Les discordes entre Madrid et Rabat deviennent de plus en plus nombreuses, avec cette nouvelle dispute d’eaux territoriales au large des îles Canaries, qui vient s’ajouter à celles sur les enclaves de Ceuta et Melilla, et les îles Perejil.
Le bureau des Nations unies a été destinataire d’un dossier espagnol revendiquant la souveraineté sur les ressources naturelles dans une zone de la mer d’environ 296 500 m2 à l’ouest des îles Canaries. Réaction quasi immédiate du Maroc, qui a adressé récemment une opposition aux Nations unies, contestant la requête de Madrid. Selon le royaume alaouite, elle concernerait les frontières maritimes des deux pays qui, pour le moment, n’ont pas encore été délimitées.
Le site internet marocain qui rapporte l’information cite des sources indiquant que ce projet espagnol ne date pas d’aujourd’hui, car en 2009 le gouvernement l’avait également soumis à l’organisation internationale, en faisant clairement référence aux eaux du Sahara occidental. Le Maroc reproche à l’Espagne de chercher à tenter de multiplier les opérations d’exploration d’hydrocarbures dans la zone à travers l’élargissement de ses frontières maritimes. Depuis, le texte final a été modifié et ne fait plus mention du Sahara occidental. Ainsi, Rabat et Madrid s’arrachent des réserves pétrolifères qui se trouvent dans des eaux territoriales appartenant à un pays, en l’occurrence le Sahara occidental, dont le conflit avec le Maroc est sur le bureau des Nations unies depuis 1975. L’ex-puissance coloniale de ce territoire (l’Espagne) et celle qui a pris le relais (le Maroc) se livrent à un nouveau duel pour exploiter les réserves pétrolifères de leur ancienne colonie, dont la décolonisation n’a pas encore été menée à son terme par l’Organisation des Nations unies.
Pour rappel, Rabat et Madrid n’ont toujours pas réglé leurs deux différends territoriaux, qui portent sur les enclaves espagnoles dans le nord du Maroc, à savoir Ceuta et Melilla, ainsi que sur les îles Perejil. En effet, la monarchie marocaine ne cesse de contester la légitimité de l’occupation de ces territoires par son homologue espagnole.

Et c’est un troisième problème qui vient s’ajouter aux différends opposant ces deux pays. Jusqu’à maintenant, ni le Maroc et encore moins l’Espagne n’ont révélé leurs véritables intentions sur cette extension des eaux territoriales. Mais il ne fait aucun doute que ce sont les hypothétiques réserves en hydrocarbures qui font courir les deux parties. De son côté, le Maroc a multiplié les explorations ces derniers mois dans cette partie séparant les îles Canaries du Sahara occidental. Pour rappel, la frontière maritime dans tous les pays est fixée à 200 milles nautiques de la côte, comme établi dans la Convention des Nations unies sur le droit de la mer. Cependant, cette règle permet aux États d’étendre leur frontière maritime jusqu’à 350 milles.
M. T.