Exclusif : Liassine Cadamuro Bentaïba : «Mon choix de l’Algérie est irrévocable !»

Exclusif : Liassine Cadamuro Bentaïba : «Mon choix de l’Algérie est irrévocable !»

Alors Liassine, quels sont les échos dans votre entourage après notre dernier entretien ?

Positifs, très positifs même ! Toute ma famille m’a appelé pour me féliciter d’avoir annoncé mon engagement avec l’équipe d’Algérie. Ma famille d’Algérie (Bousmaïl, ndlr) a appelé ma grand-mère pour lui dire qu’on est fier de tout ce qui se passe. Franchement, je ne pensais pas que ça allait prendre de telles proportions. C’est là qu’on se rend compte de la passion des Algériens pour le football. J’en suis très fier personnellement. Fier et très content de tout ce qui m’arrive depuis notre dernier entretien.

Est-ce que le sélectionneur national Vahid Halilhodzic vous

Non, pour l’instant personne ne m’a appelé de la sélection. Ni le coach ni quelqu’un d’autre.

Même pas le président de la fédération ?

Non, pas que je sache. Mais j’ai su par le biais de mes proches qu’on leur a remis mon numéro de téléphone. Alors j’attends avec impatience leur appel. (Il sourit).

C’est très rassurant de vous entendre dire cela. C’est rare qu’un jeune joueur s’avance comme vous vers la sélection d’Algérie…

Non, non, c’est plutôt naturel chez moi. Comme je vous l’ai déjà dit, je serai honoré de jouer pour l’Algérie. Je ne vais pas imposer ma personne dans l’équipe, puisque c’est le coach qui sélectionne les joueurs. Mais moi, je voulais d’abord jouer avec la Real Sociedad, m’imposer en club, pour mériter cet honneur. J’espère que je vais poursuivre sur cette lancée et faire d’autres apparitions en championnat. Je voudrais arriver en sélection en force.

Est-ce que Philippe Montanier vous a parlé de votre choix

Non, le coach me conseille beaucoup à l’entraînement et je l’écoute attentivement, car il y a un très grand respect entre nous et je sais qu’il va m’aider à progresser. Après, en ce qui concerne mon choix de jouer pour l’Algérie, je reste tout de même souverain. Il n’y a que moi qui décide de cela. Le coach ne m’a jamais parlé sur ce sujet. Il m’a juste dit qu’il connaissait votre journal depuis l’époque où il était entraîneur à Valenciennes. Mais cette décision est la mienne à 100%.

Qu’est-ce que ça fait de jouer votre premier match contre le Barça ? Pourriez-vous nous dire comment on se prépare dans la tête pour un tel match ?

Avant le match, c’est vrai qu’on est très excité de jouer contre le Barça. Mais dans ma préparation, je peux vous assurer que je me suis préparé exactement comme pour les autres matchs. Je n’ai rien fait de plus ou de moins. Je ne me suis pas pris la tête en pensant constamment à ce match. C’était donc une semaine de travail ordinaire, bien que l’adversaire s’appelle Barcelone. Mais c’est vrai que j’étais très content d’apprendre que mon nom figurait sur la liste des joueurs convoqués pour affronter le Barça.

Et avant de faire votre entrée ?

C’est vrai que quand on est sur le banc des remplaçants, on reste concentré et on n’a qu’une envie, c’est de voir le match tourner en notre faveur. On est aussi impatient de faire son entrée.

Et quand Philippe Montanier vous demande de rentrer ?

Là, je ne me suis pas posé la moindre question. On va en guerre dans ce genre de match. Devant nos supporteurs, dans notre stade, on n’a pas à calculer. On n’a qu’une seule envie, c’est de tout donner pour aider l’équipe

à gagner.

Franchement Liassine, on n’a pas un peu peur quand on fait ses débuts en Liga face à Léo Messi, Xavi, Inesta, Villa, Pedro et le grand Barça en face ?

Sincèrement, je ne me suis pas posé de questions. C’est sûr qu’on est sous pression, mais de la pression positive. Ce n’est pas cela qui allait m’empêcher de jouer mon jeu. Bien au contraire, on a envie de montrer qu’on mérite la confiance du coach, qu’on mérite aussi d’être sur le terrain. Je ne doute pas de mes capacités. Cela ne m’a pas empêché de jouer mon football, tout comme mes coéquipiers.

Quelles consignes vous a donné le coach avant de faire votre entrée ?

Il m’a demandé d’aider Daniel Estrada dans le couloir en pressant devant mais aussi de tenter d’apporter le danger devant dès que c’est possible. J’ai joué à un poste inhabituel pour moi. A vrai dire, je n’avais jamais évolué comme milieu droit. J’étais dans la découverte totale, mais dans ce genre de match, on ne se pose pas de questions. On entre avec l’intention de tout donner avec les camarades.

Et à la fin du match, à quoi avez-vous pensé ?

(Il sourit). Sincèrement, j’étais très content d’avoir démarré chez les pros contre le Barça. Je crois que je peux dire que c’est le plus beau jour de ma vie de footballeur. Surtout qu’on a failli gagner ce match dans les dernières minutes. J’étais vraiment heureux d’avoir aidé l’équipe à arracher ce nul, surtout après avoir été mené face à cette équipe monumentale du Barça. Ce n’était pas évident de revenir au score, mais on a réussi à le faire grâce au mental de l’équipe.

Justement, votre mental s’adapte vraiment à celui des Basques…

Oui, c’est vrai que les Basques ont un mental d’acier et je pense que moi aussi je possède la même hargne. On ne recule devant rien (il sourit).

Avoir Messi sur son chemin, ce n’est pas facile, non ?

Franchement non. Il est impressionnant ! C’est tout de même Messi ! Mais personnellement, quand je suis sur le terrain, je vous assure que j’oublie qui est devant moi. Qu’il s’appelle Messi ou autre, je ne calcule pas du tout qui est en face de moi. Je fais en sorte qu’il ne puisse pas prendre le dessus, point barre.

Vous lui avez tiré le maillot et vous avez reçu un carton jaune…

Oui, je ne pouvais pas le laisser partir sur cette action, car je savais que ça allait mettre la défense en danger. Mais franchement, que ce soit Messi ou un autre joueur, j’aurai réagi de la même manière. L’objectif était de ne pas le laisser s’échapper. Je me suis sacrifié pour l’équipe et c’est normal.

Après, c’est lui qui a reçu un carton à son tour…

Oui, sur l’action, il a un peu simulé, même si moi aussi je l’ai un peu touché. L’arbitre a bien vu l’action et a pris la décision de l’avertir à son tour.

Vous avez fait match nul sur toute la ligne avec Messi…

(Il rigole). Oui, on peut dire ça comme ça. Ils ont mis deux buts, nous aussi, j’ai reçu un carton jaune, Messi aussi. Mais c’est vrai que ce n’était pas facile de tenir tête au Barça. C’est une équipe extrêmement redoutable. Il faut vraiment rester constamment vigilant. On n’avait pas le droit de s’oublier du début à la fin du match. Ils ont des joueurs qui vont très vite et de manière très intelligente. Le danger est permanent avec eux.

Vous avez échangé votre maillot avec Daniel Alves. C’est un choix de votre part ?

Déjà, quand j’étais sur le banc, je regardais attentivement comment il se déplaçait et se replaçait. C’était vraiment un régal ! Pour moi, Alves est incontestablement le meilleur au monde à son poste. Il est vraiment inépuisable. C’est un joueur complet. Je suis vraiment en admiration devant lui.

Que vous ont dit vos coéquipiers et le coach en fin de match ?

Ils m’ont tous félicité pour ce que j’ai fait. J’étais très content qu’ils me manifestent autant de sympathie. C’est encourageant pour la suite.

Beaucoup d’Algériens ont suivi ce match et vous ont enfin découvert…

Oui, j’ai appris cela. Je n’en suis que plus fier d’avoir donné du plaisir à mes compatriotes. J’espère que je serai à la hauteur lors des prochains matchs. Il faudra maintenant confirmer face à Seville. Ça va être chaud mais il faudra tout donner dans ce match pour ne pas avoir de regrets.

Certains parmi les Algériens qui ont suivi le match sur les chaînes françaises n’ont pas bien apprécié que le commentateur vous appelle «le petit français»…

C’est vrai que je suis né en France et que j’ai une triple culture. Je ne peux pas renier cela, mais je peux vous assurer que le jour où je porterai le maillot de l’équipe d’Algérie sur le dos, on ne parlera que de Liassine l’Algérien ! (Il sourit).

On entend encore certains dire que vous risquez de changer d’avis, maintenant que vous êtes bien installé au sein de la Real Sociedad…

Je peux vous assurer que mon choix de jouer pour l’Algérie est mûrement réfléchi et ma décision est donc irrévocable ! J’ai choisi de jouer pour l’Algérie et rien ni personne ne me fera changer d’avis. Je suis très, très fier de pouvoir vêtir un jour le maillot de l’équipe d’Algérie. Ce n’est pas après avoir procuré de la fierté à ma mère, mes oncles, ma grand-mère et toute ma famille en Algérie et ailleurs que je vais me mettre à changer d’avis. C’est insensé. Que ce soit clair, moi, dans ma tête, ce sera l’Algérie et rien d’autre. Mais avant cela, c’est sûr qu’il faudra que le sélectionneur national veuille bien me faire confiance.

A quel poste aimeriez-vous jouer au juste ?

Vous savez, personnellement je n’ai pas de préférence. Avec la Real, j’ai même joué en milieu droit, alors que je n’y avais jamais joué auparavant. Je suis à la disposition du coach. Je peux jouer dans l’axe, comme sur les côtés. Je suis à l’aise à gauche comme à droite. Tant que je peux aider l’équipe…

Un mot pour les supporteurs algériens qui vous encouragent un peu partout ?

Je voudrai leur dire merci du fond du cœur. Depuis que je m’étais adressé au Buteur, je reçois beaucoup de courrier d’encouragement. Franchement, j’en suis très fier. C’est eux qui me confortent dans mon choix de l’Algérie. J’espère que je serai à la hauteur de leur attente en représentant l’Algérie de la manière la plus honorable, tant avec la Real Sociedad qu’avec l’Equipe nationale.