Europe – Russie : L’énergie freine les négociations

Europe – Russie : L’énergie freine les négociations

Comme une écharde dans le pied, l’énergie devait continuer d’empoisonner les relations entre la Russie et les Vingt-Sept lors du sommet organisé jeudi 21 mai et vendredi 22 mai dans l’Extrême-orient russe. Les Européens apprécient de moins en moins que Moscou utilise ses énormes ressources énergétiques comme un outil d’influence politique sur ses voisins.

L’Union européenne (UE) importe un quart du gaz qu’elle consomme de Russie. Elle veut réduire cette dépendance vis-à-vis d’un fournisseur jugé moins fiable depuis la crise du gaz avec l’Ukraine. Celle-ci avait entraîné, en janvier, l’interruption de l’approvisionnement gazier de plusieurs Etats membres.



A Khabarovsk, en Sibérie, le président russe, Dmitri Medvedev, doit défendre l’idée d’un nouveau traité mondial de l’énergie. Un document destiné à remplacer la Charte de l’énergie signée en 1991 mais que la Russie refuse de ratifier. Les Vingt-Sept rejettent cette initiative au prétexte qu’un accord international existe déjà. Ils entendent au contraire inclure sinon la charte existante du moins ses grands principes de transparence et de réciprocité dans le nouvel accord de partenariat stratégique en cours de négociation avec Moscou. Une approche que ne partage pas à ce stade la Russie.

Promouvoir le corridor sud

LG Algérie

Autre sujet de tensions récurrentes : les efforts européens en vue de diversifier leurs routes d’approvisionnement. Soutenus par les Etats-Unis, les Vingt-Sept cherchent à mettre en place des gazoducs alternatifs. La présidence tchèque de l’UE s’est fait un devoir, ce semestre, de promouvoir ce qu’elle appelle le « corridor Sud », avec le soutien de tous les pays d’Europe centrale, les plus dépendants à l’égard des gisements russes.

Parmi les projets prioritaires de l’Union figure le gazoduc Nabucco. Il permettrait de court-circuiter la Russie en reliant l’Europe aux gisements de la mer Caspienne. En face, Moscou se méfie de ces tentatives et soutient des initiatives concurrentes, comme la liaison sous la mer Baltique North-stream, que l’Allemagne privilégie également.

Dans la foulée de la crise avec Kiev, la Russie n’a, enfin, pas apprécié que les Vingt-Sept signent, en avril, un protocole d’accord avec l’Ukraine afin de moderniser ses gazoducs. Moscou aimerait avoir son mot à dire au sujet d’infrastructures de transit jugées stratégiques pour Gazprom. Lors de la signature de cet accord, en avril à Bruxelles, les représentants russes s’étaient ostensiblement levés pour quitter la salle. Depuis, les Européens craignent de nouveaux incidents entre la Russie et l’Ukraine. Afin d’éviter toute rupture d’approvisionnement, les Vingt-Sept entendent développer avec Moscou un véritable mécanisme « d’alerte précoce ».