Exportations hors hydrocarbures : la politique commerciale à revoir

Exportations hors hydrocarbures : la politique commerciale à revoir
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Les participants au séminaire national de deux jours, qui s’est ouvert, hier, à l’université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou sous le thème “Les exportations hors hydrocarbures en Algérie : enjeux, opportunités et contraintes”, étaient unanimes à estimer qu’avant de parler de dynamisation des exportations, ce sont tous les fondements de la politique commerciale extérieure de l’Algérie qu’il faut revoir.

Argumentant cette nécessité qualifiée d’impérieuse, Mouloud Hedir, diplômé de l’École nationale d’administration, qui a présenté une communication intitulée “La politique commerciale extérieure : un besoin urgent de cohérence et d’efficacité”, a d’emblée expliqué que “la politique commerciale extérieure a été mal appréhendée au sein de l’économie algérienne”. “Le système d’échange extérieur n’a pas changé depuis le milieu des années 70, et la structure des échanges extérieurs s’est complètement figée. Nous avons un modèle d’échange figé, avec l’excédent des exportations du secteur des hydrocarbures qui doit couvrir les déséquilibres du reste de l’économie”, a-t-il analysé, chiffres à l’appui.

À cela s’ajoutent également, selon cet énarque, “de nombreuses ambiguïtés organisationnelles qui font qu’on se situe à la fois dans le commerce libre et dans la bureaucratie”. Tout en expliquant que cet immobilisme du système d’échange algérien contraste avec les mutations rapides dans le monde et aussi avec les progrès enregistrés même dans les autres pays en développement, Mouloud Hedir a préconisé toute une panoplie de changements à apporter. Ainsi, il faut d’abord, a-t-il soutenu, commencer par le commencement, c’est-à-dire avoir une offre à même de répondre au besoin du marché national.

Puis, a-t-il soutenu, assurer une régulation de l’importation et de l’exportation, y compris d’énergie, de services et de propriété intellectuelle, ensuite asseoir une stabilité et une prévisibilité du régime de commerce extérieur, avoir une gestion cohérente des accords commerciaux, disposer de capacités d’évaluation ainsi que d’institutions d’études et d’analyses du commerce international dans un monde qui mue à grande vitesse et, enfin, mettre en place un instrument de coordination entre les nombreuses administrations impliquées.

LG Algérie

“Il faut surtout commencer par rénover la politique du taux de change, de subventionner la production et non pas l’importation et attirer les IDE, car c’est soutenir la production locale, puis de rendre lisible la politique du commerce extérieur”, a-t-il encore ajouté. Intervenant au début du séminaire, Mohammed Bouchakour, professeur à l’École des hautes études commerciales d’Alger, a pour sa part commencé par dresser un état des lieux loin d’être reluisant des exportations algériennes. “Les revenus des exportations algériennes sont tombées de 67 à 36 milliards de dollars en 4 ans à cause des prix des hydrocarbures.

Les exportations hors hydrocarbures n’ont jamais franchi la barre des 3 milliards de dollars, et même ce qu’on présente comme des exportations hors hydrocarbures sont entre 64 et 70% des produits dérivés des hydrocarbures”, a-t-il analysé, avant de plaider pour des véritables réformes structurelles et d’insister sur la nécessité de “démocratiser les exportations” et de “s’extirper de la division internationale du travail (DIT) de type colonial”, comme, entre autres, pistes pour le redéploiement des exportations.

Les travaux devaient se poursuivre avec des communications intitulées “L’économie algérienne : le poids de l’histoire et la dépendance des hydrocarbures” et “La stratégie nationale des exportations hors hydrocarbures”, ainsi qu’une dizaine d’ateliers que devaient animer de nombreux spécialistes sur cette même thématique des exportations.

Samir LESLOUS