Dans une déclaration rendue publique, hier, Ali Benflis a critiqué la décision d’exploiter le gaz de schiste prise par Abdelaziz Bouteflika en Conseil des ministres. Benflis relève que cette mesure a été entérinée en dehors de tout cadre légal, le Haut-Conseil de l’énergie n’ayant pas été saisi. Décision «hâtive et précipitée» aux conséquences graves.
C’est ainsi que qualifie Ali Benflis l’autorisation de l’exploitation du gaz de schiste prise par le Conseil des ministres. «Refusant par principe de m’engager sur la voie du procès d’intention, je ne peux néanmoins manquer au devoir de sensibiliser notre opinion publique au sujet d’une décision hâtive dont les conséquences pourraient se révéler désastreuses du point de vue économique et écologique pour notre pays.
En effet, les pouvoirs publics semblent méconnaître ou ignorer le débat qui agite de nombreux pays sur ce sujet en termes de rentabilité, de protection d’environnement et, fait encore plus grave, pour l’Algérie en termes de préservation de nos ressources hydriques. Au lieu d’élaborer une véritable stratégie de transition énergétique et de penser sans plus tarder aux voies et moyens garantissant une véritable diversification de notre économie, les pouvoirs publics ont, comme à l’accoutumée choisi les solutions de facilité. Ceci est une tentation du court terme, qui fait courir le risque d’hypothéquer gravement notre avenir en termes de développement durable», indique-t-il dans une déclaration rendue publique hier.
Il s’avère, en effet, qu’une telle mesure aurait dû être adoptée par le Haut-Conseil de l’Energie. «Les pouvoirs publics pèchent à l’évidence pour le moins par excès de précipitation auquel des lectures politiques ont été données. J’observe que même le Haut-Conseil de l’énergie n’a pas été consulté sur ce sujet, relevant le peu de cas qui est fait de cette institution constitutionnelle». Selon Benflis, cette question nécessite l’instauration d’un large débat puisqu’elle engage l’avenir politique et économique du pays.
«Sans fermer la porte aux opportunités que pourrait éventuellement offrir la production du gaz de schiste à notre pays une fois que l’intérêt de son exploitation prouvé de tous points de vue, j’appelle à l’instauration d’un véritable débat national impliquant tous les acteurs concernés et faisant appel à l’expertise de nos compétences avérées nationales dans l’objectif d’éclairer la décision sur un sujet aussi déterminant pour l’avenir de la Nation. La culture de l’Etat et le respect des règles élémentaires de la démocratie et de la bonne gouvernance commandent de ne pas exclure le peuple algérien des décisions qui conditionnent son futur et celui des générations à venir».