Les unités de production et de conditionnement de dattes doivent être mises à niveau et obtenir un label de certification, avant que les marchés à l’export ne soient verrouillés, estiment des professionnels de la filière qui revendiquent un soutien plus ferme pour les exportateurs.
« On doit absolument aller vers la certification des unités de production pour se mettre au niveau des standards internationaux », a indiqué à l’APS Najib Haddoud, membre de l’Association des producteurs de dattes de Tolga.
« Il y a des marchés qui nous sont hermétiques comme celui de l’Europe du Nord, et même les pays du sud de l’UE commencent à nous exiger des stratégies de mise à niveau et la démarche HACCP (un système qui identifie, évalue et maîtrise les dangers significatifs au regard de la sécurité des aliments, Ndlr) », a ajouté M. Haddoud.
Faute de certification, les exportateurs algériens sont contraints de passer par des importateurs étrangers qui achètent leur produit à très bas prix et le réexportent à un prix plus élevé, après l’avoir certifié. « Probablement, nous avons quatre ou cinq ans devant nous, si nous ne sommes pas certifiés on ne va rien pouvoir exporter parce que tout sera verrouillé », a-t-il averti.
La certification des entreprises de production et de conditionnement va permettre à ces dernières d’augmenter le volume des exportations en conquérant de nouveaux marchés.
L’Algérie produit en moyenne 600.000 tonnes de dattes par an, mais n’exporte que 25.000 tonnes actuellement contre 12.000 tonnes avant 2011, année durant laquelle les pouvoirs publics avaient accordé un important soutien à la filière, ce qui a relancé les exportations.
Pour inciter les producteurs à aller vers la certification, le Comité interprofessionnel de la filière datte a initié un projet intégré, en partenariat avec l’agence allemande de développement GIZ, sur le fractionnement des dattes afin d’en extraire d’autres produits dérivés.
« Nous avons décidé de créer, en collaboration avec le ministère de l’Industrie, de la PME et de la promotion de l’investissements ainsi que l’agence allemande GIZ, un réseau dattes qui va regrouper tous les acteurs de la filière », a indiqué M. Haddoud, lui-même producteur.
Ce réseau ou cluster « vise deux actions essentielles : la certification des unités de conditionnement avec l’assistance des experts allemands, et la réalisation d’une société algéro-allemande de production de sucre de dattes », explique-t-il.
Un voyage d’étude effectué en Allemagne a permis aux professionnels de la filière de visiter une usine de fabrication d’équipements de production de ce sucre ainsi que des clients intéressés par l’achat de ce produit, a révélé cet opérateur.
Au total, une trentaine d’unités de conditionnement est concernée par la certification dont une vingtaine installée à Biskra.
Pour le moment, il n’y a que quatre unités qui vont bénéficier d’une mise à niveau dans le cadre de ce cluster-dattes, les autres suivront dans le cadre du programme national de mise à niveau en vue de bénéficier des aides de l’Etat accordées à cet effet.
Outre la certification des producteurs, la filière dattes a besoin également d’organiser toutes ses structures afin de défendre le label de la datte algérienne et assurer sa traçabilité.
Seuls les producteurs, les conditionneurs et les exportateurs sont organisés en associations, mais pas les collecteurs et les commerçants ce qui favorise l’informel et la spéculation, selon les professionnels qui demandent aux pouvoirs publics de durcir le contrôle dans les zones de production et de commercialisation de dattes où « prolifèrent » les spéculateurs.
« Il y a des gens qui ne possèdent même pas un registre de commerce et stockent la datte dans des chambres froides pour la revendre au double de son prix et parfois même quatre fois plus », affirme M. Salim Haddoud, président du conseil interprofessionnel de la filière.
Concernant l’exportation, l’interprofession appelle les pouvoirs publics à réadapter le Fonds spécial pour la promotion des exportations (FSPE) afin d’accompagner les exportateurs dans le placement de la datte algérienne sur les marchés étrangers.
C’est le cas par exemple de la Deglet Nour en branches (commercialisée à l’état naturel sous forme de régimes) qui ne bénéficie d’aucun soutien à l’export bien qu’elle soit très demandée aussi bien sur le marché local qu’à l’étranger.
« La Deglet Nour branchée qui est la fierté de la datte algérienne s’exporte très peu par rapport à celle conditionnée en raison de la cherté de son prix comparé à celui des autres pays qui soutiennent cette variété », explique M. Haddoud.
« Cette variété a besoin d’être soutenue et certifiée pour qu’elle puisse pénétrer dans les marchés exigeant des produits de meilleure qualité comme ceux d’Europe du Nord », a-t-il ajouté.
En outre, les exportateurs algériens se disent « indignés » par la qualité médiocre des stands algériens dans les foires et salons internationaux.
« Les stands algériens sont les derniers de la classe, alors qu’ils devraient être les meilleurs », regrette M. Haddoud, qui a sollicité les pouvoirs publics pour intervenir « en urgence » afin d’améliorer les conditions de promotion du produit algérien à l’étranger.