Dans une enquête, l’Office national des statistiques (ONS) révèle une évolution de 8% sur les salaires en Algérie. Hélas, le salarié algérien ne peut savourer ces augmentations que si elles ont un bon effet sur le pouvoir d’achat, sachant que ce dernier s’affaiblit à chaque relèvement des salaires.
C’est systématique. En Algérie, une augmentation des salaires n’intervient jamais sans être suivie par une augmentation des prix de plusieurs produits et services. Ainsi, il est toujours une occasion de s’interroger sur les difficultés que rencontrent les Algériens à joindre les deux bouts.
Selon les résultats d’une enquête annuelle sur les salaires, réalisée par l’Office national des statistiques (ONS), le salaire moyen mensuel net, tous secteurs confondus hors agriculture et administration, a augmenté de 8,2% en Algérie en 2012 comparativement à 2011. Dans une déclaration faite à l’APS, le directeur technique chargé des statistiques sociales et des revenus à l’ONS, Youcef Bazizi, responsable de cette enquête, a expliqué que «globalement, l’évolution du salaire net mensuel a été de 8,2% en 2012».
Il s’agit, selon la même source, «d’une évolution à mettre en relation avec les augmentations salariales intervenues en 2012 avec le relèvement du salaire national minimum garanti (SNMG) de 15 000 DA à 18 000DA». Par qualification, cette hausse est plus importante (+8,7%) pour le personnel d’exécution (les moins qualifiés) et le personnel de maîtrise (+8%) que pour les cadres (+7,6%), selon les résultats de cette enquête nationale qui a porté sur les salaires versés au mois de mai 2012 au niveau des entreprises. Bien que toute augmentation paraît positive pour les salariés, un simple calcul montre toutes les peines des Algériens à mener une vie simple et digne. Avec une évolution de 8%, un employé qui touche habituellement le Smig
(18 000 DA) sera rémunéré à plus de 20 000 DA. Par contre, la question qui se pose est de savoir comment les Algériens, majoritairement payés à 20 000 DA, mènent leur vie ? La réponse, sans le moindre doute, est que ces salariés ou ménages ont toutes les difficultés à satisfaire leurs besoins de première nécessité. Avec ces salaires, les Algériens survivent mais ne vivent pas. Selon certaines personnes interrogées, il faut un salaire de 40 000 DA pour satisfaire les besoins le plus élémentaires, outre le transport, l’électricité, la location d’un logement… Un voyage, l’achat d’une voiture ou d’une maison restent des rêves inaccessibles pour la majorité de la population algérienne. Pourtant les atouts d’investissement et de développement, outre les richesses naturelles, permettent de leur offrir un cadre de vie tranquille et digne.
La fragilité de l’économie nationale, les tarifs non étudiés appliqués sur tous les produits et services qui ne sont pas en cohérence avec le Smig sont autant de indices d’une vie socio-économique dure et d’un pouvoir d’achat faible. Moyennement, la location d’un logement n’est pas à moins de
20 000 DA. Comment un salarié rémunéré à 20 000 Da peut-il vivre dans la mesure où la crise du logement touche une bonne partie des Algériens ? Il est enfin clair que le déséquilibre est bien là : les prix de la location ne sont pas étudiés, les salaires de base n’ont aucune connexion avec la réalité des choses. La location n’est qu’un seul exemple, les contraintes des Algériens à gérer leurs «dinars» sont beaucoup plus nombreuses…
Par Yasmine Ayadi