Evacuation de Bouteflika en France, Le prochain mandat

Evacuation de Bouteflika en France, Le prochain mandat

L’état de santé du président Bouteflika est préoccupant. Autant pour sa propre santé, après son évacuation lundi au Val-de-Grâce à Paris, que pour le calendrier politique, et d’une manière plus globale, pour la conduite des affaires du pays.

L’«annonce, lundi, de son évacuation à Paris pour «parachever son bilan de santé » et «dans le cadre d’une visite médicale routinière de contrôle» a soudain remis tout le monde au point de départ des interrogations, il y a presque une année, sur sa capacité à terminer son mandat présidentiel et à en briguer un quatrième. En effet, c’est en avril dernier que le chef de l’Etat avait été évacué toujours au niveau de la même structure hospitalière militaire française pour un AVC (accident vasculaire cérébral).



A cette époque, l’absence trop longue du Président, qui a été ensuite transféré aux Invalides pour une rééducation, avait irrité certains acteurs de la scène politique nationale, qui avaient sorti l’article 88 relatif au cas spécifique de l’empêchement, sinon d’une vacance de pouvoir du fait de la maladie du Président. A moins de trois mois de la tenue de l’élection présidentielle de 2014, le déplacement de Bouteflika à Paris pour raison de santé repose fatalement la question de savoir si oui ou non son état de santé lui permet d’aller jusqu’au bout de son mandat. Une question qui taraude les esprits et autant la classe politique algérienne, à quelques jours de l’annonce de la convocation du corps électoral, prévue au plus tard le 19 janvier.

En l’espèce, il semblerait que le retour du Président en Algérie est prévu vendredi, et donc, ce sera ce jour-là que le corps électoral, suivant les dispositions de la loi électorale, sera convoqué officiellement par décret présidentiel. Mais son voyage à Paris, annoncé lundi, a surpris plus d’un de par le timing des échéances politiques à venir, notamment la convocation du corps électoral et la mise en place de la commission de préparation des élections. Cette commission sera installée et nommée sur instruction du président de la République pour préparer ces élections et le déroulement du scrutin.

C’est à dire organiser de manière transparente le déroulement de ce scrutin, autant pour les affichages, la campagne électorale, l’établissement des listes électorales, etc. Bref, un processus long et qui nécessite des moyens humains et matériels importants. Or, l’information sur le déplacement du Président au Val-de-Grâce a, comme qui dirait, pris de court tout le monde, au point que l’annonce de la convocation du corps électoral est devenue une question secondaire par rapport à la nouvelle situation politique née de l’état de santé du Président.

Le flottement politique est perceptible, mais le calendrier électoral devrait, sauf imprévu qui serait directement lié à l’état de santé du Président, être respecté. Car, dans le camp des candidats à cette élection présidentielle, les préparatifs s’accélèrent et les candidatures sont progressivement annoncées. Ali Benflis, un des candidats potentiels et adversaires politiques de Bouteflika, devrait annoncer dans les tout prochains jours sa candidature, son «staff» ayant donné la date du 19 janvier au cours d’une cérémonie officielle.

D’autres grosses pointures devraient suivre dans les prochains jours, mais la grande inconnue reste la candidature de Abdelaziz Bouteflika, sinon, et un large consensus s’est déjà dégagé là-dessus bien avant son évacuation lundi en France, sur celui qu’il serait en train de préparer pour cette échéance, puisque pratiquement, les Algériens n’ont plus écouté sa voix depuis plusieurs mois.

Candidat du FLN, du RND ou consensus sur un candidat unique ? Ouyahia ou plutôt Sellal comme candidats de Bouteflika et de l’armée ? Les scénarios sont nombreux, mais il ne reste que des projections que la réalité algérienne pourrait bousculer, indépendamment de l’état de santé de Bouteflika.

Yazid Alilat