L’Algérie a réitéré ses positions en matière de lutte contre Al-Qaïda dans le Maghreb (Aqmi) en déclinant une invitation à la réunion d’un groupe d’experts du G8, ouverte hier à Bamako
Contrairement à d’autres pays de la région, l’Algérie, qui considère que la lutte contre Aqmi est l’affaire des seuls pays du Sahel concernés et ne souhaite pas l’implication de pays qui y sont étrangers, brille par son absence à cette réunion.
Selon l’AFP, une réunion du Groupe d’action antiterroriste des pays du G8 (CTAG) s’est ouverte hier à Bamako, pour étudier les moyens de renforcer la lutte dans le Sahel contre Al-Qaïda au Maghreb islamique qui détient sept otages dont cinq Français au Mali.
Participent à cette réunion d’experts des représentants du G8 (Etats-Unis, Russie, Japon, Canada, France, Grande-Bretagne, Italie et l’Allemagne), ainsi que de l’Union européenne, la Suisse, l’Espagne et l’Australie.
Plusieurs pays de la région (Maroc, Mauritanie, Niger, Burkina Faso, Sénégal, Nigeria notamment) ont été invités à participer à cette rencontre. Le ministre malien des Affaires étrangères, Moctar Ouane, a estimé que cette réunion était « une marque d’estime et de confiance de la communauté internationale » envers le Mali.
Le nord du Mali est l’un des théâtres d’opération d’Aqmi qui y retient en otages cinq Français, un Malgache et un Togolais enlevés mi-septembre au Niger. Selon l’agence française qui cite une source diplomatique dans la région, le fait que la réunion se tienne dans la capitale malienne est « une façon de montrer qu’il y a un enjeu terroriste » dans cette région.
L’objectif de la rencontre « est de faire progresser une prise de conscience » sur la nécessité de renforcer et coordonner la lutte antiterroriste dans les pays de la bande sahélo-saharienne, a précisé cette source.
Parmi les points abordés lors de cette réunion qui s’achèvera aujourd’hui, devrait notamment figurer la question du contrôle des frontières et du rôle que doivent jouer dans le combat anti-Aqmi l’Union africaine (UA) et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao).
Le CTAG a été créé sous la présidence française du G8 en 2003 et vise au renforcement des capacités de la lutte antiterroriste. L’Algérie avait clairement exprimé ses positions en matière de lutte contre Al-Qaïda au Maghreb, lors de la dernière réunion de Tamanrasset du Conseil des chefs d’état-major de l’Algérie, du Mali, de la Mauritanie et du Niger.
Le général de corps d’armée, Ahmed Gaïd Salah, a appelé, lors de son intervention, les pays de la région à respecter leurs engagements et à passer à l’action en ce qui concerne la lutte contre le terrorisme, la criminalité organisée et tous les autres phénomènes connexes.
Le chef d’état-major de l’ANP s’est dit, en cette occasion, « convaincu » que les Etats membres de ce Comité sauront assumer leurs responsabilités et se montrer à la hauteur des ambitions et des attentes de leurs pays respectifs.
Cette rencontre aura constitué, selon les propos du colonel Sebaâ Mabrouk, porte- parole de la réunion, « une confirmation avérée du respect de tous les engagements pris par les forces armées des pays membres et un message clair pour exprimer leur volonté et leur détermination, ainsi que leur capacité effective à prendre en charge, de façon autonome et collective, leurs questions sécuritaires en toute liberté et en toute souveraineté ». L’Algérie a fortement insisté sur la fait que les problèmes de la zone doivent concerner essentiellement les pays de la zone.
Le 29 septembre dernier, les responsables du renseignement d’Algérie, Mauritanie, Niger et Mali s’étaient réunis à Alger pour élaborer un centre commun de renseignement afin de lutter contre l’augmentation des actes terroristes dans la région du Sahara- Sahel.
La réunion sécuritaire a lieu trois jours après celle des chefs d’état-major des quatre pays à Tamanrasset. Le centre sera constitué d’une coalition d’officiers de haut rang des quatre pays qui assumeront la défense du territoire.
Les officiers échangeront toutes informations sur les activités des groupes terroristes dans la région, leur implantation, leurs mouvements et surtout l’identité de chacun de leurs membres. La direction du centre sera tournante, comme l’est le Conseil d’état-major militaire régional qui s’était réuni à Tamanrasset. L’Algérie avait, à cette occasion, passé la présidence du Conseil au Mali.
Djamel Belaïfa