Lors de la Journée mondiale de la lutte contre la traite d’êtres humains, L’UNICEF a publié un rapport alarmant. Ce dernier met en lumière l’exploitation criminelle des mineurs en France, soulignant que les Algériens et les Marocains font partie des premières victimes de ce phénomène largement méconnu.
En France, l’exploitation criminelle des enfants est un phénomène méconnu et souvent mal géré. D’après le rapport de l’UNICEF, de nombreux enfants ne sont pas identifiés comme tels, ce qui les rend « invisibles« . Le cadre juridique peine à reconnaître leur statut de victime : bien que la traite des êtres humains inclue l’obligation de commettre des délits, ces mineurs sont en réalité souvent poursuivis en tant que délinquants.
Les statistiques sont alarmantes : plus de deux tiers des victimes d’exploitation criminelle sont mineures. La majorité de ces enfants viennent d’Afrique, majoritairement du Maroc et de l’Algérie : « 92% seraient des mineurs non accompagnés, majoritairement originaires d’Algérie et du Maroc« , souligne le rapport. Ces jeunes qui manquent de protection deviennent une cible facile pour le réseau criminel.
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Des enfants algériens contraints de commettre des infractions
En effet, ces mineurs exploités sont contraints de commettre divers crimes, tels que le vol, le trafic de drogue, le proxénétisme ou l’aide au passage illégal des frontières. Dans le nord de la France, par exemple, certains d’entre eux sont embauchés pour faciliter les traversées vers le Royaume-Uni, notamment en conduisant des bateaux ou en ouvrant des camions.
Pour les piéger, les recruteurs leur font souvent des promesses d’un voyage gratuit ou leur créent une dette qu’ils doivent rembourser, les maintenant ainsi sous leur emprise.
Selon l’UNICEF : « les exploiteurs se présentent comme des figures de soutien, fournissant logement, nourriture ou protection. Ils instaurent une dépendance, matérielle, psychologique et parfois chimique« . En effet, des substances comme le Rivotril sont données à ces enfants, les désinhiber, avant de créer une addiction servant à les contrôler.
Ces mineurs vivent dans la peur constante de subir des violences, qu’elles soient physiques ou sexuelles. Un cas révélé à Marseille a mis en lumière l’horreur de ces situations : des réseaux criminels séquestraient, frappaient et violaient leurs victimes, lorsqu’ils n’atteignent pas les objectifs quotidiens fixés par les exploiteurs.
Entre répression et absence de protection
Malgré leur situation, le système judiciaire français persiste à traiter ces mineurs comme des délinquants, plutôt que comme des victimes. L’UNICEF dénonce cette pratique, soulignant que « les enfants victimes d’exploitation criminelle sont trop souvent poursuivis et sanctionnés pénalement pour les infractions qu’ils ont été forcés de commettre« .
La plupart des affaires ne sont pas traitées comme de la traite d’êtres humains, ce qui permet aux véritables exploiteurs d’échapper à toute sanction. En effet, le système judiciaire français préfère souvent les procédures accélérées et les mesures répressives, délaissant une approche socio-éducative qui pourrait aider ces jeunes à s’extraire de ce cycle de violences.
Le rapport de l’UNICEF préconise une approche de la prise en charge centrée sur les droits de l’enfant, notamment en plaçant « l’intérêt supérieur du mineur au cœur des politiques« .
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