Le conférencier a fait la part des choses entre le colonialisme et le peuple français qui a fini par soutenir la cause nationale, à commencer par les porteurs de valises du réseau Jeanson. La Fédération de France (FLN) qui a été créée le 25 juillet 1958, par le défunt Abane Ramdane afin de lancer le deuxième front de la guerre de Libération nationale sur le territoire français, revient à la charge pour le respect des valeurs de la Déclaration du 1er Novembre 1954.
Ali Haroun, avocat et un des membres fondateurs de cette organisation, n’a pas manqué de déplorer la fracture du consensus national révolutionnaire depuis 1962. «On doit aller vers la reconstruction du consensus national afin de rétablir la confiance entre les Algériens et bâtir le pays sur la réalité et la vérité des faits historiques et contemporains», a déclaré hier, Me Ali Haroun, lors du forum d’El Moudjahid à Alger.
Evoquant l’apport de la Fédération de France qui a assuré 80% du budget du Gpra, Ali Haroun a lancé un appel solennel à la conscience nationale afin de tirer les leçons du passé. Le conférencier a révélé l’enregistrement de 80 attentats qui ont été commis sur le territoire de la puissance coloniale, tout en faisant la part des choses entre le colonialisme obscur et le peuple français qui a fini par soutenir la cause nationale, à commencer par les porteurs de valises du réseau Jeanson.
Les erreurs politiques qui ont été commises contre la légitimité du peuple en 1962, ont poussé des milliers d’émigrés de la Fédération de France à regagner la France «afin de gagner leur vie en dehors des conflits du parti unique FLN qui a réduit les militants de la Fédération de France au silence», dira-t-il.
La Fédération de France a enregistré 250.000 condamnés, dont 50 condamnés à mort et 22 exécutés après les événements du 17 Octobre 1961, avant de voir gracier le reste grâce à la mobilisation des avocats et du peuple qui ont soutenu les prisonniers. Composés d’ouvriers de la maison Renault dans la plupart du temps, les militants de la Fédération de France versaient la moitié de leurs salaires pour soutenir la Révolution algérienne, soit 30.000 sur 60.000 francs à l’époque, a souligné Me Ali Haroun.
Un des militants de la Fédération de France qui activait dans le groupe de choc, témoigne: «Nous avons été arrêtés et conduits au commissariat le 10 octobre 1959 à 22h, dans un hôtel à Paris XIe», témoigne Larbi Ouchekouh, 80 ans, avant de rappeler que 19 personnes ont été libérées et trois autres gardées dans les camps de concentration jusqu’à l’indépendance nationale.
Ce père de famille qui vit dans l’anonymat à Béjaïa et qui a failli perdre la raison à cause des multiples souffrances, a sauvé plusieurs militants de la Fédération de France qui n’avaient pas les moyens de payer leurs cotisations et ce, en payant leur part de cotisation afin d’éviter leur exécution certaine par le FLN qui a instauré une discipline sans équivoque, dira-t-il, en marge de la rencontre. Ce dernier n’a pas manqué de souligner que «c’est la femme d’un traître de la révolution qui l’a sauvé d’une mort certaine».
Pour transmettre le flambeau de l’histoire de la Révolution algérienne, l’association Machaâl Echahid, a invité plusieurs classes du lycée Mohamed-Boudiaf, à Diar Essaâda, El Madania, afin de prendre connaissance de cette période et de la Fédération qui a donné le meilleur d’elle pour permettre aux générations post-indépendance, une vie digne et une citoyenneté libre et indépendante.
Une manière de dire que les martyrs ont libéré le pays du joug du colonialisme et aux générations post-indépendance de le construire et développer les valeurs civiques et démocratiques.