sont hypothéqués par leurs propres parents. Ces derniers doivent assurer un revenu le soir, faute de quoi ils sont sévèrement punis.
Le comble est que ces enfants sont aussi maltraités. Cette maltraitance abusive les poussera, selon l’avis d’une psychologue, à préférer la rue. A fuir de leur propre chez soi. « Cette pratique les poussera plus tard à une forme de délinquance », précise-t-elle. La rue deviendra, pour eux, un endroit de liberté où la générosité est omniprésente, il suffit de porter quelques vêtements sales pour parvenir, le plus facilement possible, à s’assurer le minimum par eux-mêmes. Une volonté qui ne sera justifiée, par la suite, que par un intérêt matériel.
Longtemps présents au milieu des bacs à ordures, ou poussant leurs charrettes bourrées de bouteilles en plastique, ….ils ont laissé maintenant leur place à d’autres enfants. Qu’il pleuve, qu’il neige ou qu’il vente, ces enfants, en groupe de cinq, trient les déchets à la recherche de plastique pour le recyclage. Il est certes difficile d’assister à une telle scène, mais n’oublions pas que plusieurs réseaux exploitent ces innocents
Par une froide journée, un après-midi, hors de la capitale, des enfants et des ados âgés entre 10 et 15 ans interpellent les passants et les automobilistes le long des routes. Ils exposent des galettes et du pain dans des paniers trop grands pour leurs petits bras. Un panier qu’ils se refusent de déposer de peur que les passants ne les remarquent. D’autres, la mine grise et presque en haillons, sont accroupis ou assis à même le sol. L’un d’eux, une fille, a attiré notre attention. La silhouette frêle, Khadidja n’a que 11 ans. Elle qui n’est jamais allée à l’école, a décidé d’aider ses parents.
Un choix qu’elle n’a pas fait mais qui lui a été imposé. Si elle arrêtait de travailler, nous dit-elle, sa famille peinerait à se nourrir. « C’est insensé », nous témoigne une jeune femme, « nous ne savons même pas d’où sortent ces enfants ».
En effet, il est difficile de jeter la pierre aux seuls parents, le problème concerne toute la société et, bien entendu, l’Etat. Rappelons que quelques associations sont en train d’intensifier leur lutte contre cette forme de travail illicite mais qui reste la plus fréquente.
Ce qu’elles revendiquent avant toute chose, une éducation de qualité pour les enfants et une protection sociale pour toute la famille.
Hiba Benfarès