Événements de Ghardaïa, Les délégués des deux communautés s’expriment

Événements de Ghardaïa, Les délégués des deux communautés s’expriment

Un calme précaire régnait, hier, dans les différents quartiers de la vallée du M’zab. Les magasins étaient quasiment tous fermés. Pas d’école pour les écoliers, non plus.

Les transporteurs ont déserté les stations urbaines, laissant place à quelques « aventuriers » pour assurer les courses « urgentes ». Pas de circulation piètonne encore moins automobile. Perturbations récurrentes des services de téléphonie mobile et d’internet. Les multiples appels à l’ouverture des magasins n’ont pas trouvé d’écho auprès des concernés. Les habitants semblent épuisés. Au niveau des notables des deux communautés, on prend conscience de la nécessité de se mettre autour d’une table pour discuter, enfin, des problèmes et mettre en place des solutions à ce conflit qui n’a que trop duré.

« Le débat avec le Premier ministre a été dense. Nous avons abordé l’aspect sécuritaire et de la concentration des différents corps de sécurité dans les quartiers des malékites. La conclusion de ce débat a été la nécessité de revoir la stratégie sécuritaire dans la ville pour mieux équilibrer et maîtriser la situation », a indiqué M. Bouhafs, de la fondation des malékites. Le renforcement de la sécurité a été également suggéré en attendant le dénouement de la crise. Les malékites ont, toutefois, salué les engagements du Premier ministre par intérim de mener des enquêtes approfondies sur les derniers incidents et sur la situation à Ghardaïa, de manière générale.

Le retard dans la mise en place du comité des sages n’a pas été évoqué. Pour les malékites, « le climat n’était pas favorable pour aborder cette question vu qu’il y a eu des morts non encore enterrés », a rappelé M. Bouhafs. « Les gens ne sont pas encore prêts. Il faut patienter le temps de panser les blessures occasionnées par ces incidents », a-t-il ajouté. La nuit de dimanche à lundi a vu un regain de violence dans plusieurs quartiers. « On attend l’application des engagements du gouvernement car là, la situation est devenue insoutenable », a signalé notre interlocuteur.

La présence et le renforcement des corps de sécurité régleront-ils le problème ? « Non ! La présence massive des agents de l’ordre n’est pas une solution sans l’implication directe et forte des citoyens dans ce processus de retour au calme », a estimé M. Bouhafs. « On accepte de s’assoir autour d’une table car on croit à la réconciliation », a-t-il insisté. « Pour nous, l’Etat a accompli son devoir en déployant les forces de sécurité, des ministres et des délégations officielles sont venus pour instaurer la sécurité.

Ceci s’ajoute aux initiatives citoyennes des autres wilayas, mais il faut toujours se mettre dans la tête que tous ceux-là vont rentrer chez eux et qu’il ne restera que les habitants de la ville appartenant aux deux communautés. Nous sommes condamnés à nous entendre et nous devons le faire quel qu’en soit le prix », a soutenu M. Doudou, du conseil des Mozabites. « Chacun travaillait seul. Se mettre autour d’une même table pour discuter franchement de ce problème est aujourd’hui une urgence qu’il faut prendre en charge », a-t-il suggéré. Pour les malékites, cette ultime étape, pourtant urgente, peut intervenir après avoir « identifié les responsables et les commanditaires des troubles », a fait observer M. Bouhafs.

Nouria Bourihane