Le procureur général près la cour d’Alger a ouvert une enquête au sujet de l’Entreprise d’exploitation des mines d’or (ENOR), sa création, ses financements, ses contrats et ses marchés d’importation de matériels et produits nécessaires à la production.
Le Département du renseignement et de sécurité (DRS) mène des actions en parallèle afin de tirer au clair certaines transactions liées notamment aux conditions de création de Gold Mining Algeria (GMA), une filiale de l’australien GMA Ressources mais dont l’actionnariat semble se composer d’une mosaïque de nationalités.
Les investigations menées par un émissaire spécial et une brigade régionale du DRS, ainsi que par la brigade économique et financière du même organisme de sécurité ont pour objet de démystifier les moyens par lesquels étaient financés les investissements de GMA ainsi que ses achats acheminés depuis l’étranger, nous explique une source judiciaire très au fait du dossier.
Selon la même source, plusieurs parties ont été déjà entendues par les différents services de la justice et de la sécurité concernés par les investigations.
L’entreprise publique des hydrocarbures Sonatrach détient 48% des actions de l’ENOR, alors que le partenaire australien GMA est détenteur des 52% restants. Sonatrach avait racheté, en avril 2006, les actions de la Banque d’Algérie, de la SAA, d’ENOF, de la SGP Somines, d’Agenor et d’ORGM. D’après certaines informations, il semblerait que les premiers investissements de GMA auraient été financés par les banques publiques. Les capitaux injectés auraient dépassé les 100 millions de dollars.
Mais depuis quelque temps, suite aux investigations enclenchées au sujet de GMA, les responsables de cette filiale de la compagnie australienne GMA Ressources ont opté pour la spéculation afin de collecter les fonds nécessaires pour le plan d’investissement à moyen terme. L’un des responsables de GMA est allé jusqu’à déclarer, depuis Londres, où est domiciliée la compagnie, qu’ils « venaient de découvrir l’un des plus importants gisements d’or de l’Afrique ».
La déclaration était destinée à attirer les investisseurs pour l’achat de certaines actions mises en vente suite à une grave crise dans laquelle s’était enlisé le partenaire de Sonatrach. GMA, qui finançait ses investissements auparavant grâce à des capitaux algériens, ne cachait donc plus ses difficultés financières qui sont apparues avec les premières investigations enclenchées par les autorités algériennes.
En novembre 2009, le groupe GMA Ressources a confirmé avoir cédé 9% de son capital, d’une valeur de 1,9 million de livres sterling, à l’entreprise égyptienne Asec Mining.
Cette transaction était destinée à renflouer les caisses de la filiale algérienne afin de concrétiser un plan d’investissement et d’améliorer la production de la mine d’Amesmessa, àTamanrasset.
Cinq mois plus tard, en mai 2010, les administrateurs de GMA ont annoncé une série de négociations avec des investisseurs potentiels, y compris les actionnaires existants, afin de garantir un fonds de roulement à l’entreprise.
L’objectif, cette fois-ci, étant de collecter une somme de 1,6 million de livres sterling. Le 30 juin dernier, GMA a annoncé avoir conclu des accords de souscription avec Sahara Gold Limited, une filiale en propriété exclusive de SAE Ascom, une compagnie minière contrôlée par Citadel Capitals, une entreprise égyptienne de private equity.
Ken Crichton, intérimaire au sein de GMA et employé de la compagnie égyptienne, entend, lui, souscrire à 8 000 000 d’actions ordinaires. Ces négociations avec la compagnie égyptienne et un employé de GMA pour l’achat des actions mises en vente suscitent déjà moult questionnements.
Mais pour les enquêteurs algériens, il s’agit d’aller à la première source de financement de GMA, qui impliquait des banques algériennes. Les marchés d’importation de matériels semblent être douteux également. Il s’agit de répondre aussi à une question capitale : sur quelle base le ministère de l’Energie et des Mines avait-il choisi, en 2002, la compagnie australienne GMA pour l’exploitation de la mine d’or d’Amesmessa ?
Par Ali Titouche