Top départ du bac avec l’épreuve de philo. Pour l’ensemble des étudiants, il s’agit d’une grosse période de stress et de révisions. Cette année, le calendrier hégirien fait coïncider le jeûne du Ramadan avec les examens du bac et du brevet des collèges. Un défi, pour les lycéens et les collégiens musulmans qui affrontent cette épreuve physique et mentale, associée au risque d’une météo caniculaire. Durant ce mois sacré, qui a débuté le 6 juin 2016, les musulmans s’abstiennent de toute nourriture et boisson, de l’aube au coucher du soleil, soit 18 heures de privation. Le jeûne du Ramadan est préconisé dès la puberté. Mais peut-on s’abstenir de jeûner durant cette période critique ? Les instances religieuses sont divisées. Le CFCM (Conseil français du culte musulman) considère que cette prescription religieuse, quatrième pilier de l’islam, est impérative. Tandis que le CTMF (Conseil théologique musulman de France) a rédigé une « fatwa » (un avis juridique religieux) dispensant les étudiants de jeûner, ainsi peut-on lire sur leur page Facebook : « les élèves qui vont passer des examens, décisifs dans leur vie, peuvent ne pas jeûner, pendant la période de préparation, comme pendant les jours des examens, puisqu’ils ont besoin de manger pour leur préparation et leur application dans les réponses, notamment ceux qui connaissent leurs propres faiblesses et leur manque d’endurance. » Quant à ceux qui souhaitent relever ce double défi, comment concilier examens et spiritualité ? Un autre sujet de philo pour ces jeunes bacheliers !
Zaïnab Najimi 18 ans, élève en terminal Littéraire :
« J’ai l’habitude de jeûner depuis l’âge de 13 ans. Je pense davantage à mes exams qu’à la faim ou la soif, sauf la dernière heure, c’est la plus dure, celle où j’évite de réviser. Pour cette 1re épreuve de philo, je ne suis pas inquiète, parce que je mange à 4 h du matin et je n’aurai pas faim à ce moment-là. Le début du jeûne se fait environ à 4 h 30 du matin jusqu’à 22 h. C’est vrai que ça fait peu à dormir. Je mange, je prie puis j’essaie de me rendormir, ça marche, parfois non… Je suis soutenue par ma famille, qui me conseille et m’incite à me ménager. Avec mes copines, je leur ai demandé de ne pas changer leurs habitudes pour moi, elles ne s’interdisent pas de manger ou boire durant nos révisions. Avec les examens du bac, j’ai l’impression de faire l’impasse sur le spirituel. Je ne fais pas la prière de Tarawih qui dure jusqu’à 1 h 30 du matin, je ne vais pas à la mosquée comme j’avais l’habitude de le faire. Après les écrits, je compenserai parce que c’est important la spiritualité. »
Hakim Guellil 15 ans, collégien
« C’est un peu embêtant que le jeûne du Ramadan tombe pendant les examens parce que c’est fatiguant. Le brevet des collèges commence le 23 et le 24 juin. J’essaie d’organiser mon temps de travail, je fais des fiches de révisions, je révise surtout le matin et le soir. Avec le Jeûne du Ramadan, je me rends compte que je suis plus fatigué, parfois, ça me rend irritable et j’ai plus de mal à réviser, mais ça reste gérable. J’ai entendu parler de cette dispense pour les étudiants en examens, mais je préfère continuer à jeûner, parce que ce mois du Ramadan, c’est aussi une période de spiritualité. Ça se fait naturellement. Mes parents sont là, ils m’encouragent, et m’aident à me préparer aux examens. Ils m’incitent à faire moins d’efforts physiques, à m’aménager des plages de sommeil, parce que les nuits sont courtes, surtout que je révise dès 6 h du matin un peu avant les cours. Avec tout ça, je pense que l’épreuve du brevet devrait être plus facile ! »
Par Houari Samira