Exportation de phosphate : Scandale à Ferphos

Exportation de phosphate : Scandale à Ferphos

Le trafic de drogue, les vols de véhicules et les détournements des biens publics occupent la scène médiatique et sont en tête des affaires criminelles que traitent quotidiennement les services de police et la justice algérienne.

Avant-hier, trois trafiquants de drogue ont été mis hors d’état de nuire : deux personnes originaires de Guelma et un grossiste de Annaba ont été interpellés, à bord d’un véhicule, en possession de plus d’un kilogramme de kif traité.

Il ne se passe pas une journée sans que les forces de l’ordre, agissant sur renseignements, démantèlent des réseaux de malfaiteurs et des associations de bandits de grand chemin. La dernière opération sécuritaire s’est soldée par l’arrestation des membres d’un réseau de vol de voitures, 9 personnes dont 4 sont en fuite.

Selon le chef de la police judiciaire de Annaba, Mohamed Yazid, 7 véhicules et une moto ont été récupérés par la police alors que les 5 malfrats furent placés en détention préventive. Trois autres individus ont été arrêtés à Chatt après avoir volé une Toyota, indique-ton. Lors d’un accident de la circulation, un individu a été transporté à l’hôpital Ibn-Rochd de Annaba, et suite à une enquête policière, il s’est avéré être le présumé auteur d’un crime commis à Boufarik en 2009.

Les éléments de la brigade économique n’ont pas chômé, eux aussi, ils ont mené une investigation au sein de la filiale Somiphos du Groupe Ferphos. 30 cadres supérieurs sont impliqués dans une affaire de détournement et dilapidation de biens publics, réalisation de contrats contre l’intérêt de la société, sinon de l’économie nationale, négligence flagrante dans l’activité ayant conduit à de grosses pertes financières, infractions au change et autres délits. Les faits remontent à l’année 2011 quand la police a relevé une mauvaise programmation dans les chargements du phosphate au niveau du port de Annaba.

10 bateaux étaient en rade et en attente de chargement avec un OK de la direction commerciale de Somiphos Tébessa, mais le chargement n’a pas eu lieu à temps, autrement dit un retard qui avait coûté la faramineuse somme de 2 millions de dollars en surestaries au profit des compagnies étrangères Indagro, Timac Rare Earth et Getax. Cette somme en devises était à la charge de l’entreprise.

Les enquêteurs ont poussé leur investigation plus loin, sur le staff, notamment le président du conseil d’administration, le directeur général et autres cadres de la société qui avaient programmé en 2011 des chargements de 300 000 tonnes de phosphate entre juillet et octobre de la même année, alors que les capacité, selon des spécialistes, de la mine de Djebel Onk, à Tébessa, ne peuvent dépasser les 150 000 tonnes/mois, avec un transport de 5 000 tonnes/jour vers Annaba.

Et l’entreprise n’avait pas rapatrié tous les montants des ventes précédentes, ce qui est une infraction au change avec la complicité, indique- t-on, de l’agence BNA de Tébessa, la banque qui domicile les factures de vente du phosphate.

L’enquête policière révèle qu’en 2010, l’entreprise avait exporté 1,6 million de tonnes de phosphate alors qu’en 2011 il a été constaté une nette diminution avec une quantité de 1,2 million de tonnes, provoquant ainsi un manque de 400 000 de tonnes à l’exportation et des pertes financières de l’ordre de 250 milliards de centimes occasionnées à l’économie nationale. Alors que le Maroc, avait exporté 22 millions de tonnes en 2011, et la Tunisie, frappée par une crise, 6 millions de tonnes de phosphate pour la même période. Une question se pose : qui se cache derrière cela ?

La police économique en creusant a découvert que les ex-dirigeants de la société avaient effectué des investissements dans l’exploitation des réserves de phosphate au lieudit Bled El-Hadba, à Tébessa, de deux milliards de tonnes, en achetant une superficie minière en 2007 pour une valeur de presque 30 milliards de centimes et 15 camions qui avaient été laissés à l’abandon.

Les enquêteurs chargés du dossier ont déterminé que le prix de vente sur le marché international était de 140 à 150 dollars la tonne d’août à décembre 2011, alors que la société incriminée cédait le phosphate pour un prix de 80 à 90 dollars la tonne avec des contrats expirés.

Au 2e semestre 2011, du phosphate a été vendu pour une moitié à 140 dollars la tonne et 80 dollars la tonne pour l’autre à des entreprises comme Indagro, Afroeurop… d’où une perte de l’ordre de 50 à 60 dollars la tonne. Ils avaient, en outre, favorisé la société suisse Mekatrade contre certains privilèges que le Groupe avait obtenu, indique la police économique.

L’enquête s’est élargie vers une autre filiale du groupe, SPA Sotramine transport» ; celle-ci avait acheté 60 camions Mercedes entre 2006 et 2007 qui avaient été détruits ou désossés dans le but de figurer dans les bilans d’achats annuels. Enfin, il est que plus que probable que le Groupe, classé autre fois sixième mondial, court vers la faillite, compte tenu des pertes enregistrées.

Oki Faouzi