Les lobbys font tout pour imposer leurs produits aux dépens de la production locale Les hommes de droit parleront de non-assistance à peuple en danger, un fait condamnable aussi bien par la justice des hommes que par celle de Dieu.
C’est rare, très rare qu’un ministre de la République fasse un pareil aveu. Le ministre de la Santé, Djamel Ould Abbès a confié, hier, qu’il subit la pression des lobbys du médicament. «Il y a des personnes qui se présentent comme des fils de hauts responsables de l’Etat, afin que je cède à la pression, mais ils se trompent», a-t-il révélé en marge du lancement de la campagne d’information et de sensibilisation «Santé et jeûne» qui s’est déroulée au siège de son département. Par cette affirmation, M. Ould Abbès vient de jeter un véritable pavé dans la mare qui ne laissera certainement pas sans réaction les parties censées réagir à ce genre de comportement hautement nuisible aussi bien au bon fonctionnement du ministère de la Santé que de l’économie nationale. Des noms M le Ministre! L’opinion veut des noms! Qui sont ces lobbys, qui est derrière eux, qui les soutient? Ce sont des questions qui resteront longtemps sans réponse. Sauf si la justice s’autosaisissait, car, en pareille situation, il s’agit de la santé des citoyens mise en danger. Les hommes de droit parleront de non-assistance à peuple en danger, un fait condamnable aussi bien par la justice des hommes que par celle de Dieu. Reconnaissons au moins le courage du ministre de la Santé de l’avoir affirmé en public. C’est dans le même ordre d’idées qu’il a réagi à cette pénurie de médicaments en affirmant sans ambages qu’elle a été intentionnellement fabriquée. En d’autres termes, il s’agit d’un crime contre le peuple. Car susciter une pénurie c’est signer l’arrêt de mort des milliers de citoyens. «C’est une pénurie préfabriquée. Le problème existe plutôt au niveau de la distribution qui se répercute sur la disponibilité des produits au niveau des officines», a insisté Ould Abbès qui a pointé du doigt ces mêmes lobbys de l’importation. Plusieurs médicaments sont toujours introuvables dans les officines en dépit des innombrables mesures prises en urgence par le gouvernement qui a dégagé d’ailleurs les fonds nécessaires pour cela. Le 12 juillet dernier, une liste de 251 médicaments et de 12 dispositifs médicaux a été publiée dans le Journal officiel. Ces médicaments ont été interdits à l’importation car ils sont fabriqués localement. Mais cette décision d’interdire l’ importation des médicaments fabriqués localement, n’a pas stoppé cette pénurie. C’est dire à quel point la situation est grave. Soutenant que ces lobbys font tout pour imposer leurs produits aux dépens de la production locale, notamment les produits du groupe Saidal, le Dr Djamel Ould Abbès a simplement révélé qu’il subit des pressions quotidiennes. «Je reçois des appels quotidiennement au ministère à ce sujet, mais je ne cèderai pas». Au sujet du mouvement de protestation des médecins qui ont défrayé la chronique, le ministre de la Santé a répondu que «toutes les revendications sont satisfaites. Ceux qui veulent revenir sur la scène de la protestation, seront venus de la planète Jupiter» a-t-il ironisé.