Au deuxième jour de son examen du projet de loi des finances pour 2012, après la présentation de ses grandes lignes et chapitres sectoriels, respectivement par le ministre des Finances et des membres du gouvernement, les députés qui ont entamé la veille le débat général ont appelé à l’édification d’une économie hors hydrocarbures dans un contexte de crise économique mondiale, revenant à l’une des préoccupations principales soulevées la veille par de nombreux députés plaidant en faveur d’une vision économique dynamique pour sortir de la dépendance des hydrocarbures.
Ils ont également interpellé le gouvernement sur la nécessité de construire une stratégie de la sécurité alimentaire du pays en vue de faire face aux impacts de la crise financière et économique actuelle. L’école algérienne et la qualité de la formation, l’université et l’émergence d’une élite nationale scientifique de qualité pour suppléer au quantitatif et aux exigences du siècle. Au plan économique, les députés ont mis l’accent sur des programmes d’envergure concernant les secteurs de la santé, du tourisme et des transports.
C’est en égrenant la trentaine de députés inscrits sur la liste des intervenants qui comporte 151, en plus des sept groupes parlementaires, du débat général du projet de loi de finances pour 2012, que les travaux de l’Assemblée populaire nationale ont repris hier matin lors d’une séance plénière présidée par Abdelaziz Ziari, et se poursuivant dans l’après-midi.
Des députés de diverses formations se sont relayés au micro pour user de leur temps accordant de l’importance au volet investissement et la priorité de consolider les infrastructures au besoin de les rentabiliser en améliorant la qualité et les compétences au lieu de faire du quantitatif qui aggrave le chômage et grève les finances de l’Etat sans de véritable solution à long terme en l’absence d’une stratégie pédagogique aux trois cycles d’éducation, de formation et d’enseignement supérieur.

Des stratégies sectorielles pour l’émergence
du savoir-faire
Pour sa part, le député de Batna, Mohamed Laâbassi, et au sujet des statistiques sur les investissements qui avoisinent le trillion de dollars, dont 60% des recettes sont réservés aux infrastructures ne produisant pas d’effets, considère que cela ne reflète pas véritablement le niveau de développement, ou encore le taux d’emploi, le rendement de la productivité ou l’augmentation des exportations hors hydrocarbures. Selon le député, l’analyse de ces statistiques montre qu’il n’y a aucune relation entre le volume des investissements et les dépenses en infrastructures, d’une part, et le taux du PIB hors hydrocarbures, ainsi que l’emploi hors de l’administration et des services, d’autre part. Des situations qui nécessitent des réponses claires et sans équivoque.
La veille, une trentaine de députés se sont prononcés au sujet du texte de loi pour l’exercice 2012, mettant le parallèle entre les réformes et la loi de finances complémentaire 2011 et les échéances prochaines, soulevant de multiples suggestions au sein d’une assemblée à moitié vide.
Aussi, au FLN, Sakina Messaâdi a appelé à l’élaboration d’une stratégie à même de renforcer le tissu des petites et moyennes entreprises (PME) en vue de mettre un terme à l’économie parallèle, insistant sur la nécessité d’encourager les investissements étrangers et communs susceptibles de résorber le chômage, tablant sur l’importance de créer une agence nationale du médicament en vue de mettre un terme au phénomène de trafic de médicaments et d’adopter une politique nationale du médicament, soulignant que 20.000 cancéreux ne bénéficient pas de la radiothérapie. C’est aussi le cas du député de la même formation, Mustapha Benatallah, qui a quant à lui mis l’accent sur la nécessité de doter le secteur de la santé dans les wilayas de l’intérieur du pays en ressources humaines, précisant que les structures sanitaires dans les régions du sud sont disponibles, mais l’encadrement fait défaut.
Dans le domaine des finances et d’encouragement des investissements, un appel a été lancé pour permettre aux banques d’octroyer des crédits à la consommation au profit des citoyens pour l’acquisition de produits locaux de manière à encourager la production nationale.
Des projets structurants et des engagements adaptés pour relever les défis du futur
La faiblesse du cadre juridique régissant l’investissement n’encourage pas la réalisation de projets d’investissement étrangers en Algérie, a relevé un député.
Dans leurs interventions qui ont porté sur des préoccupations à caractère local, les députés ont plaidé pour l’amélioration des services d’électricification rurale dans les wilayas des Hauts Plateaux et du Grand Sud, et la concrétisation de programmes supplémentaires de logements, en tenant compte des spécificités de chaque région.
Des député du RND, à l’image de Mohamed Salhi, ont plaidé pour une meilleure prise en charge des régions du sud en ce qui concerne le raccordement au réseau de distribution de l’électricité, le désenclavement et la réalisation de nouvelles infrastructures judiciaires, soulignant la nécessité d’encourager les investissements à travers l’octroi de crédits sans intérêts.
Au PT, des députés relayant Ramdane Taâzibt ont salué les programmes d’envergure réalisés par l’Etat en matière de travaux publics, d’hydraulique, de logement et d’éducation, alors que d’autres députés se sont plaints du fait que les subventions à caractère social et économique n’aient pas véritablement produit de résultats sur le terrain, mettant en cause les décrets d’exécution craignant que ces subventions ne profitent pas aux réels concernés, comme ils ont plaidé contre la baisse des taxes pour les patrons d’entreprise.
De leur côté, des députés du MSP ont appelé au renforcement de la compétitivité et de la productivité de l’entreprise algérienne dans le cadre de l’exploitation des richesses alternatives, et à l’appui de l’industrie agro-alimentaire, mettant l’accent sur le contrôle des marchés de gros et l’amélioration de la gestion de ces espaces. Mahmoud Mahmoudi estime, pour sa part, que les augmentations des salaires décidées par les autorités n’ont pas suffisamment amélioré le pouvoir d’achat, appelant à revoir le code du travail en vigueur à même d’augmenter sensiblement le Salaire national minimum garanti.
Les mesures que la commission des finances et du budget a saluées en faveur de l’entreprise et de l’investissement en proscrivant la réévaluation des projets ayant une incidence financière supplémentaire ont été critiquées par certains députés, appelant à la mise en place d’un système fiscal susceptible de diversifier les sources de financement des budgets des communes, tout en appelant à poursuivre les efforts l’opération d’assainissement des comptes spéciaux du Trésor.
D’autres interrogations ont été soulevées lors du débat qui se poursuivra aujourd’hui à la faveur des deux séances du matin et de l’après-midi, avec l’intervention au nom des groupes parlementaires, alors que les réponses du ministre des Finances sont attendues dimanche.
Houria Akram
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Cas d’incompatibilité avec le mandat parlementaire
Audition des délégués des auteurs d’amendements
La commission des affaires juridiques, administratives et des libertés de l’Assemblée populaire nationale (APN) s’est réunie hier sous la présidence de M. Cherif Nezar, pour entendre les délégués des auteurs des 15 amendements proposés au projet de loi organique sur les cas d’incompatibilité avec le mandat parlementaire. Ces amendements ont concerné divers articles du projet de loi aussi bien sur le fonds que sur la forme, indique un communiqué de l’Assemblée.
Adoption des amendements de la loi organique sur la représentativité de la femme aux assemblées élues
Le Bureau de l’Assemblée populaire nationale (APN) a adopté mardi, lors d’une réunion présidée par M. Abdelaziz Ziari, président de l’APN, les amendements apportés au projet de loi organique définissant les modalités d’élargissement de la représentativité de la femme au sein des assemblées élues, indique un communiqué de l’Assemblée. Le bureau a adopté ces amendements car remplissant les conditions juridiques requises, avant de les soumettre à la commission ad hoc, ajoute le communiqué. Les amendements apportés à ce projet de loi, au nombre de 30, ont été présentés par 16 députés, selon la même source.