Exclusif, Piqué : «L’Algérie a des atouts pour passer au 2e tour du Mondial»

Exclusif, Piqué : «L’Algérie a des atouts pour passer au 2e tour du Mondial»

«Il faut respecter la décision de Lacen»

Pour la deuxième fois en une année, Gerard Piqué, le défenseur central du Barça, accepte de s’adresser aux supporters algériens à travers Le Buteur.

Entre les deux entretiens, beaucoup de choses se sont passées avec notamment la qualification de l’Algérie en Coupe du monde. Vous allez vous apercevoir que Piqué connaît beaucoup de choses sur notre pays.

La dernière fois qu’on avait parlé de l’Algérie, vous nous aviez dit que vous ne saviez pas beaucoup de choses sur le football de ce pays. Aujourd’hui, en savez-vous un peu plus ?

Bien sûr, parce que l’Algérie est qualifiée en Coupe du Monde et cela change tout. Cela prouve tout simplement qu’ils ont une équipe de qualité parce qu’ils font partie des 32 meilleures équipes du monde.

Avez-vous entendu parler de la rencontre Egypte – Algérie ?

Oui, j’ai vu surtout deux images qui m’ont marqué, l’une en bien et l’autre en mal. J’ai été impressionné par l’accueil réservé à la sélection à son retour en Algérie. C’est vrai qu’on a vécu la même chose en 2008, mais on était champions d’Europe quand même. C’est rare qu’une équipe qui se qualifie au Mondial soit accueillie de la sorte. J’ai également été choqué par les images de deux joueurs le visage ensanglanté après le caillassage du bus algérien par des supporters égyptiens. Des choses pareilles ne doivent jamais avoir lieu.

Pensez-vous que dans un groupe composé de l’Angleterre, des Etats-Unis et de la Slovénie, l’Algérie a les moyens de se qualifier aux huitièmes de finale ?

A priori, l’Angleterre paraît supérieure avec des joueurs de meilleur niveau. Les Américains sont loin d’être mauvais, mais dans une compétition comme la Coupe du Monde, la mentalité, la confiance, la forme du moment, et la solidarité entre les joueurs sont les clés de la réussite.

Et là, je peux dire que les Algériens n’ont rien à envier aux autres équipes du groupe. Pour résumer, ce sera dur pour tout le monde et toutes les équipes auront des chances, y compris l’Algérie qui n’est pas là par hasard.

Vous avez joué et perdu contre les Etats-Unis lors de la Coupe des confédérations. Que pouvez-vous nous dire sur cette sélection ?

Leur force est qu’ils constituent un véritable bloc. Ils montent tous ensemble et se regroupent vite derrière. En attaque, ils sont très habiles et rapides. C’est ce que je disais tout à l’heure, avec Villa, Iniesta, Torres, Xavi etCasillas on devait les battre sans problème ; mais si on est dans un mauvais jour et si l’adversaire est bien dans sa tête il peut vous créer des problèmes et vous surprendre.

C’est ce qui s’est passé avec les Etats-Unis lors de la Coupe des confédérations.

Les Américains ont-ils des points faibles que les Algériens peuvent mettre à profit ?

C’est sûr qu’ils en ont. Contre nous, ils se sont contentés de jouer derrière parce qu’ils savaient que l’Espagne joue toujours l’attaque à outrance. En ouvrant le score sur un contre rapide, ils nous ont mis dans une situation délicate, car on devait égaliser à tout prix. Cela leur a permis d’avoir beaucoup d’espace et de créer le danger.

Les Américains ont une paire centrale forte et solide, des attaquants rapides ; techniquement ils ne sont pas mal non plus, mais ils prennent rarement l’initiative et lorsqu’ils le font, ils ne le font pas bien. C’est peut-être cela leur principal point faible.

Connaissez-vous Mehdi Lacen, le milieu de terrain algérien du Racing Santander ?

Bien sûr. Depuis le temps qu’il joue en Liga, il a fait son chemin et il est connu dans toute l’Espagne. C’est un joueur solide qui ne lâche rien.

Comprenez-vous qu’il n’ait pas encore joué le moindre match avec l’Algérie ?

Je ne connais pas sa situation pour pouvoir parler à sa place. Tout le monde sait que c’est très valorisant de jouer pour une sélection qualifiée en Coupe d’Afrique et en Coupe du Monde, mais si Lacen n’y est pas encore c’est qu’il a de bonnes raisons et il faut les respecter.

Beaucoup pensent que la Coupe du Monde ne peut pas échapper aux Espagnols. Etes-vous de cet avis ?

C’est vrai que nous possédons un très bon groupe, c’est vrai aussi que nous sommes en confiance depuis que nous avons remporté la Coupe d’Europe, mais une Coupe du Monde, c’est un mois de compétition avec des matchs à élimination directe où tout peut se passer. Et puis, nous ne serons pas les seuls favoris en Afrique du Sud, il y a d’autres sélections capables de remporter le trophée.

Lesquelles ?

Les habituels favoris comme le Brésil, l’Argentine, la France, l’Angleterre… Cette fois-ci, et contrairement aux éditions précédentes, l’Espagne s’ajoutera à ce groupe de favoris. Toutefois, on peut être les meilleurs et on ne gagne pas à la fin parce qu’une telle compétition dépend de beaucoup de choses, on n’aura même pas le temps de se rattraper si on rate un match. Parfois, un petit détail peut coûter l’élimination d’une sélection.

On ira en Afrique du Sud pour ramener la Coupe du Monde, mais on est conscients qu’avec la formule actuelle et le niveau des équipes présentes ce sera très compliqué. On doit aborder les matchs l’un après l’autre, on doit préparer le premier match face à la Suisse pour le gagner, ensuite on se concentrera pour le match d’après et ainsi de suite. Il serait suicidaire de penser au match des quarts de finale et calculer contre qui nous jouerions. Cela ne nous aidera sûrement pas.

Gagner la Coupe du Monde, ce serait l’apothéose pour vous après la saison exceptionnelle que vous venez de réaliser avec le Barça, n’est-ce pas ?

Ce fut une saison incroyable. Vous vous imaginez, six titres majeurs en quelques mois ! Cela n’a jamais été réalisé avant nous. C’est une saison inoubliable. Remporter la Coupe du Monde après tout ce que j’ai vécu avec le Barça ? Je ne veux même pas l’imaginer.

Seriez-vous capables de refaire le coup de la saison qui vient de s’écouler ?

Oui, je nous vois capables de tout gagner une nouvelle fois. C’est vrai que ce sera très dur comme toujours, mais au Barça nous abordons toujours les matchs avec une seule idée en tête : gagner et faire le spectacle. La clé de notre réussite c’est de tout donner, pas uniquement à chaque match mais aussi à chaque entraînement.

Avec cet état d’esprit et les joueurs qu’on possède comme Messi, Iniesta, Xavi et les autres, il sera très difficile de nous arrêter. Avec de tels joueurs tout devient facile, mais s’il n’y avait pas un engagement total de tout le groupe et un sacrifice de chaque joueur on n’aurait jamais gagné six titres en une saison. L’attitude de Guardiola a également été très importante.

Pourquoi ?

C’est lui qui nous a inculqué cet esprit de sacrifice en nous répétant à satiété : «Même si vous êtes les meilleurs, si vous ne courrez pas pour le coéquipier, vous ne gagnez pas.» Ensuite, il nous a donné beaucoup de confiance, surtout aux plus jeunes, à ceux qui viennent de la pépinière. Au Barça, tout le monde se sent concerné.

Cette année, le Real semble gagner du terrain…

C’est normal qu’ils gagnent du terrain après avoir dépensé presque 300 millions d’euros en transferts. Ils ont recruté le meilleur joueur de la Primerleague, le meilleur de la Ligue 1 et le meilleur du Calcio, j’espère qu’Ibrahimovic ne sera pas vexé (il rit).

Ils ont même voulu ramener le meilleur de la Bundesliga… Au Real, ils ont une philosophie et nous on a la nôtre, mais je n’échangerai pas la philosophie du Barça pour tout l’or du monde.

Correspondant permanent à Barcelone : Gonçal Pérez