Trois experts ont présenté des regards différents sur les législatives du 10 mai, mais estiment que les résultats du scrutin sont une conséquence “objective” de ce que le pouvoir a concocté pour remodeler, à sa manière, la scène politique et la représentation parlementaire.
Les résultats des dernières élections législatives constituent désormais matière à étude et analyse. Des experts tentent d’expliquer les mécanismes et autres facteurs d’une élection qui n’a pas encore révélé tous ses secrets. Hier, c’était le Centre d’études stratégiques Amel El-Ouma, à Alger, qui a présenté une analyse des dernières élections.
Ismaïl Hariti, président du centre, Bachir Messitfa, économiste, ainsi que Zoubir Arous, enseignant à l’université d’Alger, ont, tour à tour, expliqué les différents contours de l’élection. Les trois intervenants ont indiqué, à l’unanimité, que “seuls les abstentionnistes représentent une force vive et porte la conscience citoyenne” contre ce qu’ils ont appelé “la manoeuvre du pouvoir pour se maintenir et s’éviter un printemps arabe en Algérie”.
Pour MM. Arous et Messitfa, il faut que les chercheurs accèdent aux données sur les élections, notamment certains critères de ceux qui ont voté. “Nous voulons avoir des éléments d’analyse sur ceux qui ont voté, comme l’âge, le métier, la région.” Ces éléments permettront, ont-ils souligné, “de comprendre les motivations et surtout les visées de ces électeurs”.

“Ceux qui ont voté appartiennent, en majorité, à la génération de la guerre de Libération, et celle qui a moins de 40 ans ne s’est pas rendue aux urnes”, ont-ils analysé. Et même le choix porté sur le FLN relève, selon ces experts, “d’un état psychologique hérité des premières années de l’Indépendance”.
Même si les trois experts ont présenté trois regards différents sur les législatives du 10 mai, ils se rejoignent dans la définition des résultats comme une conséquence “objective” de ce que le pouvoir a concocté pour remodeler, à sa manière, la scène politique et la représentation parlementaire. Pour Bachir Messitfa, “le choix de l’électeur algérien ne s’est pas concrétisé à travers les urnes”. Mais les résultats donnés expliquent que le choix est porté sur le courant nationaliste.
Ce courant réunit les trois fondamentaux de la politique algérienne, à savoir le nationalisme, la religion et la démocratie. Concernant ces trois piliers de la politique nationale, les trois personnalités ont indiqué que “tous les partis se reconnaissent dans ces trois fondamentaux”, ce qui a fait qu’“aucune bataille idéologique n’est possible”.
Ismaïl Hariti a, quant à lui, traité “de l’exception algérienne” dans un contexte régional qui ne lui permet pas de rester en rade des changements radicaux qu’ont connus nos voisins. “L’élection présidentielle égyptienne aura des incidences sur l’Algérie”, a-t-il prédit. En expliquant que le scénario du pouvoir pour se maintenir a été objectivement validé par la classe politique.
“Le but de la dernière élection est de convaincre les Algériens de se rendre aux urnes et non pas l’idéal du changement”, a-t-il estimé. Concernant le taux d’abstention, il estime que les messages qu’il transmet s’adressent “autant à une classe politique décriée qu’au pouvoir dictatorial”.
Mohamed Mouloudj