Exportations hors hydrocarbures vers l’UE Le déséquilibre qui trahit l’accord

Exportations hors hydrocarbures vers l’UE Le déséquilibre qui trahit l’accord
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A première vue, l’un des objectifs assignés à l’accord d’association – la promotion des exportations hors hydrocarbures – n’est pas atteint.

Les chiffres des exportations algériennes, hors hydrocarbures, vers les pays de l’Union européenne ont le mérite de donner de la consistance à la demande de révision de l’accord d’association formulée par l’Algérie, à défaut de conforter celui-ci. Une évaluation de l’impact de cet accord réalisée par l’Agence nationale de promotion du commerce extérieur (Agex) fait ressortir un déséquilibre criant dans les échanges entre Alger et le Vieux continent. On pouvait espérer dans le sillage de la conclusion de l’accord, que le déséquilibre, objectivement inévitable, soit réduit au mieux avec le relèvement des ventes algériennes.



Depuis 2005, date de son entrée en vigueur, l’Algérie a exporté vers l’Europe une valeur de 12,3 milliards de dollars et a importé l’équivalent de 195 milliards de dollars. En même temps, le volume des investissements de l’UE en Algérie est faible. Seuls 316 projets d’une valeur de 7,7 milliards d’euros ont été réalisés par des investisseurs européens durant la période allant de 2002 à 2014, selon l’Andi (Agence nationale du développement de l’investissement).

Il est vrai cependant que l’UE est déjà notre premier partenaire commercial bien avant la conclusion de l’accord censé donner une nouvelle impulsion aux échanges commerciaux. Il est tout aussi vrai que pour pouvoir mettre sur le marché européen des produits nationaux, il faut que ceux-ci répondent à un certain nombre de normes. L’état du système économique algérien ne permet pas d’envisager une concurrence avec l’Europe sans risquer de courir à sa perte. D’où le report de la création de la zone de libre- échange à 2020 au lieu de 2017, initialement prévu dans les accords.

L’Algérie exporte essentiellement des produits énergétiques et miniers dérivés dont les solvants, l’ammoniac, les engrais, le phosphate, le méthanol, l’hélium. La part des produits manufacturés (dans les produits industriels) est minime avec une moyenne de 2,5% depuis 2005.

Les produits agricoles et agricoles transformés ont représenté depuis 2005 une moyenne de 6,2% du total des exportations hors hydrocarbures vers l’UE. Il s’agit du sucre, des dattes, des boissons gazeuses, des graines de caroube, du beurre de cacao et des résidus des corps gras. Quant aux achats de l’Algérie, ils sont passés de 10,7 milliards de dollars en 2005 à 29,5 milliards de dollars en 2014.

A première vue, l’un des objectifs assignés à l’accord d’association – la promotion des exportations hors hydrocarbures – n’est pas atteint. C’est pourquoi les autorités algériennes ont demandé à évaluer la mise en œuvre de l’accord de sorte à ce que les avantages ne penchent pas trop d’un seul côté. En 10 ans, l’Algérie a jugé qu’elle a plus donné qu’elle n’en a reçu.

Et s’emploie à convaincre son partenaire de la légitimité de sa réclamation. Cette demande a été le principal point inscrit à l’ordre du jour de la récente visite de la haute représentante de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Federica Mogherini. Le cadre de coopération tel que configuré par l’accord d’association prévoit une collaboration globale incluant les dimensions politique, sécuritaire, économique, commerciale, financière, culturelle et humaine.

Alger veut que ses dispositions soient revues de sorte à rééquilibrer les profits. La représentante européenne semble avoir pris acte des observations critiques de la partie algérienne. Elle a annoncé que les discussions sur cette évaluation seraient ouvertes dans les prochaines semaines.

Dans cette problématique, en plus des réformes qu’elle entreprend pour la mise à niveau de son tissu économique, l’Algérie se pose en fournisseur sûr et régulier de gaz (14% de la consommation européenne) et d’acteur important dans le maintien de la paix et de la sécurité dans sa région. Ce qui n’est pas sans impact sur la neutralisation de fléaux menaçant le Vieux continent. La question des migrants est un exemple vivant de ces potentielles menaces.

Saïd C.