Exclusif : Hassan Shehata «A Oum Dorman, c’était explosif !»

Exclusif : Hassan Shehata «A Oum Dorman, c’était explosif !»

« Je voudrais revenir sur la démission de mon ami Rabah Saâdane en disant que le football est ainsi fait, de victoires, mais aussi de défaites et de matchs nuls. »

Lorsqu’on l’a aperçu dans le salon d’honneur de l’Aéroport international de Tripoli, la distance qui nous séparait de l’entraîneur emblématique de l’équipe nationale d’Egypte n’était pas importante.



Mais l’imposant service de sécurité qui se dressait entre nous rendait la mission quasiment impossible. Mais en bons Algériens que nous sommes, nous avons décidé, malgré les risques qu’on encourait, de tenter une incursion à la Matmour.

Et l’intrépidité fut gagnante ! Nous voici donc devant Hassan Shehata en personne qui, à notre grand étonnement, nous invita à partager la table qu’il occupait pendant l’escale, avant de reprendre l’avion à destination du Niger. Qui l’aurait cru ? Posons plutôt les questions à celui qui nous accueille aussi fraternellement. Appréciez l’échange.

Monsieur Shehata, vous êtes toujours en poste, alors que Rabah Saâdane, qui vous a barré la route du Mondial, a été poussé vers la démission. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

Franchement, quand j’ai appris que l’Algérie s’est séparée de monsieur Rabah Saâdane, j’avais du mal à le croire. Je me suis dit comment un entraîneur qui a réussi à qualifier son équipe en Coupe du monde après 24 ans d’absence et qui a joué une demi-finale de CAN peut être stoppé dans son élan. Sincèrement, c’est incompréhensible. Rabah Saâdane est un grand entraîneur que je respecte énormément.

Pour moi, on peut dire qu’il est comme mon frère. On se respecte beaucoup. J’ai encore du mal à saisir ce qui s’est passé. Comment peut-on se passer d’un tel entraîneur ? A croire que les Algériens ont oublié tout ce qu’il a réalisé pour le football en Algérie. C’est vraiment regrettable, mais je ne veux pas me mêler des affaires de la Fédération algérienne de football.

Les gens n’ont pas accepté que les Verts aient fait match nul à Blida face à la Tanzanie…

Que dire donc de nous ? L’Egypte aussi a été accrochée à domicile par la Sierra Leone. Ce n’est pas pour cela qu’on va demander la tête de Shehata, non ? Nous sommes trois fois de suite champions d’Afrique, mais nous avons été tenus en échec par la Sierra Leone.

Y a-t-il le feu pour autant ? Non, je ne le pense pas. Tout comme pour l’Algérie qui a fait match nul chez elle. On est exactement dans la même situation, mais les décisions sont différentes. Ce n’est pas une raison de tout chambouler.

Vous connaissez Abdelhak Benchikha, son successeur ?

Non, je n’ai pas encore eu l’honneur de le croiser. Mais j’estime que si la FAF a accepté de lui accorder un poste aussi important, c’est qu’on a décelé chez lui les qualités requises. En tout cas, sans le connaître, je lui souhaite une bonne réussite à lui et à l’Equipe d’Algérie.

Vous qui n’affrontez pas cette fois l’Equipe d’Algérie, comment voyez-vous le match des Verts en Centrafrique ?

Je pense que tout le monde s’est rendu compte aujourd’hui qu’il n’y a plus d’équipe faibles et d’autres fortes. Chaque match a sa particularité et le plus en forme, le plus vaillant des deux gagnera la partie. L’Algérie ira en Centrafrique certes avec un statut de mondialiste, mais cela risque de l’avantager comme la desservir. Oui, ça pourrait être un inconvénient, car les équipes qui vont vous affronter voudront toutes se payer la tête d’un récent mondialiste. Ça va les stimuler à un point insoupçonné.

Car ils se diront tous que c’est le moment de connaître notre vraie valeur. Et quoi de mieux pour le savoir que lorsqu’on se mesure à une équipe qui a atteint la phase finale de l’épreuve la plus prestigieuse au monde ! C’est pour cela que le bon sens voudrait que les joueurs algériens fassent tout pour imposer leur loi, où qu’ils jouent. Ils doivent se faire respecter !

On ne peut pas se séparer sans évoquer le choc qui vous a opposés à l’Algérie. Qu’en retenez-vous aujourd’hui ?

Je retiendrai d’abord que les choses se sont nettement calmées aujourd’hui, par la grâce d’Allah. Je voudrai surtout dire que les relations entre l’Algérie et l’Egypte ont de tout temps été excellentes.

Nous sommes toujours des frères et nous le resterons éternellement grâce à Dieu. Ce n’est pas un match de football qui va nous séparer et anéantir des relations ancestrales. Le seul point qui crée les tensions entre l’Algérie et l’Egypte, c’est cette rivalité sportive qui existe entre nous dans toutes les disciplines, à leur tête le football.

Ça a toujours été chaud entre nous, mais c’est vrai qu’à Oum Dorman, les bornes ont été toutes dépassées. Ça a été tout simplement explosif ! Mais, franchement, je regrette toute cette tension, car elle a fait beaucoup de dégâts dans les relations algéro-égyptiennes. On peut toutefois l’expliquer par le fait qu’il y avait à l’horizon une place en Coupe du monde et l’éternelle rivalité entre nous. D’un autre côté, les médias ont tout fait pour envenimer la situation.

Un mot avant de nous séparer ?

Je voudrais revenir sur la démission de mon ami Rabah Saâdane en disant que le football est ainsi fait, de victoires, mais aussi de défaites et de matchs nuls. Aucune équipe au monde n’est capable de gagner à tous les coups. Le public algérien a été habitué à voir son équipe gagner.

Tout comme chez nous. Mais les supporteurs doivent également comprendre que la défaite fait partie de la vie d’une équipe. A trop vouloir être exigeant, on finit souvent par perdre ses acquis.