Qu’est-ce qui se passe dans la vallée du M’Zab? Qui est à l’origine de ces affrontements?
Après un semblant d’accalmie, la tension a repris à Ghardaïa après l’éclatement de nouvelles échauffourées entre les deux communautés. Les commerçants sont toujours en grève, idem pour les écoles.
Pendant très longtemps, disons pendant tout le temps, à chaque fois que des affrontements éclatent à Ghardaïa, l’interrogation est le seul traitement qui demeure réservé. Les questions qui fusent: qu’est-ce qui se passe dans la vallée du M’Zab? Qui est à l’origine de ces affrontements? C’est quoi la raison?… etc. Entre-temps, des bilans maca-bres nous parviennent en continu – blessés, morts, arrestations,… pour faire l’ objet d’infos et de commentaires. Rien que cette semaine: deux morts. Le bilan macabre des affrontements ne cesse de s’alourdir. Avant-hier, une deuxième victime parmi les Mozabites a été trouvée morte. La victime s’appelle Hadj Saïd Khaled Ben Aïssa. Un trentenaire qui était plongé dans un coma profond depuis dimanche dernier après avoir reçu un projectile lors des affrontements qu’a connus la vallée du M’Zab entre les deux communautés: mozabite et arabe.
Au même moment, d’autres victimes se trouvent aussi dans le coma. Le nombre de morts s’élève donc à deux, après qu’un jeune de 39 ans ait été poignardé.
Son enterrement a eu lieu mercredi dernier dans une ambiance de colère chez la communauté mozabite. Après un semblant d’accalmie, Ghardaïa a convulsé après l’éclatement de nouvelles échauffourées entre les deux communautés. Les commerçants sont toujours en grève, idem pour les écoles. Rien ne semble fonctionner jusque-là pour apporter un règlement définitif à la guerre intercommunautaire qui secoue la vallée du M’Zab et qui n’arrête pas d’endeuiller des familles et des familles. Avec l’éclatement à nouveau des échauffourées, il est clair qu’il faut trouver un autre mode d’apaisement de la crise, puisque la médiation tentée par le gouvernement et la visite de Abdelmalek Sellal n’ont pas contribué à baisser la tension qui prévaut à Ghardaïa.
Malgré les moult interventions de sages pour ramener le calme, concrètement, rien n’y réussit. Déjà, pour tenter une explication, il faut dire que ce n’est pas une simple tâche. Rien qu’à entendre les propos du maire de Ghardaïa, Abaza Yahia, l’on comprend parfaitement la gravité de la crise. «Je ne comprends pas ce qui se passe à Ghardaïa moi-même, comment voulez-vous avoir une explication. Je ne comprends plus rien!», nous a-t-il indiqué.
Pour le Dr Fekhar, un des principaux porte-parole de la communauté mozabite: «Nous avons enterré dans la douleur, Belhadj Kebayli, tué dimanche dernier.» Le jeune Mozabite a été poignardé au coeur. Âgé de 39 ans et père de trois enfants, Belhadj Kebayli travaillait comme maçon. «Le problème de Ghardaïa est clair. Ce sont ces Arabes avec leurs sabres qui agressent nos jeunes sans qu’on n’intervienne», accuse le
Dr Fekhar, avant d’ajouter: «Dimanche dernier, ils étaient plus de 200 personnes à incendier les édifices publics. On demande à nos autorités de nous donner les raisons de ces agressions contre les Mozabites qui perdurent depuis presque 30 à 40 ans?», s’écrie-t-il. Le chargé de communication dans l’association Ksar de Ghardaïa, Bachir Ben Abdellah, a souligné: «Les autorités doivent prendre conscience du danger qu’un groupe de personnes peut causer à notre wilaya! Ce dangereux groupe constitué d’environ 50 personnes est très organisé puisqu’il arrive à créer d’autres émeutes. Aujourd’hui, les citoyens s’étonnent de cette insécurité!
Les forces de l’ordre ont arrêté des innocents qui n’ont rien à voir avec tout ce qui se passe. Nous avons déclaré à maintes reprises que le problème n’est pas entre les deux communautés, mais d’un gang dangereux qui est à l’origine de toute cette violence», indique-t-il.