Amara Benyounès (Commerce) et Nouria Benghebrit (Education nationale) seront particulièrement sous les feux de la rampe à l’occasion de ces deux événements.
Le savoir et le sacré rythment le quotidien des Algériens. Baccalauréat et mois sacré du Ramadhan se succéderont à quelques jours d’intervalle. Des rendez-vous annuels incontournables qui, au fil des années, tendent à se télescoper. Le début du mois du jeûne chez les musulmans obéissant au calendrier lunaire. Ils sont caractérisés par une montée d’adrénaline plus prononcée au fur et à mesure que pointe leur proximité.
Avec leur lot traditionnel de stress, d’inquiétude, de questionnements qui ont été précédés cette année par un rendez-vous majeur: l’élection présidentielle qui a eu lieu le 17 avril. Elle a donné lieu à la formation d’un nouveau gouvernement et à l’arrivée de ministres qui auront à diriger des départements particulièrement exposés.
Deux d’entre eux auront du pain sur la planche. Ils auront à gérer les préparatifs et à veiller au bon déroulement de l’examen du baccalauréat et du mois sacré du Ramadhan. Deux secteurs particulièrement sensibles dont la gestion a fait l’objet de critiques récurrentes. Amara Benyounès, (Commerce) et Nouria Benghebrit, (Education nationale) seront donc particulièrement sous les feux de la rampe à l’occasion de ces deux événements.
La fin de l’année scolaire et universitaire est synonyme de chasse aux diplômes (BEM, licence…). Pour le baccalauréat, il symbolise la fin d’un cycle qui a conduit du primaire au lycée. Les épreuves du diplôme le plus populaire pointent le bout de leur nez.
La nouvelle ministre, son département n’échappera pas aux traditionnelles critiques qui accompagneront le contexte dans lequel va se dérouler cet examen charnière. L’accueil, qui sera réservé au choix des sujets, puis au pourcentage de reçus, se révélera comme un baromètre incontournable de la popularité de la nouvelle responsable d’un secteur considéré comme sinistré. Elle devra en outre composer avec les revendications salariales des enseignants qui ont perturbé le programme des postulants au bac, des autres paliers et les attentes des parents d’élèves dont les angoisses concernant le devenir de leurs enfants sont somme toute autant légitimes que justifiées.
Les assurances données quant aux épreuves qui ne porteront que sur des sujets qui auront été traités durant une année scolaire fortement chahutée (grève des enseignants et celle des classes de terminale) aura valeur de test quant à la qualité de la relation future entre Nouria Benghebrit et l’ensemble des acteurs de son secteur (élèves et leurs parents, enseignants et leurs syndicats…) d’autant plus que l’information concernant une 2e session a donné lieu à une fausse joie.
Pour son collègue du ministère du Commerce, le défi à relever sera d’une autre dimension.
Le syndrome Benbada Amara Benyounès a fait de l’accession de l’Algérie une priorité. «La mission fondamentale, essentielle, prioritaire que m’a fixée le président de la République est l’accès à l’OMC. La priorité absolue est d’accéder à cette organisation internationale», a déclaré le nouveau ministre du Commerce lors de la cérémonie de passation de pouvoirs avec Mustapha Benbada.
Il n’en demeure pas moins qu’il aura d’abord à subir une épreuve du feu. Il s’agira pour lui de tenter de juguler la traditionnelle flambée des prix des produits de consommation (légumes, viandes rouge et blanche, fruits…) à laquelle ces derniers font face depuis des années. Mais surtout faire oublier la façon dont son prédécesseur a géré cette période du mois sacré depuis le mois de mai 2010.
«Toutes les conditions sont réunies pour assurer une disponibilité des différents produits durant ce mois sacré, qu’il s’agisse des céréales, de la semoule, de la farine, des légumes secs, du lait et de ses dérivés, des viandes, des fruits et des légumes frais… les marchés enregistreront une abondance des produits à des prix abordables pour le consommateur», avait déclaré, le 28 juin 2012, Mustapha Benbada, lors d’un point de presse, en marge de la visite qu’il a effectuée dans la wilaya de Mostaganem (ouest du pays) avant d’assurer que «6000 agents répartis entre 3000 brigades seront mobilisés à l’échelle nationale durant le mois sacré de Ramadhan pour assurer le contrôle des marchés et les pratiques commerciales et veiller à l’hygiène des lieux et à la sécurité des produits».
Un discours huilé qui est pratiquement revenu dans les mêmes termes à chaque veille de mois de Ramadhan avec des annonces de tonnes d’importations de viandes rouges, céréales, citron…pour faire échec à une spéculation forcenée qui n’épargne aucun produit. La suite est connue.
Ni l’armada d’agents mobilisés à l’échelle nationale durant le mois sacré de Ramadhan pour assurer le contrôle des marchés ni les importations massives de viandes, poulet, céréales, citron… n’ont pu venir à bout d’une flambée des prix désormais consacrée durant un mois considéré comme celui de la piété, de la générosité et de la rahma. Benyounès réussira-t-il à inverser la tendance? C’est tout ce que souhaitent et attendent les Algériens.