Étude sur la “Promotion de l’innovation en Méditerranée” “L’Algérie est en retard sur quasiment tous les tableaux”

Étude sur la “Promotion de l’innovation en Méditerranée” “L’Algérie est en retard sur quasiment tous les tableaux”

L’Algérie n’a pas encore développé de politique d’innovation proprement dite. C’est du moins ce qu’a relevé une étude sur la “Promotion de l’innovation en Méditerranée”, réalisée par Anima, en collaboration avec le programme Mira de la Commission européenne.

L’étude met en évidence le décrochage préoccupant des pays du bassin méditerranéen en matière d’innovation : difficulté à atteindre une masse critique ; manque de visibilité internationale et faible performance de la valorisation de la recherche. Elle dresse un état des lieux des acteurs et politiques d’innovation dans 7 pays du sud de la Méditerranée : Algérie, Égypte, Jordanie, Liban, Maroc, Palestine et Tunisie. “Il existe des différences entre certains pays : les performances de la Jordanie ou de la Tunisie sont proches ou supérieures à celles de l’Europe du Sud, tandis que l’Algérie est en retard sur quasiment tous les tableaux”, précise l’étude qui s’est appuyée sur un travail de terrain.

Les pays Med non seulement sont mal classés en matière de performance sur l’innovation, mais ils subissent une érosion de leur position. La position de l’Algérie dans The Global Competitiveness Report dégringole de la 114e place en 2009 sur 133 pays à la 132e place sur 142 pays.

“Le programme quinquennal 2010-2014 mentionne bien des objectifs de développement de l’économie, de la connaissance et de soutien à la recherche scientifique, mais les initiatives concrètes peinent à émerger”, souligne l’étude. D’après le ministre de l’Industrie, cité dans l’étude, “un système national d’innovation (SNI) sera élaboré et mis en place pour soutenir une politique de promotion et de développement des progrès techniques”.

“Reste donc à passer à l’action”, estiment les auteurs de l’étude, précisant que le pays compte ainsi créer des agences nationales et régionales d’innovation et des centres de recherche. Pour l’instant, constate l’étude, le seul acteur institutionnel visible dans le domaine de l’innovation est l’Agence nationale de promotion de développement des parcs technologiques (ANPT), mise en place en 2007. Anima constate que les activités de recherche et développement (R&D) en Méditerranée sont très largement concentrées dans les centres de recherche et universités publiques (plus de 90%, contre 54% en moyenne dans l’Union européenne). Les investissements en recherche et développement représentent des montants faibles comparés aux moyennes internationales : entre 0,2% et 0,7% du PIB dans les pays MED (excepté la Tunisie avec environ 1%), contre près de 2% du PIB en Europe. l’Algérie a consacré 0,44% du PIB en 2010. Ce sous-investissement explique le manque de chercheurs dans certains pays. L’étude a recensé moins de 200 chercheurs en Algérie, un peu plus de 600 en Égypte et au Maroc contre 3 500 en Allemagne et en France. En matière de publications, alors que la Tunisie, la Jordanie et le Liban affichent des scores proches des moyennes internationales, l’Algérie, le Maroc et l’Égypte sont bien en dessous. Au-delà du nombre, se pose également la question de la qualité et du potentiel de valorisation. L’Algérie affiche de piètres performances en termes de qualité des institutions de recherche et, par conséquent, de production scientifique. Le diagnostic est également sévère pour ce qui est de la publication de brevets. 849 brevets ont été déposés en 2007, dont 765 par les non-résidents et 84 pour les résidents. Le taux moyen de demandes annuelles de dépôt de brevets auprès de l’Uspto (United States Patent and Trademark Office) de 2000 à 2006 est seulement de 0,4.

M R